3 minutes de lecture

Plus de complications chez les patients hospitalisés pour infarctus du myocarde présentant des troubles respiratoires du sommeil

Publié le jeudi 28 novembre 2024

APM news

Plus de la moitié des patients hospitalisés pour infarctus aigu du myocarde présentent des troubles respiratoires du sommeil, qui sont associés à une morbi-mortalité accrue, selon une analyse du registre français de l'évaluation de l'infarctus, présentée au congrès de la Société française de recherche et médecine du sommeil (SFRMS) et de la Société de pneumologie de langue française (SPLF) à Lille.

Les maladies cardiovasculaires constituent l'une des principales causes de décès dans le monde et en France notamment. La prise en charge repose sur la prévention de facteurs de risque connus, comme l'hypertension artérielle, le diabète, la dyslipidémie et le tabac, mais il est nécessaire d'en identifier d'autres, a rappelé Pauline Balagny de l'Inserm UMS011 à Villejuif (Val-de-Marne) lors d'une session orale. De précédentes données ont montré que les troubles respiratoires du sommeil sont "extrêmement" prévalents chez les patients avec une cardiopathie ischémique, en particulier en post-infarctus, avec un sous-diagnostic majeur.

Dans le cadre du consortium de recherche RHU iVASC, la chercheuse et ses collègues mènent le projet WP5 visant à étudier les liens entre troubles respiratoires du sommeil et coronaropathie. Il s'agit d'apporter des données récentes sur la prévalence des apnées du sommeil chez des patients à haut risque cardiovasculaire en post-infarctus du myocarde aigu et sur leur pronostic. Dans cette étude AMI-Sleep, ont été inclus de manière prospective des patients hospitalisés pour infarctus du myocarde aigu participant au registre français de l'évaluation de l'infarctus du myocarde (FRENCHIE), entre janvier 2019 et décembre 2022, dans 16 centres.

Ces patients devaient avoir une espérance de vie supérieure à six mois et ne pas être traités pour un syndrome d'apnées du sommeil. Une polygraphie simplifiée a été réalisée lors du séjour puis interprétée de façon centralisée pour déterminer l'éventuelle présence d'un trouble respiratoire du sommeil (indice d'apnées-hypopnées d'au moins 15 pauses respiratoires par heure), son caractère obstructif, central ou mixte. En cas de résultats positifs, il était conseillé au patient de consulter auprès de son centre du sommeil référent.

La grande majorité (85,4%) des patients avaient un IA supérieur à 5. Ils étaient 54,5% à présenter des troubles respiratoires modérés à sévères et 30,3%, des troubles sévères (IAH supérieur à 30). Parmi les patients dont l'IAH était supérieur à 15, 71,6% avaient des apnées centrales, 12,9% des apnées obstructives et 15,4% des apnées mixtes. Les patients avec des troubles respiratoires du sommeil modérés à sévères étaient globalement plus âgés que ceux sans (62 ans en moyenne vs 57,5 ans), avec un indice de masse corporelle (IMC) plus élevé (28,2 kg/m² vs 25,5 kg/m²) et plus d'hommes (86,2% vs 80,6%).

Ils présentaient également plus de complications hospitalières, et en particulier plus de décès (0,2% contre 0,1%), plus de transferts en soins intensifs (0,9% contre 0,1%), plus de chirurgie cardiaque (0,3% contre 0%) ainsi qu'une durée moyenne de séjour plus longue, de 5,9 jours en moyenne vs 4,8 jours. L'analyse multivariée des données confirme que la présence de troubles respiratoires du sommeil modérés à sévères est associée au sexe masculin, à un IMC supérieur à 25 kg/m² et surtout supérieur à 30 kg/m² et à un diabète.

Sur le plan cardiovasculaire, une cardiopathie ischémique tritronculaire, une fraction d'éjection ventriculaire gauche inférieure à 40% à l'admission et la prise de l'antiagrégant plaquettaire ticagrelor étaient associés de manière significative à des troubles respiratoires du sommeil.

Ces résultats suggèrent que les troubles respiratoires du sommeil sont hautement prévalents chez les patients hospitalisés pour un infarctus du myocarde, avec un mécanisme central prédominant et une association à des marqueurs de gravité de maladie coronaire et à un plus mauvais pronostic. Cependant, le dépistage ayant été réalisé à la phase aiguë, en soins intensifs, dans un cadre où la qualité du sommeil n'est pas optimale, cela peut favoriser un surdiagnostic d'apnées du sommeil centrales, a fait observer la chercheuse. L'évaluation de ces patients se poursuit, avec l'étude de leur pronostic un an après l'hospitalisation pour infarctus du myocarde grâce au chaînage avec le système national des données de santé (SNDS), a-t-elle ajouté.

0 commentaire

Pour ajouter un commentaire, vous devez être connecté. Se connecter

Articles les plus lus