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Prévention cardio-vasculaire

Trop de vitamine B3 pourrait être associée à une élévation du risque d'événements cardiovasculaires, chez des patients cardiaques

Publié le lundi 19 février 2024

APM news

LONDRES, 19 février 2024 (APMnews) - Deux métabolites de la niacine (vitamine B3), produits en cas d'excès de cette vitamine, seraient associés à des événements cardiovasculaires chez des patients cardiaques, selon une étude prospective publiée dans Nature Medicine lundi 19 février.

Les maladies cardiovasculaires sont l'une des principales causes de morbidité et de mortalité dans le monde. Après prise en compte des facteurs de risque actuellement connus, le risque résiduel de maladies cardiovasculaires reste élevé, ce qui suggère que d'autres facteurs, encore méconnus, interviennent, ont expliqué Marc Ferrell de la Cleveland Clinic aux Etats-Unis et ses coauteurs.

La niacine, également connue sous le nom de vitamine B3 ou d'acide nicotinique, est un micronutriment essentiel à la synthèse du nicotinamide adénine dinucléotide (NAD) impliqué dans les réactions d'oxydo-réduction. Les adultes ont un besoin d'au moins 15 mg par jour pour éviter les syndromes de carence en niacine, tels que la pellagre.

 Dans une étude de cohorte internationale prospective, les auteurs ont utilisé une approche métabolomique non ciblée, permettant d'analyser l'ensemble des métabolites présents dans le sang. Le but était de rechercher de nouveaux métabolites et de nouvelles voies qui seraient liées à ce risque résiduel de maladies cardiovasculaires.

Cette analyse a été effectuée sur le plasma de 1.162 patients présentant une maladie coronaire stable, prélevés à jeun à l'occasion d'une coronarographie programmée. Les chercheurs ont identifié un analyte de structure inconnu, qui s'est avéré être le principal métabolite inconnu associé à un risque accru d'événements cardiovasculaires indésirables majeurs.

 Des études de caractérisation chimique ont permis de montrer que le métabolite sérique inconnu était un mélange de deux isomères, le N1-méthyl-2-pyridone-5-carboxamide (2PY) et le N1-méthyl-4-pyridone-3-carboxamide (4PY), métabolites de l'excès de niacine et du métabolisme du NAD (les taux de ces métabolites sont élevés quand "le pool de niacine/NAD est en excès", précisent les chercheurs). L'étude "suggère que le métabolisme de la niacine serait associé à des événements cardiovasculaires", ont conclu les auteurs.

 Dans un deuxième temps, une analyse par chromatographie liquide par dilution d'isotopes stables, couplée à la spectrométrie de masse, a été menée afin de quantifier individuellement ces deux isotopes sur deux cohortes de validation: une américaine de 2.331 patients et une européenne de 832 patients.

 Cette analyse a montré que les personnes présentant des taux circulants plus élevés de 2PY et de 4PY avaient un risque d'événements cardiovasculaires plus élevé, et ce dans les deux cohortes. Pour le 2PY, le risque était augmenté de 64% dans la cohorte américaine et multiplié par deux dans la cohorte européenne. Pour le 4PY, le risque était augmenté de 89% dans la cohorte américaine et quasiment doublé dans la cohorte européenne.

Des analyses complémentaires ont été menées par les auteurs, afin de déterminer les liens génétiques et mécanistiques entre les métabolites et cette augmentation de risque. Leurs études suggèrent un mécanisme dépendant de l'inflammation; avec l'implication d'une molécule d'adhésion vasculaire soluble, sVCAM-1.

La vitamine B3 existe en complément alimentaire accessible en vente libre et couramment utilisé. Au vu de leurs résultats, les auteurs posent la question du risque éventuel d'une consommation excessive et de plus, remettent en question la pratique outre-Atlantique d'une supplémentation systématique de la farine et de céréales avec cette vitamine.

Ils suggèrent par ailleurs que leurs résultats pourraient expliquer ce qu'ils appellent le "paradoxe de la niacine": l'observation que la baisse du LDL-cholestérol induit par la niacine n'est pas associée à une réduction du risque cardiovasculaire.

(Nature Medicine, publication en ligne du 19 février)

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