Consensus clinique de l'ESC 2025 : la vaccination, une nouvelle forme de prévention cardiovasculaire

François Roubille, cardiologue au CHU de Montpellier, qui a participé aux recommandations pratiques du consensus clinique de la Société Européenne de Cardiologie, explique ici pourquoi la nécessité d'un tel document et pourquoi la vaccination doit devenir un pilier de la prévention cardiovasculaire.

Publié le jeudi 18 septembre 2025

Intervenant(s) :

François Roubille

Retranscription de l'interview

Le travail de consensus de la Société Européenne de Cardiologie publié en juin 2025 porte sur la place de la vaccination dans la prise en charge des patients en cardiologie. Ce consensus clinique part du constat que le taux de protection de nos patients est extrêmement faible alors qu'il existe un lien fort entre agents infectieux et décompensation des pathologies cardiaques, voire constitution de ces pathologies cardiaques alors que l’on dispose de vaccins efficaces. Il y avait donc la nécessité d’un consensus pour faire changer le paradigme et présenter la vaccination comme un pilier essentiel de la prévention cardio-vasculaire.

Quelles sont les preuves des interactions entre infections et événements cardiovasculaires ?

Les preuves entre les agents infectieux et l'aggravation des pathologies cardio-vasculaires sont très fortes en particulier concernant la grippe. On sait qu’il y a une augmentation de la morbi-mortalité cardio-vasculaire et de la mortalité toute cause après infection par la grippe. C'est également le cas pour le pneumocoque en particulier avec plus d’hospitalisations, c’est la première cause de décompensation d'origine infectieuse respiratoire menant à une hospitalisation en cas d'insuffisance cardiaque. Les preuves sont également fortes concernant d'autres agents comme le VRS, l'agent de la bronchiolite, on l'a bien connu durant l'hiver précédent. D'autres preuves également sont intéressantes sur l'inflammation chronique ou la décompensation avec le zona.

Inversement, prévenir les infections et les prévenir en particulier par les vaccins a montré la diminution des événements cardio-vasculaires, avec, très récemment, de grandes publications consistantes concernant la grippe; des publications avec des données françaises concernant le pneumocoque; et des données également très intéressantes concernant le VRS.

Quelles sont les vaccinations recommandées dans le document de consensus de l’ESC ?

Le document de consensus se veut très pragmatique, il suit les recommandations nationales. La première chose est de mettre à jour le calendrier vaccinal des patients pour la vaccination suivant le schéma vaccinal qui est en permanence en train d'évoluer. Cela veut dire les vaccins non spécifiquement cardio-vasculaires mais aussi la vaccination annuelle contre la grippe, pour laquelle on a le plus haut niveau de preuve en particulier chez les patients coronariens ; la vaccination contre le pneumocoque qui est valable au moins 5 ans; on espère la vaccination contre le VRS quand le vaccin sera remboursé en France, et la vaccination contre le zona.

Pour le pneumocoque, la vaccination s’est simplifiée, le critère d’âge est de 65 ans avec un schéma simplifié en une seule injection. Pour la grippe différents vaccins sont disponibles avec des données intéressantes portant sur les vaccins à forte dose d’antigènes ou avec adjuvant.

Comment renforcer la protection vaccinale des patients en cardiologie ?

Concernant la grippe, nous partons autour d’une protection de 50 % des patients avec une insuffisance cardiaque et de seulement 15 % par rapport aux infections à pneumocoques dans cette même population. Il y a donc un travail collectif à faire qui doit impliquer bien sûr les médecins généralistes, les nouveaux métiers, les infirmières, les IPA, les pharmaciens qui se sont emparés de la vaccination depuis la pandémie COVID et aussi le cardiologue. Il faut sensibiliser le patient, l'aider à adhérer au projet proposé par le médecin traitant, et tracer le statut vaccinal va être une aide considérable. Cela doit être comme les antécédents, comme le traitement reçu par le patient connaître son statut vaccinal devrait figurer dans nos dossiers et courriers de synthèse pour qu'on puisse faciliter la mise à jour en aidant le patient à mettre à jour son schéma vaccinal.

Les lignes bougent, culturellement le message passe, nous avons compris qu'il fallait s'emparer de la vaccination parce que c'est une vraie protection pour nos patients. La Société Française de Cardiologie travaille sur un registre qui permettra à la fois d'avoir une meilleure vision de la protection de nos patients et d'identifier des freins sur lesquels travailler pour améliorer la protection vaccinale de nos patients.

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Ce dossier a été réalisé en toute indépendance et sous la seule responsabilité des auteurs, du coordonnateur et du directeur de la publication, qui sont garants de l'objectivité de l'information délivrée. L'objectif de ce document est de fournir des informations sur l'état actuel de la recherche. Les données présentées sont susceptibles de ne pas être validées par les autorités françaises. Le Comité Éditorial de Cardio-online est consultable en cliquant ici. Directeur de la publication : Frédéric Doncieux