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Marcher pour diminuer le risque cardiovasculaire? Oui mais il faut marcher suffisamment longtemps

Publié le mercredi 29 octobre 2025

 Marcher a un effet positif pour diminuer significativement le risque d'événement cardiovasculaire mais pour être vraiment efficace il est préférable d'avoir des durées de marche d'au moins 10-15 minutes, une accumulation de déplacements de moins de cinq minutes n'ayant pas le même bénéfice, selon une étude épidémiologique publiée par les Annals of Internal Medicine.

L'utilisation par de nombreuses personnes d'appareils de mesure du nombre de pas dans la journée a permis de montrer que la marche était bénéfique pour la santé et de faire passer des messages de santé publique. Néanmoins, "une part substantielle des pas que nous faisons dans une journée ne viennent pas de marches prolongées (par exemple plus de 10 minutes) ou de sessions structurées d'exercice physique" mais sont "accumulées durant des activités brèves et intermittentes durant juste quelques secondes ou minutes", rappellent Borja del Pozo Cruz de la faculté de médecine Villaviciosa de Odon à Madrid et ses collègues.

Jusqu'à présent on n'avait pas étudié précisément l'effet de différents profils d'accumulation des pas dans une journée pour savoir si de multiples périodes courtes avaient le même effet que des périodes plus longues de marche. Or, avoir cette connaissance apparaît important pour les messages de santé à apporter à la population.

Ils ont conduit une étude dans cet objectif, en utilisant des données de la base UK Biobank, dans laquelle des informations sur le profil de marche quotidienne étaient disponibles, mesurées par le dispositif AX3 (Axivity), pour faire des corrélations avec la mortalité et le risque cardiovasculaire. Ils ont étudié 33.560 personnes qui toutes marchaient moins de 8.000 pas par jours. Ils précisent qu'ils se sont ainsi intéressés aux personnes dont le nombre de pas était déjà considéré comme sous-optimal. Mais parmi celles-ci, ils ont fait une division en quatre groupes selon que la majorité des pas étaient obtenus lors d'activités de moins de 5 minutes, entre 5 et 10 minutes, entre 10 et 15 minutes ou de plus de 15 minutes. 

On notera que les personnes qui avaient essentiellement des marches de moins de 5 minutes faisaient globalement moins de pas par jour: on était en médiane à 3.942 pas, comparé à autour de 6.000 pas pour les trois autres groupes. Elles étaient également plus sédentaires et plus souvent en surpoids ou obèses. Mais ces caractéristiques étaient prises en compte dans l'analyse, ainsi que de nombreux autres facteurs qui auraient pu introduire des biais, tels que l'âge, le sexe, le niveau d'éducation, le tabagisme, la consommation d'alcool, la quantité de fruits et légumes consommés, le poids, la glycémie, la cholestérolémie…

Les chercheurs ont calculé qu'après un suivi de 9,5 ans, 4,4% des personnes marchant essentiellement dans des périodes inférieures à 5 minutes étaient décédées. Le taux de décès était nettement plus faible pour les personnes marchant principalement dans des périodes entre 5 et 10 minutes: il était de 83%. Puis cela diminuait encore substantiellement, à environ 0,8% de décès seulement pour les participants des deux autres groupes qui avaient des périodes de marche plus longues. 

Concernant les événements cardiovasculaires, le taux était de 13% dans le premier groupe, diminuait à 11,1% dans le deuxième groupe puis encore à 7,7% dans le troisième groupe et enfin à seulement 4,4% pour les personnes qui avaient des périodes de marche les plus longues, de plus de 15 minutes. Les auteurs ont noté que c'était parmi les personnes considérées comme sédentaires, parce que marchant moins de 5.000 pas par jour, que les bénéfices des marches de longue durée étaient les plus importants. Ils reconnaissent les limites de leur étude, qui notamment est observationnelle et était basée sur des mesures de l'activité de marche durant en médiane sept jours, au début de l'étude. 

Dans un éditorial, tout en notant eux aussi quelques limites à l'étude, Fabian Sanchis-Gomar de l'université de Stanford et ses collègues saluent ce travail qui suggère que les messages de santé publique et les recommandations d'activité physique ainsi que les informations données par les appareils portables de mesure de la marche devraient inclure cette notion de durée de marche, en plus du nombre de pas, afin de maximiser les bénéfices.

 

(Annals of Internal Medicine, publication en ligne du 27 octobre + éditorial)

 

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