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Étude Reboot : pas de supériorité de la poursuite des bêtabloquants en post infarctus avec FEVG > 40%
En direct du congrès de l'ESC 2025
Publié le dimanche 31 août 2025
Messages clés
- Absence de bénéfice des bétabloquants systématiques pour l’ensemble des patients hospitalisés pour infarctus (avec ou sans sus-décalage du segment ST) et une FEVG >40%
- Pas de différence au cours du suivi sur l’admission pour troubles conductifs
- Possible gain pour les patients avec FEVG entre 40-50%
Méthodologie et résultats
Les bêtabloquants constituent un traitement de référence après infarctus du myocarde (IDM) en cas de fraction d’éjection ventriculaire gauche (FEVG) réduite (≤40%). Leur bénéfice chez les patients avec FEVG ≥40% reste incertain. Les principaux essais ayant fondé leur usage systématique avaient été réalisés avant l’ère des stratégies contemporaines, marquée par la reperfusion invasive précoce, les antiagrégants plaquettaires puissants et les statines. L’essai REBOOT a été conduit afin d’évaluer l’effet d’un traitement systématique par bêtabloquant chez des patients en post-IDM avec FEVG préservée ou modérément altérée.
REBOOT est un essai randomisé, multicentrique, ouvert avec évaluation en aveugle des événements, mené dans 109 centres en Espagne et en Italie. Les patients étaient éligibles s’ils avaient présenté un IDM avec ou sans sus-décalage du ST, bénéficié d’une stratégie invasive au cours de l’hospitalisation index, et présentaient avant la sortie une FEVG >40%, sans antécédent ni signe clinique d’insuffisance cardiaque.
Un total de 8 505 patients ont été inclus. L’âge moyen était de 61 ans et 19,3% étaient des femmes. Dix pour cent avaient un antécédent d’IDM et 12% recevaient déjà un bêtabloquant à l’admission. Les participants ont été randomisés en 1:1 vers un traitement par bêtabloquant ou l’absence de bêtabloquant. Le critère de jugement principal était un composite de mortalité toutes causes, récidive d’IDM non fatal ou hospitalisation pour insuffisance cardiaque. Les analyses ont été conduites en intention de traiter.
Après un suivi médian de 3,7 ans, le critère principal est survenu avec une incidence similaire dans les deux groupes : 22,5 pour 1 000 patients-années sous bêtabloquant et 21,7 pour 1 000 patients-années sans bêtabloquant (HR 1,04 ; IC95% 0,89–1,22 ; p=0,63).
Concernant les composantes du critère :
- Mortalité toutes causes : 11,2 vs 10,5 pour 1 000 patients-années (HR 1,06 ; IC95% 0,85–1,33)
- Récidive d’infarctus non fatal : 10,2 vs 10,1 pour 1 000 patients-années (HR 1,01 ; IC95% 0,80–1,27)
- Hospitalisation pour insuffisance cardiaque : 2,7 vs 3,0 pour 1 000 patients-années (HR 0,89 ; IC95% 0,58–1,38)
Sur le plan de la tolérance, les hospitalisations pour AVC étaient légèrement plus fréquentes sous bêtabloquant (2,6 vs 1,7 pour 1 000 patients-années ; HR 1,50 ; IC95% 0,90–2,49), sans différence significative. Les hospitalisations pour bloc atrio-ventriculaire sévère étaient rares et comparables entre les deux groupes.
L’analyse des sous-groupes n’a pas identifié de bénéfice significatif selon l’âge, le sexe ou le type d’IDM. Toutefois, un signal favorable a été observé chez les patients avec FEVG modérément réduite (40–49%), bien que l’effectif limité limite l’interprétation de ce résultat. À l’inverse, les femmes sous bêtabloquants ont présenté davantage d’événements.
Figure 1
Références
D’après la présentation du Pr Borja Ibáñez.
Conclusion
L’essai REBOOT n’a pas retrouvé de bénéfice à l’introduction de béta-bloquants chez les patients après un infarctus avec absence ou altération modérée de la FEVG (>40%).