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Les femmes ont un accès moindre au suivi cardiologique après hospitalisation pour insuffisance cardiaque
Publié le jeudi 1 février 2024
PARIS, 1er février 2024 (APMnews) - Après hospitalisation pour décompensation cardiaque, les femmes ont un moindre accès aux ressources médicales, pointe une étude menée par le CHU de Nancy, l'assurance maladie et l'université de Lorraine et présentée lors des Journées européennes de la Société française de cardiologie (JESFC) à Paris.
"Nous savons qu'une prise en charge optimale permet d'éviter les réhospitalisations et les complications", a rappelé Ouarda Pereira de la direction régionale du service médical Grand Est de Nancy, qui a présenté les résultats. "L'hospitalisation pour insuffisance cardiaque est un marqueur majeur de sévérité. Peu d'études ont analysé la différence entre femmes et hommes, que ce soit dans la consommation de soins ou sur le pronostic de la pathologie."
L'étude s'est appuyée sur le système national des données de santé (SNDS): un peu plus de 67.000 patients de la région Grand Est de 18 ans et plus hospitalisés pour insuffisance cardiaque entre 2016 et 2020 ont été inclus et suivis entre un et six ans.
"De manière générale, on observe une moindre consommation de soins dans les trois mois qui suivent l'hospitalisation chez les femmes que chez les hommes, que ce soit pour le médecin généraliste ou le cardiologue", a rapporté Ouarda Pereira, précisant que la Haute autorité de santé (HAS) recommande de consulter un médecin généraliste 15 jours après la sortie d'hospitalisation et un cardiologue dans les deux mois.
Ces résultats ont fait l'objet d'une première publication en décembre dans l'European Journal of Heart Failure sur le rôle des visites de suivi après sortie d'hospitalisation. "Nous avons montré que le fait d'être une femme, dans la région Grand Est, était associé à un accès moins bon au cardiologue. Par rapport aux hommes, les femmes avaient 23% d'accès en moins au cardiologue, alors que l'on avait ajusté sur l'âge, le sexe et les comorbidités", a rapporté à APMnews le Dr Guillaume Baudry, auteur principal de cette étude et cardiologue au Centre d'investigation clinique plurithématique Pierre-Drouin de Vandœuvre-lès-Nancy.
L'accès au médecin généraliste était réduit de 3% chez les femmes et l'accès au suivi combinant généraliste et cardiologue de 18%.
"A partir de ces résultats qui nous avaient surpris, nous avons souhaité faire un papier dédié à la différence de suivi entre les hommes et les femmes afin d'affiner les résultats", a précisé Guillaume Baudry. Cet article sera soumis pour publication dans le courant du premier semestre de 2024, a indiqué à APMnews Ouarda Pereira.
Au-delà des consultations avec un généraliste et un cardiologue, Ouarda Pereira a relevé, lors des JESFC, que les femmes étaient associées à un risque également diminué d'accéder aux examens biologiques et au dosage des peptides natriurétiques, respectivement de 2% et 5%.
Le taux de décès intrahospitaliers était par ailleurs de 8%, autant chez les hommes que chez les femmes.
"Nous avons montré qu'un suivi cardiologique conforme aux recommandations après hospitalisation pour décompensation cardiaque présente les mêmes bénéfices sur la mortalité pour les femmes comme pour les hommes, mais les femmes ont un accès limité aux ressources médicales", a-t-elle souligné. "Améliorer le suivi cardiologique pour les femmes après hospitalisation pour décompensation cardiaque permettrait d'améliorer le pronostic dans cette population."
(European Journal of Heart Failure, publication en ligne du 7 décembre 2023)
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