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Le risque de maladies cardio-métaboliques varie selon le type de dépression

Publié le mercredi 15 octobre 2025

Il existe plusieurs types de dépressions, qui présentent des symptômes et un risque de maladies cardiométaboliques différents, suggérant la nécessité d'une prise en charge adaptée, selon les résultats d'une étude néerlandaise présentés au congrès de l'European College of Neuropsychopharmacology (ECNP), à Amsterdam.

Cette étude révèle que les différents types de dépressions sont associés à des maladies cardiométaboliques différentes, ce qui signifie qu'il faut prendre en considération comment chaque type de dépression agit différemment sur la santé physique d'un patient afin de "mieux traiter la maladie mentale" et "traiter les patients de manière individualisée", commente son coordinateur, le Dr Yuri Milaneschi du centre médical d'Amsterdam (Amsterdam UMC), dans un communiqué de la société savante.

De précédents travaux ont montré une association entre la dépression et un risque accru de développer des maladies cardiométaboliques, qui associent des maladies cardiovasculaires (hypertension artérielle, thrombose, cardiomyopathie, insuffisance cardiaque, accident vasculaire cérébral) et des troubles du métabolisme (obésité, diabète de type 2, stéatose hépatique), rappellent les chercheurs dans leur poster.

Dans cette étude, ils ont voulu explorer les mécanismes sous-jacents de ces associations. Pour cela, ils ont utilisé les données de l'étude NEO (Netherlands Epidemiology of Obesity), menée auprès de 6.561 participants (55,8 ans en moyenne, 52% de femmes), qui ont rempli un questionnaire pour évaluer les symptômes dépressifs.

Parmi les personnes qui en avaient, deux profils se sont distingués, le premier avec davantage de symptômes mélancoliques (éveil précoce, mauvaise humeur au réveil, perte d'appétit et de poids, sentiment excessif de culpabilité…) et l'autre avec des symptômes en lien avec l'énergie ou atypiques (fatigue, envie de dormir, tendance à rester au lit, appétit accru).

Sans aucune maladie cardiovasculaire ou trouble métabolique à l'inclusion, ils ont été suivis sur 6,7 ans en médiane et 7,6% en ont développé au moins l'un de ces problèmes de santé. Ils étaient notamment 4,5% à avoir développé un diabète et 4,3% une maladie cardiovasculaire. Après ajustement pour écarter les facteurs potentiels de confusion, l'analyse des données montre que les personnes avec une symptomatologie dépressive sévère présentent un risque significativement accru sur le plan statistique de développer des maladies cardiométaboliques, multiplié par 1,65 par rapport à celles qui ne présentent pas de symptômes dépressifs. L'association n'était pas significative pour la dépression légère. Cette tendance était retrouvée avec les deux types de dépressions, avec une augmentation du risque de maladies cardiométaboliques qui semble plus importante pour la dépression avec perte d'énergie que pour celle de type mélancolique, avec un facteur proche de 2 et de 1,5 respectivement. 

De manière similaire, les personnes présentant des symptômes dépressifs sévères atypiques ou en lien avec l'énergie présentent un risque de diabète de type 2 qui est multiplié par 2,9 par rapport à celles sans dépression et par près de 1,5 en cas de symptômes modérés, alors que cette association n'est pas significative chez les patients avec une dépression mélancolique.

 

Signature biologique

Inversement, ces derniers présentaient, en cas de symptômes sévères, un risque accru de maladies cardiovasculaires, multiplié par 1,5 par rapport aux personnes sans dépression, alors que ce risque n'était pas significatif avec l'autre type de dépression.

Les chercheurs ont ensuite réalisé une analyse multi-omique, observant que le profil de dépression atypique ou en lien avec l'énergie était fortement associé aux métabolites liés aux maladies cardiométaboliques, notamment les glycoprotéines acétylées, l'isoleucine et les lipoprotéines d'intensité modérément élevée. 

Ces résultats montrent que ces patients présentent des perturbations des processus inflammatoires et métaboliques associés à la santé cardiométabolique, commente le Dr Milaneschi dans le communiqué de l'ECNP. Cette signature biologique, qui n'était pas observée chez les patients avec des symptômes de type mélancolique, suggère des différences biochimiques dans la façon dont les différents types de dépression sont liés à la santé cardiovasculaire.

"Cela signifie que nous devons peut-être prendre en compte l'impact du type de dépression sur la santé physique d'une personne. Cela nous pousse à envisager la psychiatrie de précision en recherchant des associations entre la santé somatique et les profils de santé mentale afin de mieux traiter les patients, de manière individualisée", ajoute-t-il.

 

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