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Méta-analyse sur l’intérêt des bêtabloquants au décours d’un infarctus chez les patients avec FEVG modérément altérée
En direct du congrès de l'ESC 2025
Publié le dimanche 31 août 2025
Messages clés
- À l’heure de la prise en charge moderne de l’infarctus du myocarde, l’efficacité des bêtabloquants chez les patients avec une altération modérée de la FEVG (40-49%) au décours d’un infarctus est peu connue.
- Cette méta-analyse regroupe la totalité des résultats provenant de quatre essais randomisés ayant notamment inclus des patients avec FEVG modérément altérée (40-49%) au décours d’un infarctus du myocarde (STEMI et NSTEMI).
- L’administration d’un traitement par bêtabloquant est associée à une réduction d’évènements du critère de jugement composite comprenant décès toutes causes, nouvel infarctus du myocarde ou insuffisance cardiaque.
- Ces résultats renforcent l’intérêt des bêtabloquants chez les patients avec FEVG modérément altérée au décours d’un infarctus du myocarde.
Méthodologie et résultats
Rationnel de l'étude
Les patients présentant une FEVG modérément altérée (40-49%) au décours d’un infarctus du myocarde sans symptôme d’insuffisance cardiaque représentent une population cible importante. Néanmoins, aucun essai randomisé n’a pour le moment évalué l’efficacité d’un traitement par bêtabloquant spécifiquement dans cette population.
Méthodologie
Une revue de la littérature des essais randomisés évaluant l’intérêt des bêta-bloquant à l’ère de l’angioplastie coronaire (après les années 2000), avec une médiane de suivi longue de plus d’un an, incluant des patients avec FEVG modérément altérée au décours d’un infarctus du myocarde (STEMI ou NSTEMI) récent (< 14 jours), sans antécédent ou signe clinique d'insuffisance cardiaque, a permis d’identifier quatre essais cliniques : REBOOT en Espagne, BETAMI en Norvège, DANBLOCK au Danemark et CAPITAL-RCT au Japon.
Ces essais ont évalué l’intérêt de la mise en place d'un traitement par bêtabloquant chez les patients avec une FEVG supérieure ou égale à 40% après un infarctus du myocarde (STEMI et NSTEMI). Cependant, aucun de ces essais n’avait individuellement la puissance suffisante pour évaluer l’efficacité du traitement par bêtabloquant dans le sous-groupe de patients avec une FEVG modérément altérée (40-49%). Afin de palier à ce manque de données, une méta-analyse des données des participants individuels (IPD) de ces quatre essais a été conduite, avec une approche à effets fixes en une étape (modèle de régression de Cox), permettant d’évaluer l’effet des bêtabloquants sur le critère d’évaluation composite principal prédéfini : décès toutes causes, nouvel infarctus du myocarde ou insuffisance cardiaque. Tous les critères d’évaluation ont été évalués indépendamment dans les quatre essais.
Résultats
Ainsi, les données de 1 885 patients avec une FEVG modérément altérée provenant de ces quatre essais (979 de l’essai REBOOT, 422 de l’essai BETAMI, 430 de l’essai DANBLOCK et 54 de l’essai CAPITAL-RCT) ont été analysées, représentant 13.1% de la population initiale.
La moyenne d’âge de ces patients est de 63 ans et les femmes représentent environ 20% de la population. 68% de ces patients sont inclus au décours d’un STEMI. Un traitement par angioplastie est réalisé pour plus de 95% des patients. La FEVG moyenne est de 45%. Concernant le type de bêtabloquants, 49% bénéficiaient d’un traitement par METOPROLOL, 44% d’un traitement par BISOPROLOL, 5% d’un traitement par CARVEDILOL et 3% d’un autre bêtabloquant.
La médiane de suivi est de 3.5 ans.
Le critère d’évaluation composite principal a été atteint chez 106 patients (10.7%) dans le groupe traité par bêtabloquant contre 129 patients (14.4%) dans le groupe sans traitement par bêtabloquant, représentant une réduction relative de 25% dans le groupe traité (HR 0.75; IC à 95% : 0.58 - 0.97; p=0.031). Ce résultat est homogène entre les quatre essais et entre les pays d’inclusion.
Les trois critères individuels du critère d’évaluation principal composite suivent la même tendance. Le critère décès toutes causes est survenu respectivement chez 5.9% et 7.7% des patients traités et non traités par bêta-bloquants (HR 0.78; IC à 95% : 0.55 - 1.11). Un nouvel infarctus du myocarde est survenu respectivement chez 3.9% et 5.2% des patients (HR 0.77; IC à 95% : 0.50 - 1.18). Une insuffisance cardiaque est survenue respectivement chez 3.0% et 4.4% (HR 0.71; IC à 95% : 0.44 - 1.14). Enfin, les décès d’étiologie cardiovasculaire ont été observé respectivement chez 1.8% et 3.3% des patients (HR 0.55; IC à 95% : 0.28 - 1.06).
Références
D’après la présentation du Docteur Xavier ROSSELLÓ.
1. REBOOT/BETAMI/DANBLOCK/CAPITAL-RCT: Beta-blockers after MI with mildly reduced EF (an IPD meta-analysis)’ presented during HOT LINE 3 on 30 August 2025 at 11:20 to 11:30 in Madrid (Main Auditorium).
2. REBOOT-CNIC: Beta-blockers after infarction with LVEF greater than 40%’ presented during HOT LINE 3 on 30 August 2025 at 11:00 to 11:10 in Madrid (Main Auditorium).
3. BETAMI-DANBLOCK trial: Randomised discontinuation of beta-blockers after myocardial infarction’ presented during HOT LINE 3 on 30 August 2025 at 11:10 to 11:20 in Madrid (Main Auditorium) and simultaneously published in The Lancet.
4. Watanabe H, Ozasa N, Morimoto T, et al. Long-term use of carvedilol in patients with ST-segment elevation myocardial infarction treated with primary percutaneous coronary intervention. PLoS One. 2018;13:e0199347.
Conclusion
La prise de bêtabloquants après un infarctus du myocarde, avec une FEVG intermédiaire (41-50%) est associée à une réduction d’évènements du critère de jugement principal composite comprenant décès toutes causes, nouvel infarctus du myocarde ou insuffisance cardiaque.