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Les patients atteints de Mici présenteraient un risque accru de myocardite
Publié le jeudi 22 février 2024
WASHINGTON, 22 février 2024 (APMnews) - Les patients atteints de maladie inflammatoire chronique de l'intestin (Mici) présenteraient un risque accru de 50% de myocardite, et près de 150% pour les myocardites sévères, cette augmentation de risque persistant 20 ans après le diagnostic, selon une étude de cohorte publiée dans l'American Journal of Gastroenterology.
Les maladies inflammatoires chroniques de l'intestin sont des troubles inflammatoires chroniques qui affectent principalement le tractus gastro-intestinal mais qui touchent aussi fréquemment d'autres organes. "Malgré un lien suggéré entre les Mici et la myocardite, l'association n'a pas été bien établie", ont expliqué Jiangwai Sun, de l'Institut Karolinska à Stockholm et ses coauteurs.
Ainsi, ils ont mené une étude de cohorte nationale appariée à la population pour étudier le risque à long terme de myocardite, compliquée ou non d'une insuffisance cardiaque, d'un décès ou d'une réadmission, chez les patients atteints de Mici.
Tous les patients atteints de Mici confirmée par biopsie dans les 28 centres de pathologie en Suède de 1969 à 2017 ont été identifiés. Sur ces 83.264 patients, 24.738 étaient atteints de la maladie de Crohn, 46.409 de colite ulcéreuse et 12.117 d'autres formes de Mici.
Les chercheurs les ont appariés à deux cohortes de contrôle. Une première regroupait 391.344 personnes de référence issues de la population générale. La deuxième était composée de 96.149 frères et sœurs sans Mici de 53.149 malades, afin de contrôler les facteurs de confusion familiaux partagés.
Les personnes ont été suivies jusqu'en décembre 2019, soit un suivi médian de 12 ans.
Il y a eu 256 cas de myocardite chez des patients atteints de Mici (22,6 cas sur 100.000 personnes-années) et 710 dans la cohorte de référence (12,9 cas sur 100.000 personnes-années). Le risque de myocardite était de 55% plus élevé chez les patients atteints de Mici par rapport au groupe de référence.
Les auteurs ont recensé 115 cas de myocardite sévère chez des patients atteints de Mici (10,1 cas sur 100.000 personnes-années) et 192 dans la cohorte de référence, ce qui correspond à une multiplication par 2,44 du risque. "Les risques relatifs ont commencé à augmenter immédiatement après le diagnostic de Mici, puis ont diminué, atteignant un nadir vers la troisième ou la quatrième année", ont détaillé les auteurs. Mais, le risque accru a persisté jusqu'à 20 ans après le diagnostic de Mici.
Les chercheurs ont calculé que le surrisque correspondait à un cas supplémentaire de myocardite pour 735 patients atteints de Mici et un cas de myocardite sévère pour 775 patients. Ce risque accru a été observé aussi bien dans la maladie de Crohn (48% de risque en plus) que dans la colite ulcéreuse (58% de risque en plus). Par ailleurs, l'association était plus forte pour les myocardites sévères: risque multiplié par 2,39 pour la maladie de Crohn, par 2,82 pour la colite ulcéreuse et par 3,14 pour les autres formes de Mici.
Après analyse en sous-groupes, "l'augmentation du risque de myocardite était limitée aux hommes, aux patients diagnostiqués avant l'âge de 60 ans et après 1990", ont précisé les chercheurs. "Cette différence entre les sexes pourrait être le résultat de micro-environnements immunitaires cardiaques distincts causés par les hormones sexuelles dominantes", ont-ils analysé. La variation des résultats selon le moment du diagnostic reste "sans réponse", les chercheurs faisant l'hypothèse de la modification de la prise en charge des pathologies.
Les risques de myocardite étaient également plus élevés (44,9%) chez les patients ayant des antécédents d'infection virale traitée à l'hôpital. Dans l'analyse des sous-groupes selon le phénotype de la maladie, une association plus forte a été observée dans le cas de la maladie de Crohn colique.
Les analyses comparatives avec la deuxième cohorte contrôle issue des fratries ont donné des résultats similaires. Les patients atteints de Mici présentaient un risque accru de 51% de myocardite, et multiplié par 2,07 pour les myocardites sévères.
"Les mécanismes sous-jacents potentiels reliant les Mici et la myocardite peuvent inclure l'élévation des niveaux inflammatoires, la perturbation de l'axe intestin-cœur et la plus grande sensibilité aux infections chez les patients atteints de Mici", ont analysé les chercheurs.
"Pour ces groupes à haut risque (les jeunes hommes, ceux ayant une infection virale traitée à l'hôpital et les patients atteints de maladie de Crohn colique), une grande vigilance clinique devrait être recommandée si les patients signalent des symptômes de palpitations cardiaques et de fatigue en même temps que des symptômes grippaux tels que la fièvre et les maux de gorge", ont-ils préconisé.
(American Journal of Gastroenterology, publication en ligne du 5 février 2024)
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