Le suivi des premières "transplantations cardiaques partielles" chez des nouveau-nés montre une croissance des valves greffées

Publié le mercredi 10 septembre 2025

Le suivi des premières "transplantations cardiaques partielles" -des greffes de valves cardiaques vivantes- réalisées chez des nouveau-nés par une équipe américaine montre que ces valves greffées croissent en même temps que le cœur se développe, décrivent les chercheurs dans un article paru dans le Journal of the American Medical Association (JAMA).

Cette équipe de la Duke University à Durham (Caroline du Nord) a publié il y a plus d'un an le premier cas de ce que les auteurs qualifient de transplantation cardiaque partielle, qui consiste en pratique à greffer une valve cardiaque dont les cellules sont encore vivantes car elle a été prélevée sur un cœur juste après le décès. Ils ont réalisé ensuite plusieurs autres interventions.

 Les valves actuellement utilisées sont prélevées sur des donneurs décédés, puis cryopréservées. Quand elles sont greffées à un nouveau-né présentant une maladie cardiaque congénitale touchant des valves, elles présentent l'inconvénient de ne pas pouvoir croître en même temps que le cœur de l'enfant grandit. En conséquence, des opérations à répétition sont nécessaires au cours de la croissance pour des remplacements de valves successifs, et le pronostic est mauvais, rappellent Douglas Obervey et ses collègues dans le JAMA.

La greffe de valves cardiaque "fraîches", prélevées sur un cœur immédiatement après explantation, aurait deux avantages: d'une part, on espère que la valve vivante greffée pourrait se développer en même temps que le cœur dans lequel elle est greffée; d'autre part, cela permettrait d'élargir le pool de donneurs de greffon cardiaque en utilisant, pour ces greffes partielles, des cœurs qui auraient été récusés pour une greffe normale mais dont les valves sont en bon état et peuvent être utilisées.

Parmi les patients greffés, il y avait des greffes "domino", c'est-à-dire que le cœur explanté d'un patient recevant un nouveau cœur était utilisé pour prélever une valve qui, elle, était toujours en bon état. Il y a eu aussi des cas où un même cœur a été séparé en plusieurs parties pour utiliser plusieurs valves chez différents receveurs. Les chirurgiens américains publient des données de suivi de 19 patients. Ils se sont surtout intéressés plus spécifiquement aux neuf qui ont été transplantés dans les quatre premiers mois -pour différentes indications: tronc artériel commun, tétralogie de Fallot, sténose aortique, dysplasie de la valve pulmonaire- et avaient un suivi médian de 26 semaines. Les autres patients étaient plus âgés (entre 2 et 16 ans pour la plupart et même un patient de plus de 30 ans); à ce stade, la valve ne grossit plus et le but est de les suivre pour voir la durabilité de ces greffons à long terme.

Chez les neuf enfants, les chercheurs ont observé une croissance du diamètre de l'anneau valvulaire, passant de 7 à 14 mm (valve aortique) ou de 9 à 17 mm (valve pulmonaire) durant le suivi. On voyait aussi une augmentation de la longueur des feuillets valvulaires. Il y avait donc bien une croissance de la valve, parallèlement au développement du cœur des nourrissons.

Aucun des patients n'a présenté de régurgitation après la greffe et à plus long terme, seulement des régurgitations mineures ont été observées chez quelques patients.

Comme il s'agit d'une greffe de tissu provenant d'un autre individu, les patients nécessitaient une immunosuppression, qui débutait avec un corticoïde et du tacrolimus, puis uniquement du tacrolimus à demi-dose. Aucune complication du traitement immunosuppresseur n'a été rapportée.

Les auteurs restent prudents sur les applications possibles de leurs premiers résultats, rappelant que le succès à long terme dépend aussi de l'évolution de la pathologie congénitale sous-jacente.

(JAMA, publication en ligne du 27 août)

 

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