Insuffisance cardiaque en France : une baisse de l'incidence mais une prévalence stable

Publié le mercredi 27 novembre 2024

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Malgré une baisse de l'incidence de l'insuffisance cardiaque et l'amélioration de la prise en charge, la prévalence de l'insuffisance cardiaque reste stable en France et le pronostic mauvais, selon une étude publiée dans ESC Heart Failure, un journal de l'European Society of Cardiology (ESC).

"Dans une étude précédente, nous avons observé une diminution régulière de 1% par an des taux d'hospitalisation pour insuffisance cardiaque en France entre 2002 et 2012, malgré un nombre plus élevé d'hospitalisations", rapportent Valérie Olié de Santé publique France et ses collègues. A partir des données du système national des données de santé (SNDS), cette nouvelle étude actualise les données en décrivant l'épidémiologie de l'insuffisance cardiaque entre 2012 et 2022. La prévalence estimée de l'insuffisance cardiaque était de 1,7% en 2022 (1,8% chez les hommes et 1,5% chez les femmes), avec 1.117.894 patients concernés. Elle augmente avec l'âge, atteignant respectivement 21,1% et 17,5% des hommes et des femmes âgés de 85 ans et plus. A noter que la prévalence a augmenté jusqu'à la pandémie de Covid puis a diminué.

"La pandémie de Covid a affecté l'épidémiologie de l'insuffisance cardiaque, car les patients souffrant d'insuffisance cardiaque présentaient un risque plus élevé de décès lorsqu'ils étaient infectés par le Sars-CoV-2, tandis qu'un risque plus élevé d'incidence de l'insuffisance cardiaque a été constaté chez les patients infectés par le virus par rapport aux patients non infectés", soulignent les auteurs.

 

Une augmentation significative de l'incidence chez les hommes de moins de 45 ans

L'incidence des hospitalisations pour insuffisance cardiaque a diminué entre 2012 et 2022, passant de 225,5 pour 100.000 habitants à 201,4, avec une baisse annuelle moyenne de 1,2% par an pour les hommes et de 2% pour les femmes. La diminution de l'incidence était principalement observée chez les patients d'au moins 65 ans, avec une baisse marquée en 2020. Cependant, une augmentation significative de l'incidence des hospitalisations pour insuffisance cardiaque a été observée chez les hommes de moins de 45 ans, avec une augmentation de 1% par an sur la période étudiée (passant de 6,9 à 8,2 pour 100.000 habitants).

Cette augmentation est jugée "préoccupante". Cela peut être dû à "une augmentation des facteurs de risque cardiovasculaire tels que l'obésité et le mode de vie qui nuisent à la santé cardiovasculaire chez les hommes les plus jeunes, ainsi qu'à une augmentation des cardiopathies ischémiques", avancent notamment les auteurs.

 

Un effet marqué des facteurs socio-économiques

Par ailleurs, la prévalence et l'incidence de l'insuffisance cardiaque augmentent progressivement en fonction de l'indice de privation sociale basé sur le lieu de résidence. En 2022, l'incidence des hospitalisations pour insuffisance cardiaque était plus élevée de 59% pour les hommes et de 62% pour les femmes dans les zones les plus défavorisées que dans les zones les moins défavorisées. Pour ce qui est de la prévalence, elle était de 40% plus élevée chez les hommes et de 50% chez les femmes. Les taux de réhospitalisation à un an ont diminué de manière significative, en particulier chez les hommes âgés de moins de 75 ans. Ils étaient de 22% chez les hommes et de 21,9% chez les femmes en 2022.

Cette année-là, la mortalité hospitalière était de l'ordre de 10%, sans amélioration significative par rapport aux décennies précédentes. Le taux de mortalité à un an était de 33,7% chez les hommes et de 35,7% chez les femmes après leur première hospitalisation pour insuffisance cardiaque en 2022. "La mortalité à un an était significativement plus élevée chez les patients provenant des zones les plus défavorisées dans les groupes d'âge extrêmes (moins de 65 ans et ≥ 85 ans)", ajoutent les auteurs.

Après la sortie de l'hôpital, une amélioration significative en termes de prescriptions médicamenteuses conformes aux recommandations a été observée. Néanmoins, une diminution des délivrances des inhibiteurs de l'enzyme de conversion de l'angiotensine (IEC) et des antagonistes des récepteurs de l'angiotensine 2 (IEC/ARA2) a été observée chez les hommes et chez les femmes.

La baisse de l'incidence de l'insuffisance cardiaque "peut s'expliquer par une meilleure prise en charge des maladies conduisant à l'insuffisance cardiaque telles que l'hypertension artérielle, les cardiopathies ischémiques, la fibrillation atriale et les maladies valvulaires dégénératives", estiment les auteurs. "Toutefois, cette baisse de l'incidence n'a pas eu d'impact sur la prévalence de la maladie, qui est restée stable au cours de la période 2017-2021." En cause notamment, le vieillissement de la population et un meilleur pronostic associé à l'insuffisance cardiaque.

(ESC Heart Failure, publication en ligne du 27 novembre)

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