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Moins de diabète gestationnel chez les fumeuses, mais plus de troubles hypertensifs le cas échéant
Publié le mercredi 20 mars 2024
Lors d'une grossesse, les fumeuses sont moins concernées par un diabète gestationnel mais, si elles en développent un, elles sont plus à risque de troubles hypertensifs, suggèrent des analyses d'une cohorte française qui ont été présentées mercredi au congrès de la Société francophone du diabète (SFD).
L'association entre le tabagisme avant ou pendant la grossesse et le diabète gestationnel est encore un sujet de débat. Pour l'étudier, le Pr Emmanuel Cosson de l'hôpital Avicenne (AP-HP) à Bobigny (Seine-Saint-Denis) et ses collègues ont constitué une cohorte française de 15.801 femmes enceintes, dont 1.234 fumeuses (7,8%) et 624 anciennes fumeuses sevrées (4,5%), ayant accouché entre 2015 et 2018.
Un dépistage du diabète gestationnel a été réalisé chez 13.958 femmes d'entre elles, pour une prévalence de diagnostic de 19,2%, dont 13,3 points de diabète gestationnel, 4,8 points de diabète gestationnel précoce et 1,1 de diabète avéré découvert pendant la grossesse, d'après les données transmises par le Pr Cosson à APMnews.
Selon le statut tabagique des femmes, la prévalence de diabète gestationnel a été inférieure chez les fumeuses (12,3%) et chez les femmes enceintes sevrées (15,4%) que chez les non-fumeuses qui ne l'ont jamais été (19,9%).
Les fumeuses ont ainsi été associées à un risque réduit de 21% de diabète gestationnel par rapport aux non-fumeuses, mais aucune réduction significative n'a été mesurée chez les anciennes fumeuses, lit-on dans le résumé de la présentation.
Même si le niveau de dépistage diffère entre les femmes, avec moins de fumeuses dépistées (75,7%) que de femmes sevrées (88,3%) ou que de non-fumeuses (89,5%), la réduction du risque calculée "ne semble pas lié[e] à un biais de dépistage", précisent les auteurs.
Pour vérifier cela, ils ont comparé les données des 300 fumeuses qui n'ont pas été dépistées à celles des 934 fumeuses qui l'ont été. Leurs profils sont proches.
Néanmoins, une mortalité périnatale significativement accrue a été observée chez les fumeuses qui n'ont pas été dépistées, à hauteur de 2,3% contre 0,4%.
L'absence de dépistage chez les fumeuses a aussi été associée à une plus faible prise de poids pendant la grossesse (11,2 kg contre 13 kg) et à une plus faible proportion d'enfants avec un poids élevé à la naissance (1,3% contre 4,6%).
Ces travaux ont été prolongés par une seconde étude cherchant à évaluer l'existence ou non d'un impact croisé du tabagisme et du diabète gestationnel sur plusieurs résultats de la grossesse. Les auteurs se sont pour cela restreints aux quelque 14.000 femmes dépistées, dont 6,7% de fumeuses, 19,2% de femmes avec un diabète gestationnel, et 0,8% à la fois fumeuses et concernées par un diabète gestationnel.
Une interaction délétère n'a été retrouvée que dans le risque de troubles hypertensifs. En effet, la prévalence de ces troubles chez les fumeuses et chez les non-fumeuses est proche en l'absence de diabète, de 4,2% et 3,2% respectivement, et de 6,3% chez les non-fumeuses avec un diabète gestationnel, mais elle monte à 10,4% quand les deux facteurs sont réunis.
Sur la prématurité, les deux facteurs semblent avoir des effets comparables mais qui ne se cumulent pas: la prévalence est en effet de 4,8% chez les non-fumeuses sans diabète, et monte à environ 7% en cas de diabète gestationnel et/ou de tabagisme.
Sur certains paramètres, les deux facteurs montrent des effets opposés qui se compensent, par exemple sur la prise de poids des femmes (moindre en cas de diabète, accrue en cas de tabagisme) et sur la prévalence de poids élevé à la naissance (plus importante en cas de diabète, réduite avec le tabagisme).
A l'inverse, la prévalence du petit poids à la naissance est à son niveau le plus élevé en cas de tabagisme sans diabète gestationnel (16,5%), alors que des prévalences comparables ont été observées chez les non-fumeuses sans diabète (9,1%) et les fumeuses avec un diabète (9,6%).
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