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L'Anses alerte sur la surconsommation de réglisse, associée à un risque d'hypertension

Publié le lundi 9 juin 2025

L'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) émet des recommandations afin de prévenir la surconsommation de réglisse, associée à un risque d'hypertension et d'hypokaliémie, mais aussi d'interactions médicamenteuses, dans un avis et un rapport publiés jeudi 12 juin.

La réglisse, ou l'un de ses constituants, l'acide glycyrrhizique, est utilisée dans certains compléments alimentaires ou comme additif dans des boissons et aliments. Entre 2009 et avril 2024, 107 cas d'effets indésirables susceptibles d'être liés à la consommation de produits contenant de l'acide glycyrrhizique ou de la réglisse ont été déclarés au dispositif de Nutrivigilance de l'Anses.

L'analyse de ces cas, ainsi que d'autres recensés dans la littérature, met en évidence "des symptômes d'hypokaliémie et d'hypertension pouvant entraîner des complications cardiovasculaires", commente l'Anses. Ces cas "étaient majoritairement associés à une consommation élevée et répétée de boissons et de confiseries contenant de la réglisse". L'agence s'est donc autosaisie du sujet afin de mener une évaluation des risques sanitaires liés à la consommation de réglisse et aussi de réévaluer la dose maximale journalière d'acide glycyrrhizique à consommer.

Sur la base d'études toxicologiques chez l'animal et chez l'humain, une valeur toxicologique indicative (VTi) pour le danger à court terme a été fixée à 0,14 mg/kg/jour, soit environ 10 mg/jour pour une personne de 70 kg. Les études utilisées mettent principalement en évidence un pseudohyperaldostéronisme à la suite d'une exposition à l'acide glycyrrhizique, "avec pour conséquences un risque cardiovasculaire par une augmentation de la pression artérielle et une hypokaliémie".

Ce seuil est dépassé par environ 60% des adultes consommant des produits contenant de la réglisse ou de l'acide glycyrrhizique, et par 40% des enfants, signale l'Anses, en précisant que 75% des adultes et 95% des enfants français ne sont pas exposés à ces ingrédients dans leur alimentation courante, hors compléments alimentaires. Chez l'adulte, les principaux vecteurs d'acide glycyrrhizique sont les boissons alcoolisées, les confiseries et les boissons chaudes. Chez l'enfant, ce sont les confiseries, les thés et tisanes et les boissons rafraîchissantes sans alcool.

Une mention sur l'étiquette des aliments et boissons

Actuellement, la réglementation prévoit de mentionner la présence de réglisse ou d'acide glycyrrhizique dans les produits alimentaires lorsque leur concentration dépasse 100 mg/kg d'aliments, ou 10 mg/l de boissons, "ce qui paraît élevé au regard de la VTi", commentent les experts de l'Anses dans l'avis. Ils estiment donc "que le seuil au-delà duquel l'étiquetage est obligatoire est trop élevé et ne permet pas d'informer le consommateur de sa consommation réelle d'acide glycyrrhizique".

L'agence préconise donc que les consommateurs soient informés de la présence de réglisse par une mention sur l'étiquette des aliments "dès lors qu'ils en contiennent même en petite quantité".

De plus, il existe des risques d'interactions médicamenteuses pharmacocinétiques, comprenant risque d'hypokaliémie additive et d'effets indésirables associés, avec plusieurs classes de médicaments: diurétiques hypokaliémiants, laxatifs stimulants, glucocorticoïdes, digitaliques, ou encore antihypertenseurs.

Il est donc également recommandé aux consommateurs "de signaler aux professionnels de santé toute consommation de réglisse en cas de pathologies cardiovasculaires, notamment d'hypertension, ou rénales, d'insuffisance hépatique ou d'hypokaliémie, de grossesse ou d'allaitement, ainsi qu'en cas de doute relatif à d'éventuelles interactions médicamenteuses."

(Anses, avis et rapport d'expertise sur l'évaluation des risques relatifs à la consommation alimentaire de réglisse)