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En prévention primaire, réduire le LDL-cholestérol est aussi bénéfique chez les plus de 70 ans que chez les individus plus jeunes

Publié le jeudi 12 octobre 2023

APM news

WASHINGTON, 11 octobre 2023 (APMnews) - La réduction du LDL-cholestérol (LDL-C) associée à la prise d'un traitement hypolipémiant permet de réduire de près de 25% le risque d'événements cardiovasculaires majeurs en prévention primaire aussi bien chez les patients âgés de 70 ans et plus que chez ceux âgés de 50 à 70 ans, selon une étude de cohorte danoise publiée dans le Journal of the American College of Cardiology (JACC).

De précédentes études ont déjà montré que la réduction du LDL-C par un traitement hypolipémiant diminue le risque de maladie cardiovasculaire en prévention primaire chez les moins de 70 ans. "Toutefois, les données sont rares pour les personnes âgées, car elles sont généralement sous-représentées dans les essais", écrivent Niklas Worm Andersson de l'Institut Statens Serum de Copenhague au Danemark et ses collègues. En conséquence, les recommandations américaines et européennes ne sont associées qu'à un faible niveau de preuve dans cette population.

"Etant donné que la proportion et le nombre de personnes âgées dans la société augmentent rapidement dans le monde entier et que le risque de maladie cardiovasculaire athéroscléreuse augmente avec l'âge, des données permettant de combler ces lacunes sont nécessaires pour soutenir les stratégies de prévention cardiovasculaire et les politiques de santé destinées aux populations vieillissantes", estiment les auteurs.

Dans cette cohorte danoise issue de registres nationaux et incluant 65.190 individus de 50 ans et plus, les auteurs ont ainsi comparé une population de 16.035 personnes âgées de 70 ans et plus à une population de 49.155 personnes de moins de 70 ans. Tous les participants ont commencé un traitement hypolipémiant (statines seules ou en association avec d'autres médicaments hypolipémiants) entre le 1er janvier 2008 et le 31 octobre 2017 en prévention primaire (aucun n'avait d'antécédent de maladie cardiovasculaire athéroscléreuse). "Nous avons utilisé peu de critères d'exclusion afin que la cohorte reflète la pratique clinique", soulignent les auteurs.

Chaque participant disposait d'une mesure du LDL-C à l'inclusion et d'une seconde mesure prise dans un délai d'un an après le début du traitement. La réduction médiane du LDL-C était de 1,7 mmol/l dans les deux groupes, soit une réduction de 45,2% dans le groupe ≥ 70 ans et de 43,6% dans le groupe < 70 ans.

Aucune différence observée entre les deux groupes dans les analyses secondaires

Le critère de jugement principal était l'hospitalisation due à un événement vasculaire majeur, défini selon un critère composite incluant syndrome coronarien aigu, accident vasculaire cérébral non hémorragique et revascularisation coronarienne.

Au cours d'un suivi médian de 2,5 ans (avec début du suivi 1 an après le début du traitement), 626 personnes ≥ 70 ans et 1.123 < 70 ans ont été hospitalisées pour un événement vasculaire majeur sur 46.543 et 158.321 personnes-années de suivi respectivement, soit un taux d'incidence respectif de 13,4 et 7,1/1.000 personnes-années.

Chez les participants ≥ 70 ans, chaque réduction de 1 mmol/l du LDL-C était significativement associée à une diminution du risque d'événements vasculaires majeurs de 23%, tout comme chez ceux de moins de 70 ans où une diminution du risque de 24% a été retrouvée, la différence entre les deux n'étant pas statistiquement significative.

Les hospitalisations pour syndrome coronarien aigu, accident vasculaire cérébral non hémorragique et revascularisation coronarienne ont ensuite été évaluées individuellement en tant que critères secondaires, avec la mortalité toutes causes. "Les différences de risque relatif des résultats secondaires cardiovasculaires individuels pour une réduction de 1 mmol/l du LDL-C étaient d'une ampleur similaire à celles observées dans l'analyse primaire, et nous n'avons pas trouvé de différences significatives dans les associations entre les personnes plus âgées et plus jeunes", résument les auteurs. Aucune association n'a été retrouvée avec la mortalité toutes causes quel que soit le groupe.

Cette étude montre ainsi que le bénéfice clinique des traitements hypolipémiants en prévention primaire ne s'atténue pas avec l'âge.

Les résultats d'un essai clinique attendus

"Nos résultats, basés sur un échantillon important et représentatif d'une population générale contemporaine, pourraient contribuer à éclairer les futures recommandations et les discussions clinicien-patient sur le bénéfice clinique observé de la réduction du LDL-C chez les personnes âgées en prévention primaire des maladies cardiovasculaires au cours des soins cliniques de routine", considèrent les auteurs.

Dans un éditorial associé, Safi Khan du département de cardiologie du Centre Houston Methodist DeBakey Heart and Vascular au Texas estime que cette étude apporte des informations précieuses sur les effets des traitements hypolipémiants en population âgée, mais regrette l'absence de prise en compte des données sur les principaux facteurs de risque cardiovasculaires (tabagisme, pression artérielle, indice de masse corporelle) et des effets indésirables des traitements. "Il est particulièrement important d'équilibrer les risques et les bénéfices dans le cadre de la prévention primaire, et plus encore dans la population âgée, où des affections telles que les myalgies induites par les statines peuvent avoir un impact disproportionné", détaille-t-il.

Il espère que l'essai contrôlé randomisé STAREE comparant une statine à un placebo chez plus de 18.000 patients âgés de 70 ans et plus, sans maladie cardiovasculaire athéroscléreuse, apportera de nouveaux éléments.

(JACC, publication en ligne du 3 octobre)

Source: APMnews

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