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MI-TRAJECTORY - Quel est le devenir à long terme des patients victimes d’un infarctus du myocarde ?
Publié le lundi 28 août 2023
Auteur :
Samy Aghezzaf
Membre du Collège des Cardiologues en Formation,
Lille
Relecteur :
Guillaume Bonnet
Membre du Collège des Cardiologues en Formation,
Pessac
En direct de l'ESC Congress 2023
D'après la présentation de Nathalie Conrad (Louvain, Belgique) : "MI-TRAJECTORY: subsequent cardiovascular disease trajectories following myocardial infarction"
Les messages clés
- La mortalité à long terme après un IDM diminue peu depuis 20 ans.
- Les causes de décès les plus fréquentes au cours du suivi sont : les maladies cardiovasculaires (47 %), les maladies pulmonaires (20 %) et les infections (8 %).
- Au cours du suivi, la survenue d’insuffisance cardiaque est l’évènement cardiovasculaire le plus fréquent.
Introduction
Les modifications de prise en charge et les innovations thérapeutiques ont amené à une modification du pronostic à court et à long termes de l’IDM1.
Par ailleurs, le suivi du patient ayant fait un infarctus du myocarde s’est longtemps cantonné à surveiller le bilan lipidique et à discuter de la durée de la prise des antiagrégants plaquettaires. On sait néanmoins que le devenir après un IDM n’est pas uniquement lié à des complications cardiovasculaires, notamment dans une population vieillissante2.
L’étude présentée ici a pour but de décrire, au Royaume-Uni, le devenir des patients ayant présenté un infarctus du myocarde, afin de définir des axes de prévention secondaire.
Principe de l'étude, méthodologie et résultats
Méthodologie
- Population issue du Royaume-Uni (base CPRD) de 22 millions de patients en soins primaires ou secondaires, représentatifs de la population du Royaume-Uni, en termes d’âge et sexe (2000-2019).
- Design : étude de cohorte de 260 694 patients admis pour un premier épisode de syndrome coronaire aigu (âge moyen de 69,9 ans, 39 % de femmes).
- Critère de jugement : mortalité toute cause.
Résultat principal
- Entre 2000 et 2019, on observe une diminution significative de la mortalité intra-hospitalière (HR 0,56 [0,48 ; 0,64] (après ajustement sur l’âge, le sexe, le statut socio-économique, la région d’habitation et les comorbidités cardiovasculaires).
- Entre 2000 et 2019, on observe une réduction plus modeste de la survie à long terme : on observe une réduction de la mortalité à 5 ans entre 2000 et 2014 (HR 0,77 [0,72 ; 0,82]).
- Concernant les causes de décès, les maladies cardiovasculaires et les AVC sont à l’origine de 47 % des décès, suivis des causes pulmonaires (cancer, BPCO, pneumonies) pour 20 %, et d’infections pour 8 %.
Figure 1 : Causes de mortalité parmi les survivants à une première hospitalisation pour un IDM
Résultats secondaires
- En ce qui concerne les évènements cardiovasculaires (CV) à long terme, l’insuffisance cardiaque est la première cause d’évènements CV après un IDM, affectant 28 % des patients à 10 ans, suivie de la récidive d’IDM (18 %), et d’AVC (7 %) (Figure 2).
- En comparant la période 2000-2002 et la période 2012-2014, on note une réduction de la récidive d’IDM (HR 0,61 [0,59 ; 0,63]), mais une augmentation de l’incidence d’insuffisance cardiaque (HR 1,38 [1,34 ; 1,42]).
- Parmi les patients vivant 1 an après l’IDM, l’insuffisance cardiaque (HR 1,66 [1,63 ; 1,69]) et le statut socio-économique (1,49 [1,45 ; 1,53] pour le quintile le plus péjoratif) sont les prédicteurs de mortalité les plus forts.
Figure 2. Incidence cumulée d’évènements cardiovasculaires après un IDM
Conclusion
Sur les 20 dernières années, nous observons une réduction de la mortalité intra-hospitalière suite à un IDM, mais une réduction plus modeste de la survie à long terme.
Pour aller plus loin
- Cette réduction de mortalité intra-hospitalière peut être expliquée par l’amélioration de la prise en charge (nouvelles thérapeutiques, revascularisations plus précoces), mais également par l’avènement du dosage de troponine ultra-sensible et d’une définition plus large de l’infarctus du myocarde.
- Les causes de décès au cours du suivi sont majoritairement cardiovasculaires. Il ne faut toutefois pas négliger les causes pulmonaires (d’où l’intérêt d’une bonne entente entre cardiologue et pneumologue), et infectieuses (il faut donc penser à vacciner nos patients).
- L’insuffisance cardiaque est l’évènement cardiovasculaire le plus fréquent après un IDM ; elle a eu tendance à augmenter au cours du temps et est fortement associée à la mortalité à long terme. Nous n’avons malheureusement que peu d’information dans cette étude sur les thérapeutiques prises par les patients.
- L’insuffisance cardiaque doit faire l’objet de stratégies de prévention après un infarctus du myocarde qui sont encore à définir (biomarqueurs, imagerie etc…).
Références bibliographiques
- Puymirat E et aL., Acute Myocardial Infarction: Changes in Patient Characteristics, Management, and 6-Month Outcomes Over a Period of 20 Years in the FAST-MI Program (French Registry of Acute ST-Elevation or Non-ST-Elevation Myocardial Infarction) 1995 to 2015, Circulation, 2017
- Abbadi, Very long-term outcomes of older adults with stable coronary artery disease (from the CORONOR study), Coron Artery Dis, 2022
Pour en savoir plus, consultez les LBS, LBT et hotlines complètes, en langue anglaise, présentées lors de l'ESC 2023 :
Toute l'actualité de l'ESC 2023
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l'alliance Boehringer Ingelheim - Lilly, de CSL Vifor et de Sanofi
Ce compte rendu d'étude ne reflète pas l'opinion de Cardio Online ou de la SFC, et n'engage pas leur responsabilité.
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