Vaccination et prévention cardiovasculaire : les recommandations de l’infectiologue
La vaccination s'impose désormais comme une nouvelle dimension de la prévention cardiovasculaire. Grippe, Covid, zona, pneumocoque, VRS... Valérie Pourcher, infectiologue à la Pitié-Salpêtrière, détaille les bénéfices pour chaque pathologie et revient sur les nouveaux vaccins disponibles ainsi que les stratégies combinées et les rappels adaptés en fonction du profil des patients.
Publié le mardi 14 octobre 2025
Intervenant(s) :
Valérie PourcherRetranscription de l'interview
On sait que la vaccination est extrêmement importante car les patients qui ont des pathologies chroniques, entre autres cardio-vasculaires, risquent de décompenser leur maladie cardiaque à l'occasion d'une infection, comme par exemple, une grippe, un Covid ou une pneumopathie à pneumocoque. Les vacciner permet de les protéger contre ce risque de décompenser la maladie sous-jacente.
Quels vaccins pour réduire le risque de décompensation de la maladie cardiovasculaire ?
Comme en population générale, il ne faut pas oublier le vaccin DTP (diphtérie, tétanos, poliomyélite). Le DTP c'est tous les 20 ans à partir de 25 ans, puis tous les 10 ans à partir de 65 ans, c'est extrêmement important parce que la couverture vaccinale reste sous-optimale en France.
Il y a bien sûr la grippe, le Covid, le VRS chez les plus de 65 ans avec des comorbidités entre autres cardiaques, le pneumocoque, c'est extrêmement important, et bien sûr le zona. Après, en fonction des risques spécifiques, le patient cardiopathe peut voyager, donc on pourra être amené aussi à discuter d'autres vaccins.
Quelle vaccination contre la grippe ?
Il est établi que la grippe est responsable chaque année de décès mais aussi de décompensations de pathologies chroniques et entre autres des pathologies cardiaques chroniques, il faut donc protéger les patients. Les vaccins contre la grippe sont pour tous les patients qui ont une pathologie cardiaque sous-jacente ou d'autres pathologies chroniques ou pour les plus de 65 ans.
Cette année, il y aura les vaccins grippaux classiques et des vaccins qui seront plus immunogènes, soit renforcés par un adjuvent, soit renforcés par plus de quantité d'antigènes plus importantes. Ces vaccins vont avoir une efficacité renforcée, on a des données qui montrent que chez le sujet plus âgé ou immunodéprimé, les réponses vaccinales seront meilleures, donc ils devraient plus protéger. La vaccination contre la grippe, c'est en général mi-octobre, fin octobre qu'elle débute, il faut penser que les pharmaciens peuvent maintenant vacciner les patients, c'est un moyen important pour avoir une meilleure couverture vaccinale. On profitera de la vaccination grippe pour faire une injection de vaccin contre le Covid.
Quelles nouvelles modalités de vaccination contre les infections à pneumocoques ?
La vaccination contre les infections à pneumocoques est vraiment quelque chose d'extrêmement important et la couverture vaccinale, les dernières données que l'on avait remontent un peu, mais le taux de couverture vaccinale contre le pneumocoque chez les patients qui devaient être vaccinés était de 4 %. C'était une vaccination compliquée à l'époque car on devait faire d’abord le vaccin 13-valent puis 2 mois après le vaccin 23-valent avec un rappel 5 ans après. On a la chance d'avoir depuis l'année dernière un vaccin 20-valent qui offre la possibilité d'avoir une seule injection sans rappel en tout cas à ce jour, c'est un vaccin qui est beaucoup plus immunogène avec une réponse qui perdure au cours du temps. Les patients pour cette vaccination sont les immunodéprimés, il faut penser aux transplantés et les plus de 65 ans.
Ce vaccin-là à l'heure actuelle, c’est donc une injection unique d’une dose de vaccin 20-valent. Pour les patients qui auraient eu une vaccination complète avec le 13 puis le 23-valent le rappel est à 5 ans avec le vaccin 20-valent. Pour ceux qui auraient eu soit une injection du 13 valent soit une injection du 23-valent, donc une vaccination non optimale, on attend 1 an et on fait une injection du vaccin 20-valent.
Un point important aussi, c'est qu'il y a un vaccin contre le pneumocoque à 21-valent qui a eu son autorisation de mise sur le marché au printemps mais qui n'est pas encore disponible en France. Il aura probablement la même cible de patients, les immunodéprimés de plus de 18 ans et les sujets de plus de 65 ans, mais sa position par rapport au vaccin 20-valent n'est pas encore connue.
Quelles recommandations pour la vaccination contre les infections à virus respiratoire syncitial (VRS) ?
Le VRS est un virus pourvoyeur de nombreuses décompensations de pathologies chroniques entre autres cardiaques, responsables d'hospitalisation et de décès surtout chez les sujets plus âgés. Il existe plusieurs vaccins, dont 2 qui sont disponibles en France, mais qui n'ont pas encore de remboursement prévu pour cette année. Dans le calendrier vaccinal, ils sont mentionnés pour les patients de plus de 65 ans avec comorbidité cardiaque ou pulmonaire et les plus de 75 ans Il y a donc un bénéfice de ce vaccin mais pour l'instant pas de prise en charge.
Quelle vaccination contre le Covid fin 2025 ?
Il est établi que la vaccination Covid est toujours intéressante. Nous n’avons pas encore de lignes directrices sur ce qu’il va falloir faire pour cette année par rapport à l'épidémie mondiale, mais ce qui est recommandé chez les plus de 65 ans et les immunodéprimés à partir de 18 ans, c'est une vaccination à l'automne que l’on peut coupler avec la grippe et une vaccination au printemps.
Il ne faut pas hésiter à l'automne à coupler les vaccins contre la grippe et le Covid, et pour les patients qui n'auraient pas eu la vaccination contre le pneumocoque de la proposer aussi ; il est possible de faire ces 3 vaccins le même jour, en 3 lieux d’injections différents ou sinon les décaler de quelques jours.
Pourquoi une vaccination contre le zona chez les patients cardiaques ?
On sait que le zona en tant que maladie est responsable d’événements cardiaques et qu’il y a une morbidité importante avec les douleurs post-zostériennes qui peuvent vraiment impacter la qualité de vie des patients ; et que le zona survient au-delà de 50/60 ans où la prévalence est la plus élevée.
La vaccination contre le zona que l'on a à l'heure actuelle est un vaccin non vivant contrairement à celui antérieur, qui s’adresse aux patients de plus de 65 ans en population générale et chez des patients de plus de 18 ans immunodéprimés avec 2 injections à 2 mois d'intervalle.
Comment améliorer la protection vaccinale de nos patients en cardiologie ?
Il est essentiel de proposer largement la vaccination aux patients avec une pathologie cardio-vasculaire, et mettre à jour et suivre au mieux leur calendrier vaccinal. Le rappel du vaccin DTP doit être fait tous les 10 ans, le vaccin contre le pneumocoque tous les 5 ans, le vaccin contre le Covid, celui contre la grippe et contre, le VRS, même s'il n'y a pas de encore remboursement, et puis celui contre le zona.
Ce sont des vaccinations importantes pour le patient, mais il faut également penser à le protéger en vaccinant l'entourage. Les stratégies de « cocooning » permettent de protéger encore mieux les patients. Et bien sûr, nous sommes soignants, et il faut vraiment privilégier cette vaccination des soignants pour pouvoir préserver nos patients. En nous vaccinant contre la grippe et le Covid, nous protégeons nos patients.
Il faut profiter aussi de l'opportunité que les pharmaciens puissent vacciner nos patients et ne pas hésiter à faire des ordonnances, le pharmacien pourra à la fois délivrer et injecter le vaccin, cela permet on d'améliorer la couverture vaccinale en France.
Voir l'intégralité du dossier maladies cardiovasculaires et vaccinations
Ce contenu vous est proposée avec le soutien institutionnel de :
Ce dossier a été réalisé en toute indépendance et sous la seule responsabilité des auteurs, du coordonnateur et du directeur de la publication, qui sont garants de l'objectivité de l'information délivrée. L'objectif de ce document est de fournir des informations sur l'état actuel de la recherche. Les données présentées sont susceptibles de ne pas être validées par les autorités françaises. Le Comité Éditorial de Cardio-online est consultable en cliquant ici. Directeur de la publication : Frédéric Doncieux