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Aspirine en prévention primaire cardiovasculaire: un impact mitigé des recommandations plus restrictives

Publié le jeudi 23 janvier 2025

APM news

Après les recommandations d'utilisation plus restrictive de l'aspirine en prévention primaire cardiovasculaire, une baisse de l'utilisation a été constatée, mais y compris chez les personnes chez qui celle-ci restait recommandée, tandis que cette pratique n'a pas disparu parmi les personnes chez qui elle n'est plus recommandée, selon une étude américaine publiée dans le Journal of the American Medical Association (JAMA).

Plusieurs essais cliniques ont conduit en 2019 l'American College of Cardiology (ACC) et l'American Heart Association (AHA) à restreindre les recommandations d'utilisation de l'aspirine en prévention primaire des maladies cardiovasculaires liées à l'athérosclérose, aux personnes ayant un risque à 10 ans supérieur à 10% de développer de telles maladies, et aux personnes de 70 ans ou moins sans risque hémorragique augmenté.

Linnea Wilson du Beth Israel Deaconess Medical Center à Boston et Timothy Anderson de l'université de Pittsburgh (Pennsylvanie) ont examiné, à partir des enquêtes NHANES menées dans 50 Etats américains entre 2011 et 2023, l'utilisation de l'aspirine en prévention cardiovasculaire, pour quatre groupes de personnes âgées de 40 à 79 ans: les personnes ayant une maladie cardiovasculaire liée à l'athérosclérose connue; les personnes de plus de 70 ans; les personnes ayant un risque de maladie cardiovasculaire liée à l'athérosclérose de 10% ou plus à 10 ans; les personnes ayant un risque de maladie cardiovasculaire liée à l'athérosclérose inférieur à 10% à 10 ans.

Au total 18.294 participants ont été inclus. Le taux d'utilisation de l'aspirine en prévention secondaire (chez les personnes ayant une maladie cardiovasculaire liée à l'athérosclérose connue) est resté stable sur la période d'étude, de 69,9% en 2011-2012 à 66,3% en 2021-2023, sans différence statistiquement significative. En prévention primaire, l'utilisation de l'aspirine a en revanche diminué après la restriction des recommandations; le taux d'utilisation est passé de 23,5% en 2017-2020 à 17,2% en 2021-2023, une différence statistiquement significative.

Parmi les sous-groupes d'utilisateurs potentiels en prévention primaire, le taux d'utilisation est passé de 46,1% à 34,4% chez les plus de 70 ans et de 16,5% à 10,8% chez les personnes ayant un risque de maladie cardiovasculaire liée à l'athérosclérose inférieur à 10% à 10 ans, ces deux groupes n'étant plus éligibles à l'aspirine en prévention primaire. Mais l'utilisation de cette dernière a aussi diminué, passant de 33,6% à 27,8%, chez les personnes ayant un risque de maladie cardiovasculaire liée à l'athérosclérose de 10% ou plus à 10 ans, alors que ces dernières restaient éligibles à l'aspirine en prévention primaire.

Et malgré ces réductions, "de nombreux patients ayant une faible probabilité d'en tirer bénéfice ont rapporté continuer à utiliser l'aspirine", commentent les auteurs. L'étude montre en outre que les groupes de population historiquement désavantagés sur le plan socio-économique étaient moins susceptibles de réduire l'utilisation de l'aspirine. Les auteurs notent que des recommandations de 2022 de l'US Preventive Services Task Force allant contre l'initiation de l'aspirine en prévention primaire chez les personnes de 60 ans et plus a pu aussi contribuer aux changements observés.

 

(JAMA, publication en ligne du 22 janvier)

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