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AHA 2022 : l'étude EMPA-KIDNEY
Publié le dimanche 13 novembre 2022
Auteur :
Théo Pezel
CHU Lariboisière, APHP
Paris
En direct de l'AHA Congress 2022
“EMPA-KIDNEY trial: primary results”, présenté à l’AHA 2022 par David Preiss (Angleterre), dimanche 6 novembre 2022.
Messages clés
- L'Empagliflozine a réduit de 28% le critère principal composite incluant la progression de la maladie rénale ou le décès cardiovasculaire par rapport au placebo (13,1 % contre 16,9 % ; HR 0,72 ; IC à 95 % 0,64-0,82) chez les patients avec insuffisance rénale chronique.
- A noter également que l'Empagliflozine réduit de 14% le risque d'hospitalisation toutes causes mais sans effet significatif sur la mortalité toute cause.
- Résultats cohérents avec une efficacité sur les critères de progression de la maladie rénale indépendamment des maladies cardiovasculaires préexistantes ou du fait d’être diabétique de type 2 ou non.
Introduction
EMPA-KIDNEY est le plus grand et le plus vaste essai dédié à l’évaluation de l’effet d’un inhibiteur SGLT2 à ce jour. Il comprenait 6 609 participants avec IRC pour un large éventail de causes sous-jacentes, dont beaucoup présentaient des comorbidités dans tout le spectre des affections cardiovasculaires, rénales ou métaboliques.
Objectif de l'étude
Évaluer l’efficacité de l'Empagliflozine comparé au placebo sur la réduction d’un critère composite incluant décès cardiovasculaire ou progression de l'insuffisance rénale chez des patients insuffisants rénaux chroniques.
Design
L'essai randomisé EMPA-KIDNEY, mené dans des centres de 8 pays, a recruté des patients atteints d'IRC qui présentaient un risque de progression de la maladie, randomisés pour recevoir 10 mg d'Empagliflozine une fois par jour ou un placebo.
Population
Patients atteints d'IRC qui présentaient un risque de progression de la maladie, défini comme :
- soit un DFG entre 20 et 40 mL/min/1,73 m2
- soit un DFG entre 40 et 90 mL/min/1,73 m2 et un rapport albumine/créatinine urinaire ≥ 200 mg/g.
Critères de jugement
Le critère de jugement principal était un critère composite incluant décès d'origine cardiovasculaire ou de progression de l'insuffisance rénale, qui incluait l'insuffisance rénale terminale, la mort de cause rénale ou une baisse soutenue du DFG (de ≥ 40 % ou jusqu'à < 10 mL/min/1,73 m2).
Résultats
- Au total, 6 609 patients (âge moyen 64 ans et 33 % de femmes) avec un DFG moyen de 37 mL/min/1,73 m2 ; ce qui est considérablement inférieur à ce qui a été atteint dans tout essai précédent de ces médicaments.
- La proportion de patients non diabétiques (54 %) était également plus faible que dans des essais comparables. Dans l'ensemble, 26 % avaient une MCV préexistante.
- L'Empagliflozine a réduit le critère de jugement principal incluant la progression de la maladie rénale ou le décès cardiovasculaire par rapport au placebo (13,1 % contre 16,9 % ; HR 0,72 ; IC à 95 % 0,64-0,82) chez les patients avec insuffisance rénale chronique.
- En ce qui concerne les critères d'évaluation cardiovasculaires secondaires, il n'y avait que des tendances non significatives vers des risques plus faibles :
- d'hospitalisation pour IC (HR 0,80 ; IC à 95 % 0,60-1,06),
- de décès CV/d'hospitalisation pour IC (HR 0,84 ; IC à 95 % 0,67-1,07)
- et de MACE (HR 0,93 ; IC à 95 % 0,76-1,12).
- L'Empagliflozine a également réduit le risque d'hospitalisation toutes causes (HR 0,86 ; IC à 95 % 0,78-0,95).
- Les décès toutes causes confondues n'étaient pas non plus significativement différents entre les bras Empagliflozine et placebo (4,5 % contre 5,1 % ; HR 0,87 ; IC à 95 % 0,70-1,08).
- Résultats cohérents avec une efficacité sur les critères de progression de la maladie rénale indépendamment des maladies cardiovasculaires préexistantes ou du fait d’être diabétique de type 2 ou non (p-value d’interaction = 0.99).
Figure : Pas d’interaction de l’effet de l’Empagliflozine avec l’existence d’une maladie cardiovasculaire connue
Conclusion
- Chez les patients avec insuffisance rénale chronique, l'Empagliflozine a réduit de 28% le critère principal composite incluant la progression de la maladie rénale ou le décès cardiovasculaire et de 14% le risque d'hospitalisation toutes causes mais sans effet significatif sur la mortalité toute cause.
- Il est important de souligner que ces résultats étaient indépendants de l’existence d’une maladie cardiovasculaire pré-existante, ainsi que de la présence ou non d’un diabète de type 2.
Commentaires en sortie de session
Alors plutôt Dapa ou Empa au final pour nos patients ?
Mon point de vue personnel est que ces deux molécules semblent avoir un véritable effet de classe homogène et stable des inhibiteurs SGLT2, avec un bénéfice substantiel pour nos patients. Ainsi, même si la Dapa avait de l’avance sur la maladie rénale chronique et l’Empa sur l’insuffisance cardiaque, pour le moment, au regard des données actuelles de la littérature, j'aurais du mal à privilégier plutôt l’une ou l’autre des molécules pour ma pratique. Quoiqu’il en soit, il est maintenant incontestable que les inhibiteurs SGLT2 font partie de notre arsenal thérapeutique de tous les jours pour la prise en charge de nos patients diabétiques, insuffisants cardiaques quelque soit la FEVG et insuffisants rénaux chroniques.
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