3 minutes de lecture
Manger tôt le matin et tôt le soir est associé à un risque réduit de maladies cardiovasculaires et cérébrovasculaires
Publié le lundi 18 décembre 2023
LONDRES, 15 décembre 2023 (APMnews) - L'heure des prises alimentaires pourrait avoir une influence sur la santé cardiovasculaire, les petits-déjeuners tardifs et les dîners tardifs étant associés à une augmentation du risque par rapport à des repas pris plus tôt, selon une étude issue de la cohorte française NutriNet-Santé, parue jeudi dans Nature Communications.
Ce travail a été mené par l'équipe de recherche en épidémiologie nutritionnelle (Cress-Eren, Inserm/Inrae/Cnam/Université Sorbonne Paris Nord/Université Paris Cité), en collaboration avec l'Institut pour la santé globale de Barcelone.
"Nous savons que la qualité nutritionnelle des prises alimentaires est liée à la santé cardiovasculaire, mais nous ne savons pas si le moment de la prise alimentaire peut jouer aussi", a expliqué Bernard Srour de l'équipe de recherche, dernier auteur, contacté par APMnews.
Les perturbations du rythme circadien, comme le travail posté, peuvent être délétères pour la santé et l'alimentation est l'un des synchroniseurs des horloges biologiques, a-t-il rappelé.
De précédentes études chez l'animal et l'homme ont montré qu'une alimentation restreinte à une fenêtre limitée dans le temps semblait bénéfique sur la santé, mais les données épidémiologiques manquent sur le lien entre l'heure des repas et la santé cardiovasculaire en particulier.
Dans cette étude, 103.389 adultes de la cohorte NutriNet-Santé ont été inclus. En moyenne, les participants ont fourni le détail de leur prise alimentaire sur 24 heures 5,7 fois au cours des deux premières années de suivi.
Au cours d'une durée médiane de suivi de 7,2 ans, 2.036 cas de maladies cardiovasculaires incidentes ont été enregistrés: 1.071 coronaropathies -162 infarctus du myocarde, 428 angioplasties, 89 syndromes coronariens aigus et 428 angors- et 988 maladies cérébrovasculaires -253 accidents vasculaires cérébraux (AVC) et 765 accidents ischémiques transitoires (AIT).
L'étude montre que le risque augmente pour les repas tardifs. Pour chaque augmentation d'une heure de la première prise alimentaire, le risque de maladie cardiovasculaire est accru de 6% et pour chaque augmentation d'une heure de la dernière prise, le risque de maladie cérébrovasculaire est accru de 8%.
Par exemple, une personne qui a l'habitude de manger à 9 heures aurait 6% de risque en plus de maladie cardiovasculaire par rapport à une personne qui aurait l'habitude de manger à 8 heures et une personne qui mange à 21 heures le soir 8% de risque cérébrovasculaire en plus qu'une personne ayant une dernière prise alimentaire à 20 heures.
"Nous avons globalement observé des associations linéaires: plus on retarde la prise alimentaire, plus l'effet va être prononcé et plus on mange de bonne heure, plus on va bénéficier d'une association protectrice", a résumé Bernard Srour.
Un jeûne nocturne prolongé associé à une première prise alimentaire tôt semble le plus bénéfique
L'étude montre aussi le bénéfice d'une période de jeûne prolongée: une réduction du risque de 7% de maladie cérébrovasculaire a été observée par augmentation d'une heure de la durée du jeûne.
"Nous avons été surpris de voir à la fois qu'un jeûne prolongé et une première prise alimentaire tôt seraient bénéfiques: cela plaide pour un effet protecteur d'un jeûne nocturne long qui commencerait tôt dans la soirée et qui serait rompu tôt le matin", a commenté Bernard Srour, précisant qu'un tel constat avait été retrouvé pour le risque de diabète de type 2 dans une autre étude issue de la cohorte NutriNet-Santé et parue en juin dans l'International Journal of Epidemiology.
Globalement, les résultats suggèrent des associations plus fortes entre le moment de la prise alimentaire et le risque cardiovasculaire chez les femmes que chez les hommes ainsi que des associations plus prononcées pour les maladies cérébrovasculaires que pour les maladies coronariennes. La prédominance des femmes dans la cohorte NutriNet-Santé (79%) peut toutefois représenter un biais.
"Ces résultats doivent être répliqués dans d'autres études de cohorte, mais aussi des études expérimentales et interventionnelles, pour observer comment ces comportements peuvent agir sur la résistance à l'insuline et le bilan lipidique à court terme, qui sont des facteurs de risque cardiovasculaires, et ainsi aller plus loin dans la compréhension causale de ces associations", a conclu Bernard Srour. "Nous disposons d'échantillons sanguins de 20.000 participants de la cohorte NutriNet-Santé qui nous permettront de regarder si certains marqueurs de l'inflammation, du stress oxydant ou du métabolisme peuvent médier ces associations."
La cohorte NutriNet-Santé continue d'inclure de nouveaux volontaires, âgés d'au moins 15 ans: l'inscription se fait en ligne sur le site etude-nutrinet-sante.fr.
(Nature Communications, publication en ligne du 14 décembre)
Source: APMnews
Dans la même thématique
Articles les plus lus

Score calcique coronaire : des indications claires dans le diabète, mais pas encore en population générale
Publié le mardi 24 octobre 2023
La troponine cardiaque associée à un risque accru d'infarctus, chez les patients atteints d'une maladie coronarienne stable
Publié le vendredi 25 août 2023
Coronaropathie : la rosuvastatine et l'atorvastatine aussi efficaces à trois ans, mais avec un risque accru de diabète
Publié le jeudi 26 octobre 2023
Suivre l'évolution temporelle du NT-proBNP serait efficace pour détecter les personnes les plus à risque d'insuffisance cardiaque
Publié le vendredi 17 février 2023
0 commentaire
Pour ajouter un commentaire, vous devez être connecté. Se connecter