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Faut-il essayer d’arrêter la monothérapie du patient hypertendu contrôlé à faible risque ? - ESH 2024
Publié le lundi 10 juin 2024
En direct du congrès de l'ESH 2024
Hypertendus à faible risque contrôlés par monothérapie : laissons leur une chance !
Messages clés
- 36% des patients à faible risque cardiovasculaire contrôlés par monothérapie ou bithérapie faiblement dosée ne sont pas hypertendus 1 an après arrêt de leur traitement
- Tenter d’arrêter le traitement de ces patients en les surveillant de façon rapprochée semble une stratégie sûre lorsque leur PAS initiale est <120 mmHg.
Introduction
Les données de vraie vie en médecine générale montrent qu’une fois posé, le diagnostic d’HTA n’est le plus souvent pas remis en cause et le traitement poursuivi de façon indéfini. Or de nombreux patients n’ont pas bénéficié au diagnostic de mesure ambulatoire de la pression artérielle, conduisant à surtraiter des HTA blouse-blanche.
L’objectif de l’essai STOP était d’évaluer l’effet de l’arrêt du traitement chez l’hypertendu à faible risque cardiovasculaire contrôlé par monothérapie ou bithérapie faiblement dosée.
Méthodologie et résultats
Population
Patient ≥18 ans suivi en ambulatoire pour une HTA de grade 1 contrôlée en automesure tensionnelle (AMT) par une monothérapie ou une bithérapie faiblement dosée (inclusion possible des effets blouse-blanche, c'est-à-dire des patients non contrôlés en mesure clinique) ; exclusion des patients aux antécédents cardio ou cérébro-vasculaires, ayant une atteinte d’organe cible (HVG, albuminurie), bénéficiant d’un traitement anti-HTA pour une autre indication, peu observants.
Design
Essai multicentrique, ouvert ; après arrêt du traitement, les patients étaient suivis régulièrement en consultation et par AMT (1 mois puis tous les 3 mois jusqu’à 1 an)
Critère principal de jugement
Pressions artérielles (PA) mesurées par AMT 1 an après arrêt du traitement
Résultat principal
218 patients ont été inclus, le critère primaire était disponible pour 203 d’entre eux ; l’âge moyen était de 58,1+/-9,6 ans, sexe féminin 56%, 73% avaient bénéficié d’une mesure ambulatoire pour le diagnostic d’HTA. Traitement : SARTAN 50%, IEC 24%, BB 15% thiazide 10%. 1 an après du traitement, 73 patients (=36%) restaient normotendus (AMT<135/85mmHg) (Fig1). Un patient a présenté un AVC ischémique dans le groupe des patients hypertendus (AMT>135/85mmHg) à 1 an.
Résultats critères secondaires
Le facteur prédictif principal de normotension 1 an après arrêt du traitement était le faible niveau de PA à baseline (PAS et PAD de consultation ou en automesure) (Fig2). Une PAS de consultation initiale <120mmHg était associée de façon forte et indépendante à l’absence d’HTA à 1 an. Les patients initialement sous SARTAN étaient plus souvent hypertendus à 1 an.
Figure 1
Figure 2
Conclusion
1/3 des patients à faible risque cardiovasculaire traités et contrôlés par une monothérapie ou une bithérapie anti-hypertensive faiblement dosée restent normotendus 1 an après arrêt de leur traitement. Une tentative d’arrêt temporaire du traitement anti-HTA assortie d’une surveillance rapprochée semble donc une stratégie sécure dans cette population lorsque la PAS initiale est <120 mmHg, et permettrait notamment de limiter la iatrogénie induite par les antihypertenseurs.
Références
Paturle C et al, J Med Vasc 2023 ; 48 : 174-180
Lee HY et al, Clin Hypertens 2023 ; 29 : 1
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