Migraine: les triptans associés à un risque accru d'AVC ischémique et d'infarctus du myocarde

Publié le vendredi 9 février 2024

APM news

WASHINGTON, 9 février 2024 (APMnews) - L'initiation d'un antimigraineux de la famille des triptans a été associée à un risque accru d'accident vasculaire cérébral (AVC) ischémique et d'infarctus du myocarde, avec un risque qui reste toutefois "très faible" pour les patients présentant un risque cardiovasculaire faible, selon une étude de cas croisés publiée lundi dans JAMA Neurology.

Christian Petersen de l'hôpital universitaire d'Odense au Danemark et ses collègues rappellent que les triptans, qui figurent parmi les traitements de première ligne des crises migraineuses aiguës, sont contre-indiqués chez les patients présentant une cardiopathie ischémique ou un antécédent d'infarctus du myocarde. La vigilance est par ailleurs de mise lors de la prescription de ces médicaments à des patients présentant des facteurs de risque vasculaire.
Cependant les études observationnelles n'ont pas mis en évidence de risque accru d'événement cardiovasculaire chez les patients migraineux sous triptans. Ceci peut s'expliquer par les précautions prises autour de leur prescription, ce qui engendre des différences de base en termes de risque cardiovasculaire entre les patients sous triptans et ceux qui n'en prennent pas, notent les chercheurs.

Pour s'affranchir de ces biais liés aux différences de profil des patients, ils ont conduit une étude de cas croisés dans laquelle les patients sont leur propre contrôle, en comparant la période d'initiation d'un traitement par triptans à des périodes antérieures sans triptans. L'objectif était, grâce à cette "méthodologie robuste", d'évaluer l'association entre la prise de triptans et la survenue d'événements ischémiques et ainsi déterminer s'il est préférable pour ces patients d'éviter ces traitements.

Les chercheurs ont utilisé les données de registres nationaux pour sélectionner tous les Danois ayant initié un traitement par triptans entre 1995 et 2022, et ont identifié tous les événements ischémiques auxquels ces derniers ont été confrontés. Ils ont documenté l'exposition aux triptans dans la période des deux semaines précédant un événement ischémique en comparaison de celle au cours de quatre périodes de référence (de deux semaines également).
L'analyse a été conduite sur près de 430.000 Danois (76% de femmes, 38 ans en médiane) ayant reçu une première prescription de triptans au cours de la période d'étude.

Parmi eux, 11 soit 0,003% ont présenté un infarctus du myocarde, 18 (0,004%) un AVC ischémique et 35 (0,008%) un AVC ischémique ou non spécifié, et avaient eu une première délivrance de triptans au cours de la période précédant l'événement cardiovasculaire ou au cours d'une des périodes de référence.

Les résultats montrent que la probabilité (odds ratio -OR) d'avoir initié un traitement par triptans au cours des deux semaines précédant un infarctus du myocarde était multipliée par 3,3 par rapport aux périodes contrôles. Des résultats similaires étaient observés pour les AVC ischémiques (OR de 3,2) et les AVC ischémiques ou non spécifiés (OR de 3). Ces surrisques étaient statistiquement significatifs.

Les chercheurs précisent que les patients sujets à un événement ischémique étaient âgés de 60 ans en médiane et présentaient un profil cardiovasculaire à haut risque.
"Les résultats de cette étude de cas croisés montrent que l'initiation d'un traitement par triptans est associée à un risque accru d'AVC ischémique et d'infarctus du myocarde", résument-ils.

Mais "à l'échelle individuelle pour les patients ayant un risque cardiovasculaire faible, le risque de présenter un événement ischémique après l'initiation d'un traitement par triptans était très faible", soulignent-ils, estimant que les résultats observés ne sont donc "pas source d'inquiétude pour cette population".

(JAMA Neurology, publication en ligne du 5 février)

 

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