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Effets de la déprescription des médicaments antihypertenseurs chez les sujets âgés - ESH 2024
Publié le lundi 10 juin 2024
En direct du congrès de l'ESH 2024
Chez les patients âgés présentant des comorbidités, la réduction du nombre de traitements de l’hypertension n’augmente pas les évènements cardiovasculaires et la mortalité à 3 ans.
Messages clés
Pas de bénéfice, ni de risque à la déprescription des traitements antihypertenseurs chez les patients âgés, même sur un suivi prolongé de plus de 3 ans.
Introduction
Les sujets âgés sont une population difficile à prendre en charge pour le contrôle tensionnel. La littérature montre à la fois le maintien d’une protection cardiovasculaire chez les sujets âgés et une iatrogénie plus importante des traitements antihypertenseurs que chez les sujets jeunes.
L’équipe de recherche s’est intéressée au risque d’arrêter ces traitements chez les patients âgés par rapport à une prise en charge usuelle conservatrice. Dans une publication des résultats à 12 semaines, il n’était pas retrouvé d’infériorité à la réduction du traitement (1).
Le but de cette analyse complémentaire était de vérifier la persistance de la sécurité à long terme.
Méthodologie et résultats
569 patients de plus de 80 ans avec une pression artérielle contrôlée (<150 mmHg) ont été inclus dans cette étude ayant pour but de comparer la réduction du traitement antihypertenseur à une prise en charge habituelle conservatrice du traitement. Les critères de jugement étaient les hospitalisations, la mortalité, les pathologies cardiovasculaires, les effets secondaires, la pression artérielle et les traitements après 3 ans de suivi.
En intention de traiter, dans le groupe « réduction », 51% des patients ont eu une réduction de traitement, 38% un traitement identique et 8.5% ont eu une augmentation de nombre de molécules. Dans le groupe contrôle, 25% avaient une réduction du traitement et 62% ont conservé le même traitement.
Le nombre de médicaments passait en moyenne de 2.5 à 2 médicaments prescrits dans le groupe intervention, avec un maintien de cette déprescription dans le temps et sans modification significative sur la pression artérielle par rapport au groupe contrôle (légère augmentation dans les 2 groupes).
Il n’est pas retrouvé de différences sur les évènements cliniques (hospitalisations et décès) entre les 2 groupes, HR (95% CI) = 0.93 [0.76-1.12] en ITT et 0.8 [0.64-1.00] en analyse per protocole. Il n’est pas retrouvé plus de MACE ou de démence lors de la déprescription, ni de réduction des marqueurs habituels de l’iatrogénie (hypotensions, fractures, troubles hydroélectrolytiques, insuffisance rénale).
Conclusion
Les antihypertenseurs chez les sujets âgés fragiles sont sources d’iatrogénie.
Dans cette population, les résultats de l’étude ne montrent pas de surrisque à la déprescription des antihypertenseurs à long terme. Il n’y a pas non plus de bénéfice clair à réduire le traitement.
L’auteur insiste sur l’intérêt potentiel et la sécurité d’une réduction des antihypertenseurs chez les patients fragiles, sans que cela ne soit à conseiller chez tous les patients âgés.
Références
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