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Les traitements hormonaux de la ménopause contemporains associés à différents surrisques cardiovasculaires

Publié le mercredi 27 novembre 2024

APM news

Les traitements hormonaux de la ménopause (THM) contemporains sont associés à des surrisques d'évènements cardiovasculaires spécifiques et d'évènements thrombo-emboliques, selon une étude suédoise publiée dans le British Medical Journal (BMJ).

Deux décennies se sont écoulées depuis la publication des essais HERS et WHI, qui avaient évalué le risque cardiovasculaire associé à un seul type de THM, les estrogènes conjugués équins couplés à l'acétate de médroxyprogestérone (MPA), en outre dans une population particulièrement âgée par rapport l'âge classique de début de la ménopause et du traitement associé.

De nouveaux THM sont apparus dans l'intervalle, avec des formulations et des voies d'administration différentes, pour lesquels peu de données sur le risque cardiovasculaire sont actuellement disponibles, soulignent Therese Johansson de l'université d'Uppsala (Suède) et ses collègues.

Ils ont mené un essai clinique émulé, à partir des registres nationaux suédois, portant sur 919.614 femmes en bonne santé âgées de 50 à 58 ans entre 2007 et 2020 et n'ayant pas utilisé de traitement hormonal au cours des deux années précédentes.

A partir des données relatives aux prescriptions, elles ont été réparties parmi huit groupes de traitement hormonal:

  • traitement oral combiné continu
  • traitement oral combiné séquentiel
  • estrogènes oraux seuls
  • estrogènes oraux + progestatif local
  • tibolone
  • traitement transdermique combiné
  • estrogènes transdermiques seuls
  • pas d'initiation de THM.

Il y avait dans cette cohorte 77.512 initiatrices d'un THM et 842.102 femmes n'ayant pas initié de THM. Au total, 24.089 femmes ont eu un évènement cardiovasculaire au cours du suivi, dont 43% un évènement cardiaque ischémique, 17,0% un accident vasculaire cérébral (AVC), 17,9% un infarctus du myocarde et 38,2% un évènement thrombo-embolique veineux (TEV). Par rapport aux non-utilisatrices d'un THM, le risque de maladie cardiovasculaire global n'était pas significativement différent chez les initiatrices d'un traitement oral combiné, d'estrogènes oraux seuls, ou d'estrogènes oraux + progestatif local (système intra-utérin au lévonorgestrel).

Le THM avec estrogènes transdermiques combinés ou seuls n'était pas associé à un risque cardiovasculaire global accru. La tibolone en revanche était associée à un risque cardiovasculaire global augmenté de 52%. Les auteurs ont calculé que sur 1.000 femmes initiant la tibolone pendant un an, une développera une maladie cardiovasculaire (cardiopathie ischémique, infarctus du myocarde, infarctus cérébral).

Concernant les maladies individuelles, un risque accru de cardiopathie ischémique a été observé chez les femmes ayant initié la tibolone (+46%) ou un traitement estroprogestatif oral continu (+21%). "Cela se traduit par environ 11 nouveaux cas de cardiopathie ischémique pour 1.000 femmes qui initient un traitement estroprogestatif oral continu ou la tibolone sur un an", précisent les auteurs. Le risque de TEV était augmenté sous traitement oral combiné continu (+61%), traitement oral combiné séquentiel (+100%), estrogènes seuls (+57%) et traitement transdermique combiné (+46%). Cela représenterait au total sept nouveaux cas de TEV pour 1.000 femmes initiant chacun de ces traitements pendant un an.

Les analyses per-protocole montrent en outre un risque accru d'infarctus cérébral (+97%) et d'infarctus du myocarde (+94%) sous tibolone. "L'utilisation des traitements estroprogestatifs était associée à un risque accru de maladie cardiaque et de TEV, tandis que l'utilisation de la tibolone était associée à [un risque accru d'évènements thrombotiques artériels]. Ces résultats mettent en exergue les effets variés de différentes combinaisons hormonales et méthodes d'administration sur le risque de maladie cardiovasculaire", concluent les auteurs. Ces résultats sont issus de données observationnelles et ne permettent donc pas de tirer des conclusions définitives quant au lien de causalité. D'autres travaux doivent être menés pour examiner les effets sur le risque cardiovasculaire des différents progestatifs utilisés dans le traitement de la ménopause, soulignent les auteurs.

(BMJ, publication en ligne du 27 novembre)

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