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"Je me sens plus soignant que jamais" : le tour de France hospitalier de Thibaud Damy pour sensibiliser sur l’impact de la mort sur les professionnels de santé
Publié le jeudi 27 mars 2025
"Le dimanche 30 mars, je débuterai un Tour de France hospitalier et du territoire à pied.
Une marche à la rencontre des soignants, des familles et des patients, pour briser le tabou de l’impact de la mort sur les soignants et ses conséquences, individuelles et organisationnelles.
De Paris à Chartres, Vendôme, Tours, Poitiers, Saintes, Bordeaux, puis à Toulouse, plus de 14 réunions-débats seront organisées dans 7 centres hospitaliers, CHU et EHPAD, autour d’un thème : l’impact de la mort sur les soignants. Ce sera l’occasion de lancer trois enquêtes nationales, à destination des soignants, des familles et des patients, pour quantifier cet impact et recueillir les témoignages. Tout cela réalisé avec l’aide de nombreux collègues de plusieurs sociétés savantes dont le GICC. Je vous laisse découvrir la conférence de presse sur le site des SURvivants.
Tout au long du parcours, je tiendrai un carnet de route hebdomadaire publié sur Cardio-online pour VOUS partager mes rencontres, mes réflexions, mes émotions et la beauté de la nature.
Alors, vous vous demandez pourquoi une telle marche ?
Je suis un soignant du cœur banal, cardiologue, puis devenu professeur de médecine. Depuis 21 ans, j’exerce ce que je considère comme le plus beau métier du monde – et avec le meilleur statut (eh oui !) : celui de prendre soin, de créer, d’innover, de partager et d’avancer.
J’ai beaucoup travaillé, je me suis spécialisé dans l’insuffisance cardiaque, les cardiomyopathies et les amyloses cardiaques. J’ai eu l’honneur d’être président du GICC et, avec les collègues et amis, de développer « EPOF », le livre blanc de l’IC, Optim’IC, de travailler avec nos institutions sur la campagne nationale de l’insuffisance cardiaque et le financement de la télésurveillance sur les OUTIL’IC développés avec Marc, Benoit et tous les amis pour valoriser tous ce qui est fait en France, de créer les ISPICs et de co-coordonner avec Damien et Richard un article 51-CECICS et surtout de m’engager dans le diagnostic et la prise en charge des amyloses cardiaques, qui étaient peu connues à l’époque et sans traitement efficace… et de fait, d’être confronté à la mort, conséquence ultime de la maladie du cœur de pierre. Les patients et leurs familles m’ont fait grandir. La mort, leur souffrance, m’ont fait réfléchir.
C’est vrai, au fil des années, j’ai développé un traumatisme vicariant, un burn-out, puis j’ai eu un grave accident de ski. Je me suis promis, en reprenant conscience, gelé dans une coquille dans une salle de déchoquage, que si je pouvais remarcher, je ferais une longue marche – une très longue marche – pour me poser, décélérer et réfléchir à la vie, au sens de la vie. Je n’attendrai pas « la retraite ».
Et puis il y a eu les départs prématurés de Jean-Philippe, de Laura, de Philippe… La mort interpelle sur le sens de la vie, et au fil des années ont la sent plus proche. Cette marche, je ne pouvais la faire, me l’autoriser, sans qu’elle ait un sens – un sens pour la communauté, le besoin de transmettre ce que j’ai appris de mes patients et sur moi-même, de créer, d’innover, de partager, d’avancer. Tout cela, je le fais bien sûr grâce à ma famille et mon épouse, Claire, qui m’appuie dans cette démarche et me laisse partir, toutes ces semaines, seul.
Ce coming-out n’est pas une faiblesse. C’est une transformation. Aujourd’hui, je me sens plus soignant que jamais. Je peux accueillir la tristesse ou la peur sans m’effondrer, transmettre la joie ou l’espoir sans me trahir. Mes consultations sont peut-être plus longues, mais elles sont aussi plus vraies.
J’ai compris qu’il n’y avait pas de soin sans alliance, pas d’alliance sans humanité, et pas d’humanité sans vulnérabilité partagée. Et tout cela, je ne crois pas qu’on ne me l’ait jamais enseigné.
Alors, j’espère que ce pari sera une réussite !
J’espère que, par ces débats, ces écrits, ces photos, ces vidéos, nous parviendrons à briser le tabou de la mort chez les soignants, à partager ce que nous vivons entre nous et à mieux se comprendre et à dialoguer avec nos patients et leurs familles sur ce sujet. Il n’est pas possible de soigner sans avoir des émotions et l’émotion engendre l’action alors autant qu’elle soit bonne !!
Retrouvez tout cela sur Cardio-online une fois par semaine, et plus encore sur les SURvivants."
Témoignage du Pr Thibaud DAMY
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