Hématome sous-dural chronique: l'embolisation de l'artère méningée moyenne bénéfique en ajout des soins standard

Publié le vendredi 9 février 2024

APM news

PHOENIX (Arizona), 9 février 2024 (APMnews) - L'embolisation de l'artère méningée moyenne avec l'agent embolique liquide Squid* (Balt Extrusion), en complément d'une prise en charge standard, a significativement réduit le taux d'échec par rapport à une prise en charge standard seule chez des patients présentant un hématome sous-dural chronique, dans un essai américain présenté vendredi en session late-breaking de l'International Stroke Conference (ISC) à Phoenix.

L'hématome sous-dural chronique est une cause commune et croissante de handicap et de décès. Son incidence augmente dans un contexte de vieillissement de la population et elle devrait constituer le motif le plus fréquent d'intervention chirurgicale crânienne d'ici à 2030, pointent Adam Arthur de la Semmes-Murphey Neurological Clinic à Memphis (Tennessee) et ses collègues, dans leur diaporama.

Si différentes prises en charge existent, et notamment chirurgicales, les récidives sont communes et par ailleurs, la population à risque inclut beaucoup de patients âgés pour lesquels une intervention chirurgicale présente des risques importants, ajoutent-ils.

Ils ont conduit l'essai randomisé et contrôlé STEM afin de comparer la sécurité et l'efficacité d'une prise en charge standard seule (chirurgicale ou non) avec celles d'une prise en charge standard complémentée d'une embolisation de l'artère méningée moyenne avec Squid* -un agent embolique liquide non adhésif composé d'un polymère EVOH (éthylène alcool de vinyle) dissout dans du DMSO (diméthylsulfoxyde) et de la poudre de tantale micronisée.

Pour être inclus, les patients devaient être âgés d'au moins 30 ans, présenter un hématome sous-dural chronique d'au moins 10 mm d'épaisseur sur la zone la plus épaisse et exerçant un effet de masse, ainsi que des symptômes neurologiques clairs (céphalées, déclin cognitif, problèmes d'élocution ou aphasie, troubles de l'équilibre ou de la marche, crises épileptiques…).

Les 310 patients inclus, recrutés dans quatre pays (France, Etats-Unis, Allemagne et Espagne) entre novembre 2020 et mai 2023, ont été randomisés entre quatre groupes, dont 189 avec une prise en charge chirurgicale précédée ou non d'une embolisation de l'artère méningée moyenne (respectivement 91 et 98 patients), et 121 avec une prise en charge non chirurgicale dont 58 avec une embolisation de l'artère méningée moyenne.

Ils étaient âgés de 73 ans en moyenne et 70% étaient des hommes.

Le critère de jugement principal était défini par un échec thérapeutique, c'est-à-dire un hématome résiduel ou ayant reprogressé à 180 jours post-intervention, une nouvelle intervention chirurgicale au cours des 180 jours suivant la randomisation ou un accident vasculaire cérébral (AVC) majeur, un infarctus du myocarde ou un décès dans cette même fenêtre de 180 jours post-randomisation.

Les résultats montrent que le taux d'échec a été de 39% chez les patients recevant une prise en charge standard seule contre 15% chez ceux ayant également bénéficié d'une embolisation de l'artère méningée moyenne par Squid*. L'odds ratio (OR) était de 3,6 et significatif, en faveur de l'intervention combinant soins standard et embolisation.

Une analyse par sous-groupes a révélé un taux d'échec de 25% avec la chirurgie seule et de 12% avec la chirurgie précédée de l'embolisation (avec un OR de 2,4 qui n'était toutefois pas significatif), ainsi qu'un taux d'échec de 59% avec la prise en charge non chirurgicale seule et de 19% lorsqu'elle était complémentée d'une embolisation (avec un OR de 6,1 significatif).

Au total 9 décès ont été recensés, dont 4 dans le groupe embolisation et 5 dans le groupe contrôle. Les chercheurs précisent qu'aucun décès n'a été attribué à la procédure d'embolisation ou au dispositif utilisé.
Un cas d'AVC majeur et handicapant a été observé dans le groupe contrôle et aucun dans le groupe embolisation.

"L'embolisation de l'artère méningée moyenne est prometteuse en ajout des prises en charge chirurgicale ou médicale dans le traitement des hématomes sous-duraux chroniques", concluent les chercheurs.

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