Correction de la carence martiale dans l’insuffisance cardiaque : études récentes et à venir

Mis à jour le mercredi 8 juin 2022
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Michel Galinier

Pr Michel Galinier
Chef de service de cardiologie
Toulouse

AFFIM-HF

Le bénéfice de la correction de la carence martiale vient d’être également démontré au cours de l’insuffisance cardiaque aiguë par l’essai.

Chez 1 132 patient hospitalisés pour décompensation cardiaque présentant une fraction d’éjection inférieure à 50 % et carencés en fer, la supplémentation en carboxymaltose ferrique en fin d’hospitalisation a diminué, par rapport au placebo, de 26 % le risque d’hospitalisation pour insuffisance cardiaque (p = 0.013), sans réduction de la mortalité.

Concernant le critère principal, associant hospitalisation pour insuffisance cardiaque et décès cardiovasculaire, la diminution de 21 % n’atteint pas le seuil de significativité (p = 0.059) dans l’analyse principale mais est significative dans l’analyse arrêtant dans chaque pays l’étude au premier cas d’hospitalisation pour une infection à la COVID-19 (p = 0.024). En effet, le suivi est alors souvent incomplet, les hospitalisations pour insuffisance cardiaque moins fréquentes, la compliance des patients au protocole moins strict, générant un manque de puissance.

Dans l’analyse en sous-groupes, la correction de la carence martiale apparaît plus efficace au cours des cardiopathies ischémiques que dans les étiologies non ischémiques, alors que les résultats sont homogènes selon les terciles de distribution du NT-proBNP et de la fraction d’éjection ventriculaire gauche.

Quant aux évènements indésirables, ils n’étaient pas différents entre les deux groupes.

Cette étude qui a démontré qu’une supplémentation en fer carboxymaltose chez les patients carencés en fer, avec une fraction d’éjection < 50 %, stabilisés après une insuffisance cardiaque aiguë, réduit le risque de réhospitalisation pour insuffisance cardiaque a abouti à une recommandation de classe IIa et de niveau B pour ce traitement.

CARENFER

L’étude CARENFER est une enquête nationale prospective réalisée dans 48 centres français en 2019 ayant mesuré la concentration de ferritinémie et le coefficient de saturation de la transferrine chez tous les patients avec un diagnostic d’insuffisance cardiaque.

Un bilan martial a pu être ainsi réalisé chez 1 475 insuffisants cardiaques d’un âge moyen de 78 ans, 40 % présentant une forme chronique et 60 % une forme aiguë de la maladie. La prévalence de la carence martiale est de 39 % dans l’insuffisance cardiaque chronique et de 58,1 % dans les formes décompensées.

Quand on divise les patients en fonction de leur valeur de fraction déjection, elle est de 44,3 % dans l’insuffisance cardiaque à fraction déjection réduite, de 47,4 % dans les formes à fraction d’éjection modérément réduite et de 57,5 % dans les insuffisances cardiaques à fraction déjection préservée.

Ainsi la prévalence de la carence martiale est plus élevée dans l’insuffisance cardiaque décompensée et dans les formes à fraction déjection préservée. Les études institutionnelles de correction de la carence martiale dans ce type d’insuffisance cardiaque, réalisées en Allemagne et en Espagne, sont donc attendues avec impatience.

HEART-FID, FAIR-HF2

Avant la fin de l’année, sont également attendues deux études de morbi-mortalité, qui devraient confirmer le bénéfice du fer carboxymaltose sur la prévention du risque d’hospitalisation pour insuffisance cardiaque dans sa forme chronique à fraction d’éjection réduite : HEART-FID, réalisée aux USA chez 3 000 patients, et FAIR-HF2, réalisée en Allemagne chez 1 200 patients.

 

Retrouvez l'intégralité du dossier spécial "Correction de la carence en fer de l’insuffisant cardiaque"