La Cnam propose un dépistage systématique organisé de l'hypertension artérielle

Publié le jeudi 26 juin 2025

La Caisse nationale de l'assurance maladie (Cnam) recommande d'organiser un dépistage systématique de l'hypertension artérielle (HTA) dans le cadre de sa stratégie globale de prévention des maladies cardiovasculaires et associées, accompagné d'une grande campagne de sensibilisation, selon son projet de rapport annuel sur les charges et produits pour 2026 publié mardi 24 juin.

Dans ce document de 250 pages, qui doit être adopté par son conseil jeudi 3 juillet, la Cnam entend contribuer à hauteur de 3,9 milliards d'euros (Md€) au respect de l'objectif national des dépenses d'assurance maladie (Ondam) en vue du projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) pour 2026, et formule une soixantaine de propositions pour assurer l'équilibre de la branche à horizon 2030.

Au chapitre prévention, elle souhaite que soit "facilit[é] l'accès de tous les Français à la prévention et aux dépistages en levant les barrières financières et territoriales". Cela concerne notamment la prévention des maladies cardiovasculaires et pathologies associées (MCVA), qui concernent près de 11 millions de personnes en France et représentent 45 millions d'euros de dépenses d'assurance maladie. Cela justifie un "nécessaire développement" du dépistage de ces maladies -comme le diabète et la maladie rénale chronique-, pour lequel l'assurance maladie développe plusieurs leviers d'action, notamment via le dispositif "Mon bilan prévention".

"L'amélioration du dépistage et de la prise en charge de l'hypertension artérielle (HTA) constitue un des axes majeurs de la refonte du parcours 'MCVA', dont l'objectif est de mettre en place une approche globale du risque cardiovasculaire", souligne la Cnam. Si 17 millions de personnes sont concernées par l'HTA, soit un tiers des adultes, son dépistage "demeure nettement perfectible": seul un hypertendu sur deux, en France, a connaissance de son hypertension, selon l'étude Esteban, et 22% des HTA non traitées sont de grade 2 ou 3. "Cette situation contraste avec la fréquence des mesures de pression artérielle (84% de la population déclarent en avoir eu une dans l'année), mais peut s'expliquer par une tendance à banaliser les niveaux de pression artérielle supérieurs à la normale (93% des patients émettent des réserves lors de la prescription d'un traitement antihypertenseur)".

Afin de remédier à cette situation, la Cnam recommande l'organisation du dépistage systématique de l'HTA, "qui constitue un facteur de risque essentiel et insuffisamment contrôlé du champ MCVA". Elle propose en outre que les pharmaciens participent à ce dépistage. Cela doit s'accompagner d'une campagne nationale de sensibilisation à destination du grand public sur l'hypertension "pour rappeler l'importance de ce dépistage et du traitement tant médicamenteux que non médicamenteux".

La Cnam annonce ainsi le déploiement "au printemps 2026" d'une "grande campagne de communication", à l'image de la campagne "Know your numbers" diffusée au Royaume-Uni: les assurés seront invités à "connaître [leurs] chiffres" (pression artérielle, glycémie, cholestérolémie, poids) et à agir sur leur santé cardiovasculaire en conséquence.

Ils pourront pour cela se rapprocher d'un professionnel de santé (y compris un infirmier ou un pharmacien, pour aider à dépister l'hypertension artérielle) et se saisir, "pour les personnes des tranches d'âge concernées, de la possibilité d'un bilan de prévention d'ores et déjà financé (Mon bilan prévention)".

L'assurance maladie compte mettre à disposition un outil pédagogique pour faciliter l'interprétation des résultats et orienter si nécessaire vers le médecin, via Mon espace santé. Elle déploiera également, en aval, une campagne d'information ciblant les médecins généralistes, afin de "lutter contre l'inertie thérapeutique".

Elle suggère par ailleurs de s'appuyer sur la médecine du travail pour développer les dépistages cardiovasculaires, via "une approche plus systématisée de l'évaluation du risque cardiovasculaire en allant au-delà de la prise de tension et de la bandelette urinaire", qui "pourrait permettre l'orientation vers une prise en charge adaptée si nécessaire (bilan biologique, consultation médecin généraliste/cardiologue, ECG…)". "La réévaluation de ce risque de manière itérative par la médecine du travail pourrait également permettre de limiter l'apparition des maladies du champ MCVA (dépistage de l'HTA, du diabète, etc.)".

Projet de rapport "charges et produits" de l'assurance maladie pour 2026

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