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Un score génétique identifierait des obésités à faible risque cardiométabolique

Publié le jeudi 18 septembre 2025

Des chercheurs américains ont identifié plus de 200 sites dans le génome qui sont associés au risque d'obésité ainsi qu'au niveau de risque de maladies cardiométaboliques et ont élaboré à partir de ces informations un score génétique qui permettrait d'identifier des personnes à risque d'obésité mais ayant un faible risque de diabète de type 2 et de maladies cardiovasculaires, dans une étude publiée par Nature Medicine.

Il y a déjà eu des études du génome entier qui ont mis en évidence plus de 1.000 sites sur le génome humain ayant une association avec le risque d'obésité, mais malgré cela, "notre compréhension des mécanismes contrôlant le poids est toujours limitée", estiment en préambule de leur article Nathalie Chami du Charles Bronfman Institute for Personalized Medicine à New York et ses collègues.

 Selon eux, c'est lié au fait que les études antérieures ne se sont intéressées qu'à un seul critère d'adiposité à la fois, généralement l'indice de masse corporelle (IMC), en ignorant le fait que l'obésité est très hétérogène et que les personnes obèses peuvent avoir des parcours de vie très différents en matière de développement de comorbidités. En utilisant les données de la UK Biobank, banque de données sur 452.768 individus dont de nombreuses caractéristiques cliniques et biologiques sont répertoriées, ils ont mélangé, dans leur recherche génomique, trois caractéristiques de l'obésité (IMC, pourcentage de graisse corporelle et rapport taille-hanche) et huit caractéristiques métaboliques (cholestérol total ainsi que LDL et HDL, triglycérides, glycémie, taux d'HbA1c, pressions artérielles systolique et diastolique). Cela leur a d'abord permis d'identifier 205 sites (loci) sur le génome, sur lesquels on trouvait 266 variants génétiques associés aux caractéristiques qu'ils étudiaient.

Puis ils ont élaboré, à partir de ces variants, deux scores de risque. Un premier score était classique, montrant que des personnes ayant un niveau élevé sur ce score avaient à la fois un risque d'obésité et un risque cardiométabolique élevé. Mais l'autre score, qualifié de "découplant" car il découplait l'obésité et les maladies cardiométaboliques, identifierait une autre catégorie de personnes. Il s'agit de personnes à haut risque d'adiposité mais qui ont un profil métabolique favorable: par exemple, des taux faibles de LDL-cholestérol et de triglycérides et, à l'inverse, un HDL-cholestérol élevé, ainsi qu'une HbA1c basse. Les auteurs parlent même dans ce cas de "profil de risque cardiométabolique protecteur".

Ce score "découplant" permettrait donc d'identifier des obèses ou futurs obèses ayant un risque cardiovasculaire ou de diabète faible, ce que tend à confirmer l'étude de personnes suivies durant de nombreuses années (dans la UK Biobank et dans d'autres cohortes). Le nouveau score pourrait être utile tôt dans la vie, les auteurs montrant la possibilité de stratifier le risque d'obésité et le risque cardiométabolique chez des enfants et adolescents. Mais ils notent que ces obèses à faible risque cardiométabolique gardent en revanche un risque élevé d'autres complications de l'obésité comme la cellulite, la gonarthrose, des difficultés de sommeil, la thrombo-embolie veineuse et les varices. 

Ce score pourrait dès à présent être utilisé pour déterminer le risque d'obésité ainsi que le type d'obésité, et potentiellement pour définir des stratégies de prévention et de traitement, permettant de faire évoluer la prise en charge de l'obésité vers une médecine de précision, estiment-ils.

 

(Nature Medicine, publication en ligne du 12 septembre)

 

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