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Effet de la digitoxine chez les patients atteints d’insuffisance cardiaque à FEVG altérée : l’étude DIGIT-HF
En direct du congrès de l'ESC 2025
Publié le samedi 30 août 2025
Messages clés
- Bien que les digitaliques soient utilisés depuis de nombreuses années pour traiter l’insuffisance cardiaque, les preuves issues d’essais randomisés n’existent que pour la digoxine, dans un essai mené il y a plus de 25 ans, une époque où l’ensemble du traitement moderne de l’insuffisance cardiaque n’était pas encore disponible.
- L’essai DIGIT-HF a comparé la digitoxine, administrée selon un protocole simple de titration, à un placebo chez des patients atteints d’insuffisance cardiaque avancée avec fraction d’éjection réduite, en plus du traitement standard.
- La digitoxine a réduit le risque de survenue du critère composite associant décès toutes causes et hospitalisation pour insuffisance cardiaque, suggérant qu’elle pourrait représenter un traitement complémentaire aux thérapies actuellement recommandées.
Le chiffre à retenir
28,1% : une première hospitalisation pour aggravation de l’insuffisance cardiaque est survenue chez 28,1 % des patients sous digitoxine et 30,4 % sous placebo (HR 0,85 ; IC 95 % 0,69–1,05).
Méthodologie et résultats
Méthodologie
Essai de phase IV muticentrique, randomisé, en double aveugle, contrôlé contre placebo, visant à déterminer si la digitoxine améliore le critère de jugement principal (composite des décès toutes causes et hospitalisations pour insuffisance cardiaque) chez les patients insuffisants cardiaque à FEVG altérée.
Résultats Principaux
Les 1 212 patients de la population en ITT avaient un âge moyen de 66 ans, dont 20% de femmes. La FEVG moyenne était de 29% et la charge symptomatique d’insuffisance cardiaque était élevée : 70% des patients présentaient une classe NYHA III ou IV. Le traitement pharmacologique contemporain de l’insuffisance cardiaque était bien implémenté dans la population, avec une forte utilisation de défibrillateurs (64%, dont thérapie de resynchronisation cardiaque chez 25%).
Après un suivi médian de 36 mois, le critère de jugement principal est survenu chez 39,5% des patients du groupe digitoxine et 44,1% de ceux du groupe placebo (hazard ratio [HR] 0,82 ; intervalle de confiance [IC] 95 % 0,69–0,98 ; p = 0,03).
Au total, 27,2 % des patients du groupe digitoxine et 29,5 % du groupe placebo sont décédés (HR 0,86 ; IC 95 % 0,69–1,07, p<0.001 pour la non-infériorité). Une première hospitalisation pour aggravation de l’insuffisance cardiaque est survenue chez 28,1 % des patients du groupe digitoxine et 30,4 % de ceux du groupe placebo (HR 0,85 ; IC 95 % 0,69–1,05).
L’effet de la digitoxine sur le critère de jugement principal était favorable dans tous les sous-groupes pré-spécifiés, mais un bénéfice particulier semblait se dégage en particulier chez les patients avec une fréquence cardiaque ≥75 bpm, une pression artérielle systolique ≤120 mmHg ou un DFG <60 mL/min/1.73m2.
Concernant la tolérance, des événements indésirables graves sont survenus chez 4,7 % des patients du groupe digitoxine et 2,8 % du groupe placebo, principalement des atteintes cardiaques (respectivement 3,4 % et 1,8 %) avec en particulier des troubles du rythme.
Figure 1
Références
D’après la présentation de Udo Bavendiek (Hanovre, Allemagne)
Conclusion
Dans l’étude DIGIT-HF, la digitoxine a permis une réduction significative de la mortalité toutes causes et des hospitalisations pour insuffisance cardiaque chez des patients bénéficiant déjà d’un traitement optimal pour l’IC. Sur la base de ces résultats, la digitoxine représente une option thérapeutique supplémentaire pour les patients avec une IC à fraction d’éjection réduite (HFrEF), en particulier chez ceux présentant une fibrillation atriale, une fréquence cardiaque élevée, une pression artérielle basse ou une fonction rénale altérée.