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Il faut au moins 25 ans à un ancien gros fumeur pour voir son surrisque cardiovasculaire disparaître
Publié le lundi 16 septembre 2024
Le risque cardiovasculaire est associé de manière dose-dépendante au tabagisme et il redevient équivalent à celui de non-fumeurs en moins de 10 ans pour d'anciens petits fumeurs tandis qu'il faut plus de 25 ans pour d'ex-gros fumeurs, selon une étude coréenne.
Le tabagisme est un facteur de risque majeur mais modifiable de maladies cardiovasculaires et le sevrage est recommandé en prévention primaire et secondaire. Cependant, le bénéfice de l'arrêt du tabac reste mal quantifié, notamment concernant le changement temporel du risque cardiovasculaire, rappellent le Dr Jun Hwan Cho de l'université Chung-Ang à Gwangmyeong (Corée du Sud) et ses collègues dans JAMA Network Open. Dans cette étude, ils ont voulu évaluer les associations entre arrêt du tabac, durée du tabagisme et risque cardiovasculaire en fonction du nombre d'années écoulées depuis l'arrêt du tabac.
Pour cela, ils ont constitué une cohorte rétrospective à partir des personnes enregistrées dans la base de données nationale de l'assurance maladie sud-coréenne entre janvier 2006 et décembre 2008, puis suivies jusqu'en 2019.
L'analyse a porté sur 5.391.231 personnes (39,9% d'hommes, 45,8 ans en moyenne) dont le statut tabagique était renseigné et qui avaient participé à des examens de santé tous les deux ans. Ils étaient alors 15,8% à fumer, 1,9% à avoir arrêté et 82,2% à n'avoir jamais fumé. Le niveau de tabagisme cumulé à l'inclusion était en médiane de 14 paquets-années pour ceux qui fumaient et de 10,5 paquets-années pour les anciens fumeurs. Ces derniers avaient arrêté depuis quatre ans en médiane.
Au cours d'un suivi de 4,2 ans en médiane, un total de 278.315 événements cardiovasculaires primaires sont survenus, avec une incidence plus élevée parmi les fumeurs et les anciens fumeurs par rapport aux non-fumeurs. L'analyse ajustée des données indique que le risque cardiovasculaire était significativement accru sur le plan statistique avec le tabagisme, avec un hazard ratio (HR) de 1,22 et 1,13 chez les fumeurs et ex-fumeurs respectivement.
La stratification des données en quatre niveaux de tabagisme au cours de la vie montre que le risque cardiovasculaire est associé au tabagisme de manière dose-dépendante, avec un niveau de tabagisme pouvant être considéré comme inférieur ou supérieur à 8 paquets-années. Ainsi, les anciens petits fumeurs (moins de 8 paquets-années) semblent ne pas avoir un risque cardiovasculaire significativement plus élevé par rapport aux non-fumeurs (HR de 1,01 non significatif) mais les anciens fumeurs avec 8 paquets-années ou plus conservaient un surrisque, avec un HR de 1,16.
Les petits fumeurs présentaient un risque cardiovasculaire accru, avec un HR de 1,22. Le surrisque reste similaire ensuite jusqu'à 30 paquets-années. A partir de ce seuil, le risque augmente, avec un HR de 1,36.
En considérant les personnes qui continuent de fumer comme groupe de référence, il apparaît que les anciens fumeurs présentent une diminution de leur risque cardiovasculaire, avec un HR de 0,96 dans les cinq ans après avoir arrêté et de 0,91 entre cinq et 10 ans après l'arrêt. La diminution du risque cardiovasculaire est rapide chez les anciens petits fumeurs, avec un HR qui passe de 0,91 dans les cinq ans suivant l'arrêt, à 0,85 entre cinq et 10 ans et à 0,74 entre 15 et 20 ans. Le risque cardiovasculaire des anciens petits fumeurs n'était pas significativement différent des non-fumeurs.
Chez les anciens gros fumeurs, le risque cardiovasculaire diminue également au fil des années d'abstention par rapport à ceux qui continuent de fumer, avec un HR de 0,97 au cours des cinq premières années. Mais un risque résiduel persiste par rapport aux non-fumeurs, même après 25 ans, avec un HR de 1,18.
Ces données confirment une relation dose-dépendante entre risque cardiovasculaire et tabagisme et suggèrent qu'en quelques années, les anciens petits fumeurs retrouvent un risque cardiovasculaire équivalent à celui des non-fumeurs alors qu'il faut au moins 25 ans aux gros fumeurs pour réduire de manière similaire leur risque cardiovasculaire, concluent les chercheurs. La prise en charge des fumeurs doit tenir compte de leur risque cardiovasculaire calculé en fonction de leur niveau de tabagisme, ajoutent-ils.
(JAMA Network Open, publication en ligne du 1er novembre)
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