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Étude MAPLE-HCM: l’aficamten fait mieux que le métoprolol en monothérapie dans la cardiomyopathie hypertrophique obstructive
En direct du congrès de l'ESC 2025
Publié le samedi 30 août 2025
Messages clés
- L’aficamten, un inhibiteur de la myosine cardiaque, est supérieur au métoprolol en monothérapie et en première ligne de traitement pour améliorer la capacité fonctionnelle des patients avec une CMH obstructive symptomatique.
- Le traitement par aficamten entraîne une amélioration statistiquement et cliniquement significative de la consommation maximale d’oxygène (VO₂ max), de la classe NYHA, de la qualité de vie (KCCQ-CSS), du gradient intra-VG, du NT-proBNP, et du volume atrial gauche, comparé au métoprolol.
- Ces résultats suggèrent un rôle potentiel d’aficamten comme traitement de première ligne dans la CMH obstructive symptomatique, avant même l’introduction des bêtabloquants.
Le chiffre à retenir
2.3 ml/kg/min : c’est la différence moyenne de consommation maximale d’oxygène (VO₂ max) en faveur de l’aficamten par rapport au métoprolol après 24 semaines de traitement.
Ce résultat reflète une amélioration significative de la capacité fonctionnelle des patients atteints de CMH obstructive symptomatique.
Méthodologie et résultats
Rationnel de l’étude
Les bêta-bloquants constituent aujourd’hui le traitement de première ligne de la CMH obstructive symptomatique, malgré des preuves limitées de leur efficacité.(1,2) L'aficamten, un inhibiteur de la myosine cardiaque, a déjà montré son intérêt pour réduire efficacement le gradient intra-VG, améliorer la capacité fonctionnelle et diminuer les symptômes des patients avec CMH obstructive symptomatique.(3)
L’objectif de l’étude MAPLE-HCM était de comparer l’efficacité sur les capacités fonctionnelles (et le gradient intra ventriculaire gauche) de l’aficamten et du métoprolol.
Méthodologie
L’essai MAPLE-HCM est un essai international, multicentrique, randomisé en 1:1, contrôlé, en double aveugle, comparant l’efficacité d’aficamten (5 à 20 mg/j) à celle du métoprolol (50 à 200 mg/j) en monothérapie chez 175 patients atteints de CMH obstructive symptomatique.
Le critère principal était le changement de la consommation maximale d’oxygène (VO₂ max) à 24 semaines.
Les critères secondaires incluaient la classe fonctionnelle NYHA, le score clinique KCCQ-CSS, le gradient intra-VG au repos et post-Valsalva, le taux de NT-proBNP, le volume de l’oreillette gauche, et la masse ventriculaire gauche.
Résultats principaux
Les 175 patients randomisés dans l’étude avaient en moyenne 58 ans, avec 58% d’hommes. Le gradient intra-VG moyen au repos et post-Valsalva étaient de 47mmHg et 74mmHg respectivement.
À 24 semaines, le groupe Aficamten (n=88) a présenté une amélioration significative de la VO₂ max (+1.1 ml/kg/min) versus une baisse dans le groupe métoprolol (−1.2 ml/kg/min), soit une différence moyenne de +2.3 ml/kg/min (p<0.001).
Figure 1
51% des patients sous aficamten ont amélioré leur classe NYHA d’au moins une classe versus 26% sous métoprolol.
La diminution moyenne du gradient intra-VG était de -40.7mmHg sous aficamten versus -3.8mmHg sous métoprolol.
Tous les autres critères de jugements secondaires (NTproBNP, KCCQ-CSS, LAVI) montraient une réduction statistiquement significative sous aficamten versus métoprolol, à l’exception de la masse VG.
Ces résultats étaient observés dans l’ensemble des sous-groupes pré-spécifiés, y compris les patients nouvellement diagnostiqués, non prétraités par bétabloquant.
À 28 semaines, après une période de wash-out de 4 semaines, les effets bénéfiques d’aficamten n’étaient plus observés.
La sécurité des deux traitements était similaire, avec un taux comparable d’effets indésirables graves (8% pour aficamten versus 7% pour métoprolol).
Références
D’après la présentation de Dr Pablo Garcia-Pavia au congrès de l’ESC 2025 à Madrid.
Conclusion
Dans cette étude de phase 3, MAPLE-HCM montre que l’aficamten en première ligne de traitement entraîne une amélioration significative de la capacité fonctionnelle, des symptômes, du gradient intra-VG, du taux de NT-proBNP et du volume de l’oreillette gauche versus le métoprolol chez des patients avec CMH obstructive symptomatique.
Ces résultats suggèrent donc d’introduire un inhibiteur de la myosine de type aficamten comme traitement de première intention, plutôt que comme traitement additionnel après échec des bêtabloquants. Cela représente un changement potentiel majeur dans la stratégie thérapeutique des patients atteints de CMH obstructive symptomatique.
Cependant, la durée de traitement limitée à 24 semaines ne permet pas de conclure sur les effets à long terme ou sur des critères cliniques durs tels que la mortalité ou les hospitalisations. De plus, aucune évaluation à l’effort n’a été réalisé.
Des études de vie réelle seront nécessaires pour confirmer ces bénéfices dans le temps.