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Après une pré-éclampsie, les facteurs de risque cardiovasculaire sont présents dès six mois post partum et persistent à deux ans
Publié le jeudi 29 février 2024
WASHINGTON, 29 février 2024 (APMnews) - Les femmes ayant eu une pré-éclampsie au cours de leur grossesse présentent une pression artérielle élevée dès six mois post partum par rapport aux femmes ayant eu une grossesse normale, sans amélioration à deux ans, ainsi que d'autres marqueurs cliniques du risque cardiovasculaire, selon une étude australienne publiée dans Hypertension.
Un risque cardiovasculaire augmenté à long terme a bien été établi après une pré-éclampsie, mais on dispose de peu de données concernant le post-partum et de données longitudinales, rappellent Amanda Henry de l'University of New South Wales à Sydney et ses collègues.
L'étude de cohorte prospective P4 suit des femmes et leur enfant pendant cinq ans après une grossesse monofœtale normotendue ou pré-éclamptique, sans problème médical majeur préexistant comme l'hypertension chronique, le diabète ou une néphropathie avant la grossesse, et sans anomalie congénitale majeure. L'étude prévoit un suivi à six mois, deux ans et cinq ans post partum.
Les données à six mois, précédemment publiées, ont montré un vieillissement vasculaire précoce chez les femmes ayant eu une pré-éclampsie par rapport aux femmes ayant eu une grossesse normotendue, avec une pression artérielle plus élevée, une tendance à l'insulinorésistance, une paroi ventriculaire gauche plus épaisse, des triglycérides plus élevés, moins de HDL et une albuminurie plus importante, rappellent les auteurs.
Ils ont analysé les données disponibles à la fois à six mois et deux ans pour 129 femmes ayant eu une grossesse normotendue et 52 femmes ayant eu une pré-éclampsie.
Dans le groupe pré-éclampsie, la pression artérielle était significativement plus élevée que dans le groupe normotendues à deux ans, que ce soit la pression artérielle mesurée au cabinet médical (112 mmHg contre 104 mmHg) ou la mesure ambulatoire de la pression artérielle (Mapa) sur 24 heures (116 mmHg contre 106 mmHg).
Pour chaque groupe, il n'y avait pas de modification de la pression artérielle entre six mois et deux ans, l'effet observé dans le groupe pré-éclampsie étant donc persistant.
Une hypertension définie selon les seuils de 140 mmHg pour la pression systolique et 90 mmHg pour la pression diastolique mesurée au cabinet était observée à deux ans chez 2% des patientes du groupe pré-éclampsie contre 0% du groupe normotendues.
Selon les critères 2017 de l'American Heart Association (AHA), définissant une pression artérielle comme supérieure à la normale à partir des seuils de 120/80 mmHg, 25% des patientes du groupe pré-éclampsie sont dans cette catégorie à deux ans contre 8% du groupe normotendues, une différence statistiquement significative.
En prenant en compte la Mapa sur 24 heures et les seuils de l'AHA, 60% des patientes du groupe pré-éclampsie étaient classées comme ayant une pression artérielle supérieure à la normale, contre 16% du groupe normotendues. L'indice de masse corporelle (IMC) était significativement plus élevé à deux ans dans le groupe pré-éclampsie (26,6 kg/m² contre 23,1 kg/m² en médiane), et l'insulinorésistance plus importante (score HOMA de 2,1 contre 1,5). "Les femmes après une pré-éclampsie ont une pression artérielle plus élevée persistante à deux ans post-partum par rapport à celles qui ont eu une grossesse normotendue, sans amélioration entre six mois et deux ans", commentent les auteurs.
Et selon les critères AHA, "une proportion substantielle de femmes ont une hypertension de stade précoce après la pré-éclampsie", corrélée à d'autres mesures du vieillissement cardiovasculaire précoce comme l'insulinorésistance.
Ils suggèrent de mettre en place un dépistage cardiovasculaire régulier, en utilisant dans l'idéal la Mapa sur 24 heures si elle est disponible, et au minimum les critères AHA de pression artérielle élevée de d'hypertension de stade 1 pour la pression artérielle mesurée au cabinet, afin de trier les patientes de façon appropriée.
(Hypertension, publication en ligne du 30 janvier)
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