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L'auto-administration d'aspirine dès l'apparition d'une douleur thoracique sévère pourrait sauver 13.000 vies par an aux Etats-Unis
Publié le mercredi 1 mai 2024
La possibilité et l'incitation pour la population à s'auto-administrer de l'aspirine dans les quatre heures suivant l'apparition d'une douleur thoracique sévère, qu'un infarctus soit ensuite confirmé ou pas, permettraient de sauver chaque année plus de 13.000 vies, en tenant compte du risque hémorragique, à un coût dérisoire, selon une étude publiée dans le Journal of the American Heart Association (JAHA).
L'aspirine réduit significativement la mortalité lorsqu'elle est initiée rapidement après un infarctus aigu, mais la plupart des patients ne la reçoivent pas dans les heures qui suivent l'apparition des symptômes, d'une part parce que moins de la moitié des patients faisant un infarctus accèdent à des soins médicaux dans les quatre heures suivant l'apparition des symptômes, mais aussi parce que souvent le régulateur médical ne recommande pas de donner de l'aspirine aux patients ayant une douleur thoracique, rappellent les auteurs.
Les recommandations professionnelles n'encouragent pas spécifiquement l'auto-administration d'aspirine par les patients ayant une douleur thoracique, probablement du fait d'un manque de spécificité de ce symptôme et de la crainte des effets secondaires de l'aspirine, soulignent Rienna Russo de la Harvard T. H. Chan School of Public Health à Boston et ses collègues.
Ils ont cherché à quantifier le bénéfice sur la mortalité de l'auto-administration d'aspirine dès l'apparition des symptômes -dans le but de promouvoir une stratégie de prévention encourageant la population à avoir de l'aspirine sous la main et en prendre dès l'apparition de douleur thoracique sévère, à l'instar de ce qui se fait pour les personnes allergiques avec l'adrénaline afin de prévenir les décès par anaphylaxie, ou encore pour les personnes prenant des opioïdes avec la naloxone pour prévenir les décès par surdosage.
Pour cela, ils ont développé un modèle de simulation sur la population américaine, pour déterminer l'impact de l'auto-administration de 325 mg d'aspirine dans les quatre heures suivant l'apparition d'une douleur thoracique sévère. Ils ont créé une cohorte synthétique d'adultes de 40 ans et plus ayant une douleur thoracique sévère, à partir des recensements de la population américaine de 2019, de l'incidence de l'infarctus et de la sensibilité et spécificité de la douleur thoracique comme symptôme de l'infarctus. Les chiffres sur la prévention des décès ont été tirés d'un large essai randomisé.
Pour tous les adultes de 40 ans et plus présentant une douleur thoracique sévère, avec sans infarctus, qui s'auto-administreraient l'aspirine dans les quatre heures suivant l'apparition de la douleur, quatre issues étaient envisagées: infarctus fatal, infarctus non fatal, décès lié à une hémorragie excessive (gastro-intestinale ou intracrânienne), et survie sans infarctus.
Avec cette stratégie, ce seraient 13.980 décès par infarctus qui seraient évités chaque année, au prix de 963 décès par hémorragie, soit un bénéfice net de 13.016 décès évités. Cela se traduirait par 166.309 années de vie sauvées (Years Of Life Saved -YOLS- en anglais), pour un coût de 643.235 $ par an, soit un ratio coût-efficacité de 3,70 $ par année de vie sauvée.
"Les futures recherches devraient étudier les meilleures pratiques pour améliorer la connaissance des symptômes de l'infarctus et encourager le fait de posséder et de s'auto-administrer l'aspirine", commentent les auteurs.
(JAHA, publication en ligne du 1er mai)
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