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Pratiquement toutes les personnes développant une maladie cardiovasculaire ont au moins un facteur de risque non optimal

Publié le mercredi 22 octobre 2025

Pratiquement toutes les personnes développant une maladie cardio ou cérébrovasculaire ont au moins un facteur de risque supérieur à un seuil de contrôle optimal, contrairement à l'idée de maladies qui peuvent survenir chez des personnes sans facteur de risque, selon une étude américano-coréenne publiée par le Journal of the American College of Cardiology (JACC).

L'importance de facteurs de risque comme l'hypertension, l'hypercholestérolémie, le diabète et le tabagisme est bien connue. Mais des études récentes ont suggéré qu'il y aurait une augmentation des personnes présentant une maladie coronaire sans avoir un de ces facteurs de risque (un phénotype dit SMuRFless, SMuRF étant l'abréviation de standard modifiable cardiovascular risk factors), rappellent Hokyou Lee de l'université Yonsei à Séoul et ses collègues. Il a été suggéré dans certaines études que jusqu'à un quart des syndromes coronaires aigus n'auraient pas de facteur de risque.

Toutefois, il pouvait y avoir des doutes sur la façon dont était établie l'absence de facteurs de risque dans ces études, c'est pourquoi ils ont estimé nécessaire de conduire une nouvelle étude. 

Ils ont travaillé sur deux cohortes: plus de 9,3 millions de personnes de la base de l'assurance maladie coréenne KNHIS, qui ont eu un suivi médian de 13,3 ans, et les 6.803 participants de l'étude américaine MESA, avec un suivi médian de 17,7 ans.

Ils se sont intéressés à la survenue d'une maladie coronaire, d'une insuffisance cardiaque ou d'un accident vasculaire cérébral (AVC). Ils ont étudié plusieurs facteurs de risque: pression artérielle systolique supérieure à 120 mmHg ou pression diastolique supérieure à 80 mmHg ou traitement antihypertenseur; cholestérol total supérieur à 2 g/l ou traitement hypocholestérolémiant; glycémie à jeun supérieure à 1 g/l ou diagnostic de diabète ou traitement antidiabétique; tabagisme actuel ou passé. A noter qu'ils ont pris à chaque fois des seuils considérés comme "optimaux", qui sont plus rigoureux que les seuils habituels.

 

Présence fréquente d'au moins deux facteurs de risque mal contrôlés

Plus de 99% des personnes qui ont développé une maladie coronaire, une insuffisance cardiaque ou un AVC présentaient au moins un de ces facteurs de risque mal contrôlés aux seuils "optimaux" définis ci-dessus. C'était vrai pour les femmes comme pour les hommes, avec pour seule exception les femmes de moins de 60 ans, pour lesquelles la proportion de celles ayant au moins un facteur non contrôlé était légèrement plus basse, restant tout de même très élevée -autour de 95%. La présence d'au moins deux facteurs de risque insuffisamment contrôlés était très fréquente, entre 93% et 97%.

Le facteur le plus souvent insuffisamment contrôlé était une pression artérielle non optimale, suivie d'une cholestérolémie non optimale, puis d'une glycémie non optimale et d'un tabagisme actuel ou antérieur.

Ces résultats battent donc en brèche l'idée montante selon laquelle on pourrait développer une maladie cardiovasculaire sans avoir l'un des facteurs de risque "traditionnels", même s'il faut noter que les seuils "optimaux" de pression artérielle, cholestérolémie et glycémie qu'ont choisis les auteurs sont plus drastiques que les seuils habituellement utilisés par les médecins pour considérer que ces facteurs sont contrôlés, note-t-on.

Mais les auteurs expliquent leur choix par le fait que ces facteurs (hormis le tabagisme s'il est défini de façon binaire par sa présence ou absence) sont des variables continues avec un niveau de risque qui augmente progressivement avec l'augmentation des mesures. Par exemple, on sait que le prédiabète est déjà associé à un risque. Ils estiment que leurs résultats sont importants pour la compréhension de la prévention primaire des maladies cardiovasculaires. 

Si une partie des patients présentant une de ces maladies n'avait pas auparavant de facteur de risque, cela voudrait dire que l'on passe à côté d'autres facteurs importants. Ils démontrent au contraire qu'il y a au moins un facteur non contrôlé de façon optimale chez quasiment tout le monde. Donc, sans exclure la possibilité que puissent émerger un jour d'autres facteurs, c'est bien sur les facteurs traditionnels qu'il faut se concentrer en optimisant leur contrôle.

(JACC, 7 octobre, vol. 86, n°14, p1017-1029)

 

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