Trop abaisser la pression artérielle semble néfaste pour les hypertendus avec une hypertrophie ventriculaire gauche

Une hypertrophie du ventricule gauche (HVG) est détectée par ECG ou échocardiographie chez environ 40% des hypertendus. Cette HVG est associée à une mauvaise microcirculation myocardique, ce qui peut amplifier les problèmes associés à une réduction intensive de la pression artérielle en raison du manque de pression de perfusion myocardique, expliquent Sondre Heimark de l'université d'Oslo et ses collègues. Or les éléments en faveur d'une réduction de la pression artérielle intensive, ciblant un seuil de 130/80 mmHg plutôt que 140/90 mmHg, sont contradictoires.

Ils ont examiné cela à partir de l'étude VALUE portant sur le valsartan à long terme, qui a inclus 15.245 participants, dont 13.803 sans événement cardiovasculaire dans les six premiers mois après la randomisation. Parmi eux, une HVG a été détectée par ECG chez 2.458 patients.

En prenant pour référence les patients, avec ou sans HVG, ayant atteint une pression systolique moyenne supérieure ou égale à 140 mmHg (en excluant les six premiers mois de l'étude), les chercheurs ont comparé les risques d'événements cardiovasculaires et de mortalité chez les patients atteignant une pression systolique inférieure à 130 mmHg, selon qu'ils présentaient ou non une HVG.

Le critère primaire d'évaluation était la survenue d'un premier événement cardiaque (infarctus fatal ou non fatal, mort subite cardiaque, décès lié à une procédure de revascularisation ou insuffisance cardiaque, insuffisance cardiaque nécessitant une hospitalisation et procédures d'urgence pour prévenir un infarctus).

Dans le groupe avec HVG, le risque de survenue d'un événement du critère primaire était significativement réduit de 28% en cas de pression systolique atteinte de 130 à 139 mmHg, mais pas chez ceux ayant atteint une pression systolique inférieure à 130 mmHg.

Le risque de décès cardiaque était même significativement augmenté de 98% et le risque de mortalité de toute cause de 74% chez les patients avec HVG ayant atteint une pression systolique inférieure à 130 mmHg. Le risque de mortalité non cardiovasculaire était également augmenté de 84%.

Les risques d'accident vasculaire cérébral (AVC) et d'infarctus n'étaient pas significativement réduits avec une pression systolique entre 130 et 139 mmHg ni inférieure à 130 mmHg. Le risque d'insuffisance cardiaque était significativement réduit pour une pression systolique entre 130 et 139 mmHg (-38%) mais pas lorsqu'elle est inférieure à 130 mmHg.

Dans le groupe sans HVG, le critère primaire était significativement réduit de 24% en cas de pression systolique inférieure à 130 mmHg et de 32% entre 130 et 139 mmHg. Le risque de décès cardiovasculaire était réduit de 32% en dessous de 130 mmHg et de 30% entre 130 et 139 mmHg. Le risque d'AVC était également abaissé de 48% en dessous de 130 mmHg et de 34% entre 130 et 139 mmHg, mais pas le risque d'infarctus. Le risque d'insuffisance cardiaque était réduit aux deux seuils de pression systolique.

"Nos données suggèrent qu'une pression systolique cible inférieure à 130 mmHg peut être délétère et devrait être évitée chez les patients hypertendus d'âge moyen et âgés à haut risque ayant une HVG. Nos données suggèrent aussi que l'obtention d'une pression systolique moyenne inférieure à 130 mmHg prévient les événements cardiovasculaires chez les patients hypertendus d'âge moyen ou âgés à haut risque sans HVG", concluent les auteurs, appelant à la prudence dans le traitement des patients hypertendus avec une HVG ciblant des valeurs inférieures à 130 mmHg.

(Hypertension, publication en ligne du 23 juin)

Source: APMnews