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AVC : données rassurantes sur un risque hémorragique avec les antidépresseurs qui agissent sur la sérotonine
Publié le vendredi 2 février 2024
PHOENIX, 2 février 2024 (APMnews) - Les antidépresseurs des familles des inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (ISRS) et des inhibiteurs de la recapture de la sérotonine et de la noradrénaline (ISRN) peuvent être administrés sans risque d'hémorragie pour traiter des patients ayant eu un accident vasculaire cérébral (AVC) ischémique, selon une étude américaine dévoilée en amont de sa présentation à l'International Stroke Conférence (ISC), qui se tient de mercredi à vendredi à Phoenix.
"Les problèmes de santé mentale comme la dépression et l'anxiété sont très fréquents après un AVC. Nos résultats devraient rassurer les médecins puisque pour la plupart des patients qui survivent à un AVC, la prescription d'antidépresseurs ISRS ou ISRN est sûre juste après l'AVC, ce qui devrait les aider à optimiser leur récupération", commente le principal auteur, Kent Simmonds de l'University of Texas Southwestern Medical Center à Dallas dans un communiqué diffusé jeudi par l'American Heart Association/American Stroke Association (AHA/ASA).
De précédentes données suggèrent que ces antidépresseurs sont associés à une meilleure récupération après un AVC mais des cas d'hémorragie ont été rapportés.
Pour faire le point, les chercheurs ont analysé le risque hémorragique avec les différentes classes d'antidépresseurs chez des patients ayant fait un AVC ischémique et en particulier s'ils devaient prendre un traitement anticoagulant ou anti-agrégant plaquettaire en prévention secondaire.
Pour cette étude rétrospective, ils ont utilisé les dossiers médicaux sur 20 ans de 70 organisations de santé, identifiant 666.150 patients avec un premier AVC ischémique, dont 607.278 sans traitement antidépresseur (91,2%), 35.631 débutant un traitement antidépresseur par ISRS ou IRSN dans les trois mois suivant l'AVC (5,3%), 23.241 avec un autre type d'antidépresseur (3,5%).
L'analyse de 35.557 paires appariées des patients sans antidépresseur ou sous ISRS/IRSN indique que le risque de saignement majeur associé aux antidépresseurs était de 0,96 sans être statistiquement significatif. De manière similaire, le traitement par ISRS ou IRSN n'était pas associé de manière significative à des risques d'AVC hémorragique, de chute et de décès.
Chez les patients sous ISRS ou IRSN prenant également un traitement de prévention secondaire, il n'y avait aucun risque particulier pour ceux qui étaient en particulier sous anticoagulant. En revanche, ceux qui étaient sous double traitement anti-agrégant présentaient un risque d'AVC hémorragique significativement accru de 29% par rapport à ceux qui n'avaient ni ISRS/IRSN ni anti-agrégant.
Par ailleurs, l'analyse de 21.840 paires appariées de patients qui prenaient d'autres antidépresseurs que les ISRS/IRSN et ceux qui ne prenaient pas d'antidépresseurs montre que les premiers ont un risque hémorragique significatif, avec une hausse de 15% de saignement majeur (choc hypovolémique, choc non spécifié, saignement gastro-intestinal, saignement utérin ou vaginal anormal, hémorragie sous-arachnoïdienne, sous-durale, épidurale ou intracrânienne) et de 10% d'AVC hémorragique en particulier.
Ces résultats suggèrent qu'il semble globalement sûr d'initier un traitement par antidépresseur ISRS ou IRSN précocement lors de la phase de récupération post-AVC, bien qu'il existe un risque hémorragique si un traitement par double anti-agrégant plaquettaire est administré en même temps, concluent les chercheurs.
"Il est important de maximiser la rééducation rapidement après un AVC car la récupération dépend en partie du temps et le plus souvent, les gains fonctionnels surviennent au cours des premiers mois suivant l'AVC. Heureusement, un traitement anti-agrégant plaquettaire double est souvent administré pendant 15, 30 ou 90 jours, ce qui ne nécessite pas de suspendre le traitement antidépresseur trop longtemps", commente Kent Simmonds dans le communiqué de l'AHA/ASA.
D'autres travaux sont nécessaires pour préciser le risque hémorragique avec les autres antidépresseurs ainsi qu'avec les anxiolytiques, en particulier chez les patients ayant eu un AVC hémorragique, ajoute-t-il.
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