2 minutes de lecture
Transplantation réussie d'un cœur après un vol commercial de 12 heures
Publié le mercredi 20 mars 2024
LONDRES, 20 mars 2024 (APMnews) - Pour la première fois, en janvier, un cœur a été transplanté avec succès après avoir traversé l'Atlantique, parcourant 6.750 km entre les Antilles et Paris, "une avancée importante dans le domaine de la greffe d'organes", rapportent deux chirurgiens de l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris (AP-HP) dans un courrier publié par The Lancet.
"Cette transplantation marque le premier exemple d'un don de cœur transporté par avion à travers l'Atlantique, […] un exploit jusqu'à présent inimaginable dans la transplantation d'organe", commentent les Prs Guillaume Lebreton et Pascal Leprince.
Le donneur était un homme de 48 ans, déclaré en état de mort encéphalique trois jours après une hémorragie intracrânienne. L'échocardiographie et l'angiographie coronaire étaient normales et son cœur a été prélevé selon les procédures habituelles puis 16 minutes après, une perfusion hypothermique oxygénée a été initiée avec le système Xvivo* Heart Assist Transport, précisent-ils.
Le cœur a été transporté dans la cabine d'un vol commercial. La conservation et la perfusion, d'une durée totale de respectivement 12h06 et 10h32, se sont déroulées sans problème malgré de fortes turbulences. Arrivé à Paris, il a été transplanté à un homme de 70 ans, atteint d'une cardiomyopathie ischémique terminale et d'une insuffisance rénale chronique. Une fois greffé, le cœur a récupéré immédiatement une fonction biventriculaire normale sans aucun dysfonctionnement. L'index cardiaque était de 3,4 l/min par m² avec seulement une faible dose d'agent inotrope. Le patient a été extubé 10 heures après l'intervention et a quitté l'hôpital 30 jours après.
Ce cas inaugure l'essai clinique PEGASE, qui vise à évaluer la faisabilité de la conservation d'un cœur avec un système de perfusion ex vivo hypothermique sur une période étendue et la récupération d'une fonction cardiaque satisfaisante. Une vingtaine de patients doivent être inclus.
Au-delà de la preuve de concept, les chercheurs veulent pouvoir reproduire cette opération et conserver des coûts de transport supportables dans le cadre d'un vol commercial, et non un vol privé très onéreux. L'objectif à terme est de mettre en place un programme durable de transplantation cardiaque dans les Antilles françaises.
Outre un accès accru à des donneurs, ce cas ouvre la voie à une réorganisation des procédures de transplantation, avec une meilleure planification et des interventions réalisées par des chirurgiens expérimentés, ajoutent les Prs Lebreton et Leprince.
L'étude PEGASE est financée par l'AP-HP, avec la collaboration de l'Institut de cardiologie et de l'institut hospitalo-universitaire "Institut de cardiométabolisme et nutrition" (IHU-ICAN) à La Pitié-Salpêtrière, du CHU de Guadeloupe à Pointe-à-Pitre et du CHU de Martinique à Fort-de-France.
(The Lancet, vol.403, n°10431, p1019)
Dans la même thématique
Articles les plus lus

Un entraînement cognitif semble utile pour prévenir le delirium postopératoire
Publié le 23 avril 2024
Une perfusion d'acides aminés efficace pour réduire le risque d'insuffisance rénale aiguë après chirurgie cardiaque
Publié le mercredi 12 juin 2024
Greffe cardiaque : rapport bénéfice/risque faible pour les biopsies endomyocardiques de surveillance du risque de rejet
Publié le mercredi 10 janvier 2024
Greffe cardiaque: le ratio de masse cardiaque entre donneur et receveur prédictible de la mortalité des greffés français
Publié le jeudi 12 décembre 2024
0 commentaire
Pour ajouter un commentaire, vous devez être connecté. Se connecter