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Un modèle universel permet de prédire le risque d'événements cardiovasculaires majeurs en prévention primaire et secondaire
Publié le vendredi 9 février 2024
WASHINGTON, 9 février 2024 (APMnews) - Un modèle universel, intégrant des facteurs de risque traditionnels et des biomarqueurs cardiaques, serait efficace pour prédire le risque d'événement cardiovasculaire majeur aussi bien chez les patients ayant un antécédent de maladie cardiovasculaire athéroscléreuse que chez ceux n'en ayant pas, selon une étude parue dans le Journal of the American College of Cardiology (JACC).
"Les recommandations de l'American College of Cardiology et de l'American Heart Association préconisent des systèmes distincts de classification des risques pour la prévention primaire et secondaire des maladies cardiovasculaires. Cependant, les deux systèmes s'appuient sur des critères prédictifs similaires (comme l'âge, le diabète, l'hypertension et le tabagisme), ce qui suggère la possibilité d'une approche universelle de prédiction du risque d'événement cardiovasculaire indésirable majeur (MACE)", indiquent Yejin Mok du département d'épidémiologie de l'école de santé publique Johns Hopkins Bloomberg à Baltimore aux Etats-Unis et ses collègues.
Une telle approche permettrait notamment de simplifier la pratique clinique en facilitant la communication des risques entre les professionnels de santé et les patients lors de la transition de la prévention primaire à la prévention secondaire mais aussi dans le cadre de la prévention secondaire, en permettant de "personnaliser davantage la prise en charge", en sortant de la "dichotomie entre maladie cardiovasculaire athéroscléreuse à très haut risque et à haut risque" retrouvée dans les recommandations cliniques actuelles.
"A notre connaissance, notre étude est la première à comparer l'association entre des critères prédictifs établis du risque de maladie cardiovasculaire et la survenue d'événements cardiovasculaires chez les individus sans maladie cardiovasculaire athéroscléreuse par rapport à ceux atteints de maladie cardiovasculaire athéroscléreuse à partir d'une étude communautaire", soulignent les auteurs.
Dix variables prédictives intégrées
Dans un premier temps, ils ont étudié les performances de prédiction du risque de MACE de divers facteurs de risque chez les personnes avec ou sans maladie cardiovasculaire athéroscléreuse: celles des facteurs établis comme l'âge, le sexe, le diabète, la prise de médicaments antihypertenseurs et le statut tabagique, celles des biomarqueurs cardiaques (peptide natriurétique [NT-proBNP] et troponine T cardiaque de haute sensibilité) et celles d'autres facteurs comme les antécédents familiaux de maladie cardiovasculaire athéroscléreuse prématurée, l'indice de masse corporelle (IMC) et la fréquence cardiaque. Le critère MACE était défini par la survenue d'un infarctus du myocarde, d'un accident vasculaire cérébral (AVC) ou d'une insuffisance cardiaque.
Pour cela, les auteurs se sont appuyés sur 9.138 participants de la cohorte ARIC (Atherosclerosis Risk In Communities), dont 609 présentaient une maladie cardiovasculaire athéroscléreuse à l'inclusion. Au cours d'un suivi médian de 18,9 ans, 3.209 participants (35%) ont développé un MACE, parmi lesquels 2.797 participants n'avaient pas maladie cardiovasculaire athéroscléreuse à l'inclusion.
La plupart des facteurs prédictifs étaient associés de manière similaire au risque de MACE, quel que soit le statut initial de maladie cardiovasculaire athéroscléreuse.
Dans le modèle universel qu'ils ont développé, les auteurs ont retenu 10 variables: âge, âge couplé aux antécédents de maladie cardiovasculaire athéroscléreuse, diabète, pression artérielle systolique, médicaments antihypertenseurs, cholestérol total couplé aux antécédents de maladie cardiovasculaire athéroscléreuse, tabagisme actuel, protéine C-réactive (CRP) de haute sensibilité, NT-proBNP et troponine T cardiaque de haute sensibilité.
Dans ce modèle de prédiction universel, les statistiques C du modèle de régression étaient de 0,747 pour l'absence de maladie cardiovasculaire athéroscléreuse et de 0,691 pour la maladie cardiovasculaire athéroscléreuse (un modèle est généralement considéré comme pertinent à partir de 0,7 environ, NDLR).
Meilleure identification des patients sans antécédents à risque élevé
Le risque de MACE était généralement plus faible chez les personnes sans antécédent de maladie cardiovasculaire athéroscléreuse que chez celles ayant déjà eu une maladie cardiovasculaire athéroscléreuse. Néanmoins, "les individus sans maladie cardiovasculaire athéroscléreuse antérieur mais situés dans les 20% supérieurs du risque prédit présentaient un risque observé plus élevé que ceux ayant déjà eu une maladie cardiovasculaire athéroscléreuse mais situés dans les 40% inférieurs du risque prédit", expliquent les auteurs.
"Cette approche permettrait ainsi aux professionnels de santé d'identifier les individus sans maladie cardiovasculaire athéroscléreuse qui présentent un risque similaire à celui des patients atteints d'une maladie cardiovasculaire athéroscléreuse et pourraient bénéficier d'un traitement plus intensif équivalant à la prévention secondaire", commentent les auteurs.
Ce modèle de prédiction universel a ensuite été validé à l'aide d'un échantillon dérivé de la cohorte MESA (Multi-Ethnic Study of Atherosclerosis), incluant 5.322 individus.
Les auteurs soulignent par ailleurs que leurs "résultats confirment également davantage la valeur pronostique de la troponine de haute sensibilité et du NT-proBNP. Ces biomarqueurs cardiaques circulants reflètent respectivement une lésion myocardique et une surcharge cardiaque, et il a été démontré de manière constante qu'ils amélioraient la prédiction du risque de maladie cardiovasculaire dans un certain nombre de populations étudiées d'origines diverses."
(JACC, publication en ligne du 29 janvier et éditorial associé)
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