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Le potentiel protecteur des statines chez les patients atteints de démence remis en cause dans une grande étude allemande
Publié le jeudi 11 décembre 2025
Une vaste étude allemande n'a pas retrouvé d'effet protecteur des statines sur le risque cardio- ou cérébrovasculaire chez des patients atteints de démence, montrant même une augmentation des hospitalisations pour événements cardio- ou cérébrovasculaires.
Les statines sont prescrites en prévention primaire et secondaire des maladies cardio- et cérébrovasculaires, sur la base d'essais cliniques dont sont exclus les patients atteints de démence. Des études en vie réelle suggèrent que ces médicaments semblent avoir des bénéfices et d'autres qu'ils sont sans effet, rappellent Sonia Lech de La Charité à Berlin et ses collègues dans Stroke.
Ils se sont intéressés aux effets des statines dans la population la plus vulnérable, les personnes âgées institutionnalisées, qui présentent une prévalence élevée de maladies cardiovasculaires et cérébrovasculaires ainsi que de démence.
Pour cela, ils ont mené une étude rétrospective à partir des données de 282.963 résidents d'Ehpad entre janvier 2015 et décembre 2019. Après appariement sur score de propension, l'analyse a porté sur 96.162 personnes de 83 ans environ en moyenne (environ deux tiers de femmes), dont 37.262 sans démence et 58.900 avec une démence.
Les maladies cardio- et cérébrovasculaires étaient fréquentes, avec notamment 87,2% des résidents avec des antécédents d'hypertension artérielle (HTA), 66,2% avec une hyperlipidémie, 54,1% avec des antécédents de maladie cérébrovasculaire, 45,8% avec une maladie cardiovasculaire, 41,7% avec un diabète…
Au cours de 2,3 ans de suivi en moyenne, 4.528 hospitalisations pour événements cardiovasculaires et cérébrovasculaires et 35.320 décès sont survenus, dont respectivement 2.621 et 16.920 chez des patients atteints de démence, traités par statines. Dans l'analyse ajustée des données, les statines étaient associées à une petite hausse, mais statistiquement significative, du risque d'hospitalisation pour événement cardiovasculaire ou cérébrovasculaire parmi les patients atteints de démence, de 6%.
Un effet-dose était observé, avec une augmentation du risque de 15% avec une posologie modérée et de 55% avec une posologie élevée. Dans l'analyse par sous-groupe, les statines étaient également associées à un risque accru d'hospitalisation de 30% chez les résidents sans athérosclérose, de 18% chez les résidents avec une démence vasculaire et de 14% chez les malades d'Alzheimer.
En revanche, chez les résidents sans démence, les statines n'avaient pas d'effet, sauf à forte posologie et pour ceux commençant un traitement, avec une hausse du risque d'hospitalisation de respectivement 51% et 99%. Contrairement à l'hypothèse de départ, les statines ne semblent pas réduire le risque d'hospitalisation pour événement cardio- ou cérébrovasculaire chez les résidents d'Ehpad atteints de démence. Malgré un potentiel biais de survie et une faible incidence d'événements au total, ces résultats suggèrent que les médecins doivent bien évaluer la balance bénéfice-risque, de manière individuelle, lorsqu'ils envisagent de faire commencer un traitement par statine à une personne âgée atteinte de démence, concluent les chercheurs.
D'autres études sont nécessaires pour déterminer la place de ces médicaments dans cette population et clarifier les mécanismes sous-jacents.
(Stroke, publication en ligne du 17 novembre)
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