La non-adhésion thérapeutique dans les pathologies chroniques : prévalence et impact

Mis à jour le lundi 21 mars 2022
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Michel Azizi

Pr Michel Azizi
Hypertensiologue et médecin vasculaire
HEGP, Paris

Estimer la prévalence de la non-adhésion thérapeutique est complexe du fait de l’hétérogénéité des méthodes d’évaluation et de leur sensibilité. Le rapport de l’OMS de 2003 estimait que pour l’ensemble des pathologies chroniques dans les pays à haut niveau de ressources, la proportion de patients ayant une adhésion parfaite au traitement ne dépassait pas en moyenne 50 %, ce chiffre étant beaucoup faible dans les pays à faible niveau de ressources (0 -20 %).

Pour le diabète, la notion d’adhésion regroupe la réalisation des autocontrôles glycémiques, et le suivi des règles diététiques et du traitement médicamenteux. Dans le diabète de type 1, seuls 40 % des adultes réalisent des autocontrôles glycémiques à la fréquence recommandée. Dans le diabète de type 2, seuls 15 % des patients ont une adhésion parfaite à 1 an sur la base de données de dispensation pharmaceutiques. De façon globale, on estime qu’environ 1/3 des patients n’atteignent pas le contrôle glycémique à cause de problèmes de non-adhésion thérapeutique.

Dans l’HTA, la non-adhésion thérapeutique est un phénomène majeur. On estime que 20 % des patients n’initieront jamais leur traitement antihypertenseur dès la première prescription et que, pour ceux qui initient leur traitement, seuls 50 % continueront le traitement correctement après un an de suivi. Malgré un arsenal thérapeutique ayant fait la preuve de son efficacité, la non-adhésion thérapeutique est considéré comme premier facteur d’échec thérapeutique avec l’inertie médicale.

En France, l’enquête ESTEBAN, conduite en 2016, a montré que :

  • près de 30 % de la population française a une HTA
  • seul 1 patient hypertendu sur 2 est diagnostiqué et a connaissance de sa condition
  • parmi eux, environ 1 patient hypertendu sur 2 reçoit un traitement
  • parmi eux, environ 1 patient hypertendu sur 2 atteint les objectifs tensionnels
  • parmi les traités, seul 1/3 a une adhésion correcte au traitement

La non-adhésion thérapeutique peut atteindre des chiffres très élevés (60 à 80 %) au cours de l’HTA résistante au traitement (c’est-à-dire à au moins une trithérapie associant IEC ou ARA2, inhibiteur calcique, et diurétique thiazidique ou apparenté).

 

Le phénomène de résistance au traitement antihypertenseur est associé à un plus grand risque d’atteinte des organes cibles et une probabilité plus élevée de complications cardiovasculaires, amplifié par la non-adhésion au traitement.

Toutes pathologies confondues, on estime que la non-adhésion thérapeutique est responsable de 10 % de l’ensemble des hospitalisations de la population adulte âgée et de 200 000 décès prématurés en Europe par an.

Les patients ayant une adhésion thérapeutique moindre ont une mortalité environ deux fois supérieure aux patients ayant une adhésion correcte dans le diabète et les pathologies cardiovasculaires.

 

 

Retrouvez l'intégralité du dossier spécial "Les maladies chroniques et l’adhésion thérapeutique (HTA, hypercholestérolémie, etc.)"

 

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