La prise en charge des personnes âgées
Auteur :
Antonio Gallo
Service d'endocrinologie-métabolisme, Hôpital Pitié-Salpêtrière (APHP) et Institut Hospitalo-Universitaire cardiométabolique, Paris
L’âge a un poids relatif très important dans l’évaluation du risque chez les patients âgés : une personne de 75 ans sans facteurs de risque sera considérée à risque cardiovasculaire élevé. Les cartes de risque SCORE, malgré qu'elles aient été adaptées dans les dernières recommandations, surestiment le risque chez les personnes âgées. Avec le vieillissement, il y a un potentiel d'augmentation des effets indésirables musculaires associés aux statines, tels que la myalgie sans élévation des CPK, la myopathie avec élévation des CPK et la rhabdomyolyse, rare mais grave.
Pour les sujets de > 65 ans n’ayant pas de statine, il est recommandé de commencer une statine à faible dose en cas d'insuffisance rénale importante et/ou de risque d'interactions médicamenteuses, puis de l'augmenter pour atteindre les objectifs de traitement du LDL-c. Lors du vieillissement s’associe souvent une augmentation du nombre de comorbidités et des traitements associés ainsi qu’une baisse du poids, avec un risque de dénutrition. Pour les patients déjà traités, une réévaluation du risque d’interaction multi-médicamenteuse et un ajustement du dosage doivent être pris en compte (1).
Le recours aux statines diminue avec l'âge. Cette tendance peut s'expliquer par l'incertitude quant aux effets des statines chez les personnes âgées, en raison du nombre relativement faible de personnes de plus de 75 ans qui ont participé à des essais avec statines. Une question qui est souvent posée concerne notamment les patients en prévention primaire : faut-il débuter un traitement chez un sujet âgé, ou bien si déjà en cours, faut-il le poursuivre ?
La question sur les > 75 ans a été récemment adressée par une étude française : parmi plus de 120000 sujets en prévention primaire traités par statines et suivis pour 2.4 ans après leur 75ème anniversaire, ceux qui gardaient leur traitement avaient 33% moins de risque de faire un évènement cardiovasculaire, et plus précisément 46 % moins de risque d’évènement coronarien, et 26% moins de risque d’évènement cérébro-vasculaire (2).
En conclusion, l’introduction d’un traitement chez la personne âgée est à définir au cas par cas, mais chez les patients déjà traités il semble logique de garder le traitement en cours, avec toutes les adaptations qu’il faudra. Par ailleurs, en prévention secondaire, il est recommandé de traiter comme les patients les plus jeunes.
Bibliographie
- Mach F, Baigent C, Catapano AL, Koskinas KC, Casula M, Badimon L, et al. 2019 ESC/EAS Guidelines for the management of dyslipidaemias: lipid modification to reduce cardiovascular risk. Eur Heart J. 2020 Jan 1;41(1):111–88.
- P G, A N, A W, J C. Cardiovascular effect of discontinuing statins for primary prevention at the age of 75 years: a nationwide population-based cohort study in France [Internet]. Vol. 40, European heart journal. Eur Heart J; 2019 [cited 2020 Nov 9]. Available from: https://pubmed-ncbi-nlm-nih-gov.proxy.insermbiblio.inist.fr/31362307/
Retrouvez l'intégralité du dossier spécial "Dyslipidémies : quand prescrire et pour quelles cibles ?"
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