Muvalapline, une petite molécule orale inhibitrice de la formation de la lipoprotéine(a) : un essai clinique randomisé

Publié le mercredi 11 octobre 2023

Franck Boccara

Pr Franck Boccara
Cardiologue
Hôpital Saint-Antoine AP-HP
Paris

Intéressons-nous à une troisième étude, intitulée "Muvalaplin, an Oral Small Molecule Inhibitor of Lipoprotein(a) Formation: A Randomized Clinical Trial"1

Cette étude de phase 1, qui visait à évaluer l’efficacité d’une petite molécule par voie orale (la muvalapline) inhibant la formation de la Lp(a), a été présentée à l’ESC 2023.

La muvalapline est une petite molécule qui permet de dissocier la relation monovalente (entre l’apo(a) et l’apoB). Elle inhibe ainsi la formation de Lp(a) et réduit le taux circulant de LPa.

La muvalapline est le 1er traitement par voie orale spécifiquement développé pour baisser le niveau de Lp(a). Ce blocage de l’interaction entre l’apo(a) et l‘apoB n’a pas d’interaction avec le plasminogène (homologie de structure entre apo(a) et plasminogène conférant un risque thrombotique à la Lp(a). Cette étude est développée par ELI LILLY.

Cette étude de phase 1 visait à évaluer la sécurité, la tolérance, la pharmacocinétique et dynamique de l’effet de la muvalapline dans un essai de phase 1.

Il s’agissait d’un essai de phase 1 randomisé en double aveugle ayant inclus 114 sujets sains dans un seul centre aux Pays-Bas. Les critères d’inclusion étaient un âge entre 18 et 69 ans, et un IMC < 30 kg/m2. Les sujets recevaient soit une seule dose unique du médicament de l’étude, soit une dose multiple et croissante de muvalapline.
L’âge moyen des participants était d’environ 30 ans, 60 % de femmes, le taux de Lp(a) était dans le groupe une seule dose de 10 mg/dL et dans le groupe dose multiple de 58 mg/dL.

55 sujets dans le groupe dose unique et 59 sujets dans le groupe dose croissante multiple ont été inclus.
Le groupe dose unique avait un dosage de muvalapline compris entre 1 et 800 mg versus placebo, quel que soit le taux de LPa de ces sujets.
Dans le groupe dose croissante multiple, les sujets sains avaient une dose journalière de Muvalapline comprise entre 30 et 800 mg versus placebo pendant 14 jours chez des patients qui avaient un taux de Lp(a) > à 30mg/dL.

Au total, 89 sujets dans l’étude ont reçu de la muvalapline et 25 sujets du placebo.
Il n’y a pas eu de problème concernant la tolérance et/ou les évènements indésirables cliniques.

L’effet de la muvalapline sur la baisse de la Lp(a) est obtenu dans les 24h après la 1ère dose, avec une réduction qui augmente en fonction de la dose croissante utilisée du produit.
Par rapport au placebo, la réduction maximum de Lp(a) dans l’essai 1 et 2 était entre 63 et 65 %.
Il n’y avait pas de modifications significatives du plasminogène ou de son activité durant l’étude.

En conclusion :

Ce médicament parait prometteur pour les patients atteints d’une augmentation de la Lp(a) et viendra peut-être, dans l’avenir, concurrencer les études en cours utilisant les inhibiteurs de la Lp(a), déjà bien avancées en phase III, utilisant des techniques de mise en silence de l’ARN messager par voie injectable sous cutanée (mensuelle ou trimestrielle). 

Référence

  1. Nicholls SJ, Nissen SE, Fleming C, et al. Muvalaplin, an Oral Small Molecule Inhibitor of Lipoprotein(a) Formation: A Randomized Clinical Trial. JAMA. Published online August 28, 2023

Retrouvez l'intégralité du dossier spécial "Actualités des lipides à l'ESC 2023"

 

 

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