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L'huile de poisson (acides gras oméga-3) aurait des effets cardiovasculaires négatifs chez les personnes en bonne santé

Publié le mardi 21 mai 2024

APM news

Contrairement à l'idée communément admise que les acides gras oméga-3 auraient un effet globalement positif sur la santé, l'huile de poisson (riche en oméga-3) augmenterait au contraire les risques de fibrillation atriale, voire d'accident vasculaire cérébral (AVC) chez les personnes en bonne santé, et n'aurait un effet bénéfique que chez celles qui ont déjà une maladie cardiovasculaire, selon une grande étude épidémiologique britannique publiée par BMJ Medicine.

L'huile de poisson contient les acides gras insaturés oméga-3 eicosapentaenoïque et docosahexaenoïque. Du fait de ses supposés bienfaits, elle est recommandée dans certains pays pour prévenir les maladies cardiovasculaires, rappellent Ge Chen de l'université Sun Yat-Sen à Guangzhou en Chine et ses collègues.

 Pourtant, les données disponibles jusqu'à présent ne vont pas toutes dans le même sens et peuvent être contradictoires, en particulier chez les personnes sans maladie. Selon ces chercheurs, cela pourrait être lié au fait que la majorité des études épidémiologiques ou interventionnelles ne se sont souvent intéressées qu'à une pathologie cardiovasculaire et à une population particulière et non de façon plus globale au continuum entre absence de maladie cardiovasculaire, fibrillation atriale, événement cardiovasculaire majeur et décès.

Pour étudier cette question, ils ont utilisé des données de la UK Biobank, très grosse banque de données de santé britannique à partir de laquelle ils ont pu analyser 415.737 personnes âgées initialement entre 40 et 69 ans, suivies durant 11,9 ans en médiane.

Il s'avère que chez les personnes sans maladie cardiovasculaire au départ, la consommation régulière d'huile de poisson a été associée à une augmentation de 13% du risque de fibrillation atriale. Il y avait aussi une augmentation, plus mineure, de 5% du risque d'AVC.

Ils notent à l'inverse une baisse de risque d'insuffisance cardiaque de 8%. Quant au risque d'événements cardiovasculaires de façon globale et au risque de décès, l'huile de poisson n'avait aucun effet, chez ces personnes sans maladie au départ. Un effet global neutre qui permet de relativiser les effets négatifs observés sur la fibrillation atriale et les AVC… mais qui contredit néanmoins l'idée d'un effet bénéfique, note-t-on.

Chez les personnes ayant déjà une fibrillation atriale, en revanche, ces oméga-3 pourraient avoir un effet positif. Les auteurs ont noté une baisse de 8% du risque d'événement cardiovasculaire, avec plus particulièrement une baisse de 15% du risque d'infarctus du myocarde.

 De plus, chez les personnes souffrant d'insuffisance cardiaque, cela diminuerait de 9% le risque de décès. Ainsi, l'huile de poisson "pourrait avoir des rôles différents" selon que les personnes ont déjà ou non une maladie cardiovasculaire. Tout en mentionnant la possibilité qu'il y ait des facteurs de biais pouvant modifier l'effet des supplémentations en huile de poisson, les auteurs estiment qu'il faut en avoir une utilisation prudente, surtout en prévention primaire.

(BMJ Medicine, vol. 3-1, 21 mai)

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