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Hémorragie intracrânienne sous anti-agrégant: mortalité plus élevée en cas de bithérapie

Publié le lundi 1 décembre 2025

Une hémorragie intracrânienne survenue sous traitement anti-agrégant plaquettaire est associée à un plus grand risque de décès s'il s'agit d'une bithérapie par rapport à une monothérapie, selon une étude danoise publiée dans le Journal of the American Heart Association (JAHA).

La bithérapie d'anti-agrégants plaquettaires constitue la clé de voûte du traitement de nombreuses conditions cardiovasculaires et cérébrovasculaires. La démonstration de sa supériorité par rapport à la monothérapie pour prévenir les récidives d'évènements ischémiques dans plusieurs essais cliniques a entraîné une expansion de l'utilisation de la bithérapie. Environ 30% des patients ayant une hémorragie intracérébrale sont sous anti-agrégants, que l'on soupçonne d'entraîner un mauvais résultat fonctionnel voire la mort, en augmentant la propension à des hématomes plus volumineux et plus expansifs, rappellent les auteurs.

 Les données soutenant un lien entre bithérapie anti-agrégante et mauvaise évolution des patients ayant une hémorragie intracérébrale étant limitées, Christian Ovesen de l'hôpital universitaire d'Odense (Danemark) et ses collègues ont mené une étude de cohorte nationale sur les patients de 50 ans et plus inscrits dans le registre des accidents vasculaires cérébraux (AVC) danois, admis pour un premier AVC hémorragique entre janvier 2005 et août 2022 et qui étaient sous traitement anti-agrégant lors de la survenue de cet AVC. Sur 5.800 patients inclus, 95,4% étaient sous monothérapie et 4,6% (265 patients) sous bithérapie anti-agrégante. Ils ont été suivis sur 180 jours après l'hémorragie intracrânienne.

 Les patients sous bithérapie avaient plus souvent un antécédent d'AVC ischémique ou d'accident ischémique transitoire (AIT) (50,6% contre 43,%), de cardiopathie ischémique (64,9% contre 28,2%), d'insuffisance cardiaque congestive (21,5% contre 9,1%) ou de maladie rénale chronique (9,4% contre 3,7%). La mortalité cumulée à six mois était de 52,6% chez les patients qui étaient sous bithérapie avant l'hémorragie intracrânienne contre 45,6% chez les patients sous monothérapie, une différence statistiquement significative. Après pondération des résultats, les analyses montrent que l'utilisation d'un bithérapie anti-agrégante avant l'hémorragie intracrânienne est associée à risque relatif de décès significativement augmenté de 14%.

 L'association observée reposait surtout sur la mortalité précoce: à 1 jour, la mortalité était de 24,2% chez les patients sous bithérapie contre 15,3% chez les patients sous monothérapie, correspondant à risque relatif de décès significativement augmenté de 43%. A 30 jours, la mortalité cumulée était de 47,2% dans le groupe bithérapie contre 37,0% dans le groupe monothérapie, et le risque relatif significativement augmenté de 29%.

 Les différences observées entre exposition à la bithérapie et à la monothérapie n'étaient pas les mêmes selon l'anti-agrégant utilisé en monothérapie. Par rapport à l'aspirine seule, la bithérapie était associée à un risque 60% plus élevé de décès à un jour, 43% plus élevé à 30 jours et 23% plus élevé à 180 jours. Il n'y avait en revanche pas de surmortalité avec la bithérapie par rapport au clopidogrel seul. Par ailleurs, les auteurs ont établi que les patients exposés à une bithérapie avaient une probabilité 15% plus élevée de présenter des déficits neurologiques sévères (Scandinavian Stroke Scale compris entre 0 et 25) au moment de l'admission par rapport à ceux exposés à une monothérapie.

Un antécédent d'exposition à une bithérapie anti-agrégante chez les patients ayant une hémorragie intracrânienne est associé à une mortalité plus élevée par rapport à l'exposition à une monothérapie, et cette association est particulièrement forte dans les jours qui suivent l'admission, ce qui suggère un lien potentiel avec l'expansion précoce de l'hématome, concluent les auteurs.

 "Les professionnels médicaux prenant en charge les patients ayant une hémorragie intracrânienne doivent savoir qu'un antécédent de bithérapie par anti-agrégants plaquettaires est associé à un risque accru d'évolution défavorable, plus important que le risque d'évolution défavorable associé à une monothérapie anti-agrégante", ajoutent-ils.

(JAHA, publication en ligne du 28 octobre)

 

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