Premier résultat pour un nouvel antihypertenseur agissant au niveau cérébral (étude française)
MILAN, 19 juin 2017 (APMnews) - Le QGC001, antihypertenseur d'une nouvelle classe agissant au niveau cérébral, développé par la start-up française Quantum Genomics, a induit une baisse de la pression artérielle systolique, qui est toutefois modeste, dans la première étude pilote sur des patients hypertendus, dont les résultats ont été présentés dimanche au congrès de la Société européenne d'hypertension (ESH) à Milan.
Le QGC001 est un inhibiteur de l'aminopeptidase A cérébrale, ou BAPAI (Brain Aminopeptidase A inhibitor). Il agit sur le système rénine-angiotensine cérébral. Mais, contrairement aux agents ciblant le système rénine-angiotensine périphérique (les IEC et ARA2) qui ont pour but de bloquer l'action de l'angiotensine II, dans le cerveau c'est l'angiotensine III qui est importante. C'est donc sa production qui est inhibée par le BAPAI.
La mise en évidence d'un contrôle cérébral de la pression artérielle via l'angiotensine III a été faite par l'équipe de Catherine Llorens-Cortès à l'Inserm et au Collège de France, a indiqué à APMnews le PDG de Quantum Genomics Lionel Ségard dans un entretien. La firme a été créée pour développer une molécule inhibant cette voie de contrôle cérébrale.
L'effet de son inhibition est triple: diminution de la sécrétion de vasopressine, baisse de l'activité du nerf sympathique et augmentation du baroréflexe. Cela "permet à partir du cerveau d'agir simultanément sur les vaisseaux, le coeur et le rein", a souligné Lionel Ségard.
La première étude de phase IIa a été conduite par le Pr Michel Azizi de l'Hôpital européen Georges Pompidou (HEGP) à Paris. Chez 34 patients présentant une hypertension de grade I-II (pression systolique entre 140 et 179 mmHg et diastolique entre 90 et 109 mmHg), le QGC001 administré durant un mois a induit une baisse de pression systolique de 4,7 mmHg par rapport au placebo, en consultation. La baisse était de 2,7 mmHg en mesure ambulatoire.
Ces baisses n'étaient pas statistiquement significatives, mais Quantum Genomics met en avant dans son communiqué le fait que "l’effet antihypertenseur du QGC001 était d’autant plus important que la pression artérielle chez les patients était élevée".
"Cela semble valider l’hypothèse selon laquelle le QGC001 pourrait être particulièrement efficace chez les patients ayant une hypertension compliquée". L'objectif de Quantum Genomics est en effet de positionner son produit sur le traitement de patients résistants aux traitements antihypertenseurs actuellement commercialisés.
A l'automne débutera une étude de phase II aux Etats-Unis. Baptisée NEW-HOPE, elle portera sur 250 patients hypertendus à plus haut risque cardiovasculaire. Puis les études de phase III porteront plus précisément sur des patients résistants.
"Notre objectif est de trouver un partenaire" pour continuer amener le produit en phase III, précise Lionel Ségard. "Nous sommes déjà en discussion avec une douzaine de laboratoire".
Par ailleurs, compte tenu de ses effets à la fois vasculaires, cardiaques et rénaux, le QGC001 est aussi développé dans l'insuffisance cardiaque. Des résultats chez l'animal suggèrent une efficacité. Une étude de phase IIa, pilotée par le Pr Faïez Zannad au CHU de Nancy, a débuté et donnera des résultats dans un an.
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