L'arythmie cardiaque chez la femme enceinte associée à un risque accru de prématurité et de mortinatalité

Publié le jeudi 12 juin 2025

Chez la femme enceinte, le fait de souffrir d'une tachyarythmie (arythmie ventriculaire, tachycardie supraventriculaire et fibrillation atriale/flutter) est associé à un risque accru de prématurité, selon une étude parue dans le Journal of the American College of Cardiology (JACC): Clinical Electrophysiology, qui montre que l'arythmie ventriculaire est aussi associée au risque de mortinatalité.

"L'incidence des troubles du rythme chez les femmes enceintes a augmenté au cours de la dernière décennie", rappellent Yong Hao Yeo de l'hôpital universitaire Corewell Health William Beaumont de Royal Oak aux Etats-Unis et ses collègues. "Néanmoins, les études explorant le lien entre arythmies cardiaques maternelles et complications néonatales, comme la mortinatalité et la prématurité, sont limitées." 

A partir de la base de données nationale des réadmissions, 7,5 millions de femmes enceintes admises pour accoucher ont été incluses entre 2017 et 2020, dont 0,2% présentaient une tachyarythmie cardiaque: 11.068 patientes, dont 7.495 souffrant de tachycardie supraventriculaire, 2.334 de fibrillation atriale/flutter et 894 d'arythmie ventriculaire.

La prévalence des tachyarythmies cardiaques chez les femmes enceintes a augmenté de manière significative au cours de la période d'étude, passant de 132 pour 100.000 accouchements au premier semestre de 2017 à 164 au deuxième semestre de 2020, ce qui correspond à une variation annuelle de +3,14%.

Concernant la mortinatalité, le taux était de 541 pour 100.000 accouchements pour les femmes présentant une tachyarythmie contre 367 pour 100.000 accouchements pour celles n'en souffrant pas. Le taux de mortinatalité était le plus élevé en cas d'arythmie ventriculaire (1.545 pour 100.000), suivi de la fibrillation atriale/flutter (598 pour 100.000) et de la tachycardie supraventriculaire (400 pour 100.000). Après appariement par score de propension et ajustement sur les comorbidités, le fait de présenter une arythmie ventriculaire était associé à un risque significativement accru de mortinatalité par rapport à l'absence de tachyarythmie, avec un odds ratio (mesure approchant celle du risque relatif) de 3,8.

En revanche, la tachycardie supraventriculaire et la fibrillation atriale/flutter n'étaient pas associées à des risques significativement plus élevés de mortinatalité.

Pas de risque accru en cas de cardioversion ou de défibrillation

Pour ce qui est de la prématurité, le taux était de 15.824 pour 100.000 accouchements pour les femmes souffrant de tachyarythmie contre 9.062 pour 100.000 pour celles n'en souffrant pas avec, plus précisément, des taux de 25.717 pour 100.000 avec l'arythmie ventriculaire, 19.274 pour 100.000 avec la fibrillation atriale/flutter et de 13.128 pour 100.000 avec la tachycardie supraventriculaire. Le risque de naissance prématurée (< 34 semaines) était de 40,3% chez les femmes présentant une arythmie ventriculaire, de 27,6% pour celles présentant une fibrillation atriale/flutter et de 29,5% pour celle présentant une tachycardie supraventriculaire.

Après appariement par score de propension et analyse multivariée, l'arythmie ventriculaire, la fibrillation atriale/flutter et la tachycardie supraventriculaire étaient associées à des risques plus élevés d'accouchement prématuré par rapport à l'absence de tachyarythmie, avec des odds ratio respectifs de 2, 1,6 et 1,2.

Concernant le recours à la cardioversion ou à la défibrillation, "nos données suggèrent que ces interventions ne sont pas associées à un risque accru de mortinatalité et d'accouchement prématuré, ce qui peut apaiser les inquiétudes quant à leur réalisation chez les femmes enceintes", notent les auteurs.

(JACC: Clinical Electrophysiology, publication en ligne du 14 mai)

Source :

0 commentaire

Pour ajouter un commentaire, vous devez être connecté. Se connecter

Articles les plus lus