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Étude BETAMI-DANBLOCK : intérêt des bêtabloquants en post-infarctus et FEVG ≥ 40% ?
En direct du congrès de l'ESC 2025
Publié le dimanche 31 août 2025
Messages clés
- La place des bêtabloquants en post-infarctus chez des patients avec FEVG ≥ 40% sans insuffisance cardiaque demeure incertaine.
- BETAMI-DANBLOCK (essais PROBE, n = 5 574) a comparé bêtabloquant versus absence de bêtabloquant sur un critère composite de mortalité toutes causes et MACE.
- On notait une réduction modeste mais significative du critère primaire avec le traitement bêtabloquant à 3,5 ans. Ce bénéfice était observé principalement sur les récidives d’infarctus, sans impact sur la mortalité toutes causes.
Méthodologie et résultats
Contexte
Si le bénéfice des bêtabloquants en post-infarctus est établi chez les patients avec FEVG <40%, leur pertinence à l’ère de la reperfusion et de la prévention secondaire chez des patients sans insuffisance cardiaque et FEVG ≥ 40% reste incertaine1.
Design
Deux essais scandinaves combinés de supériorité, BETAMI et DANBLOCK2, au format PROBE (randomisés, ouverts, adjudication des événements en aveugle), ont inclus des patients dans les 7 jours (BETAMI) ou 14 jours (DANBLOCK) après un infarctus du myocarde, avec FEVG ≥ 40% et absence d’insuffisance cardiaque clinique.
Les participants ont été randomisés 1:1 vers un traitement par bêtabloquant ou absence de bêtabloquant.
Au total, 5 574 patients ont été recrutés (âge médian 63 ans ; ≈ 21% de femmes, ≈11% avec antécédents coronariens ; ≈8% déjà sous bêtabloquant).
Le critère primaire composite associait la mortalité toutes causes et les événements cardiovasculaires majeurs (MACE : récidive d’infarctus, revascularisation coronaire non planifiée, AVC ischémique, insuffisance cardiaque, arythmies ventriculaires malignes), avec un suivi médian de 3,5 ans (IQR 2,2-4,6).
Résultats
Le métoprolol était la molécule majoritairement prescrite (95% des patients, dose médiane 50 mg).
Le critère primaire est survenu chez 14,2% des patients du groupe bêtabloquant contre 16,3% dans le groupe sans bêtabloquant (HR 0,85 ; IC95% 0,75-0,98 ; p=0,03, Figure 1).
Il n’y avait pas de différence sur la mortalité toutes causes (4,2% vs 4,4% ; HR 0,94 ; IC95% 0,73-1,21).
À l’inverse les ré-hospitalisations pour infarctus étaient moins fréquentes sous bêtabloquant (5,0% vs 6,7% ; HR 0,73 ; IC95% 0,59-0,92), sans différence significative pour les autres composantes des évènements cardiovasculaires majeurs (MACE).
Le critère de sécurité à 30 jours était comparable entre les deux groupes. Dans le sous-groupe des patients avec FEVG modérément réduite entre 40 et 49% (≈16% de la cohorte), on observe un signal favorable non significatif en faveur des bêtabloquants (HR 0,82 ; IC95% 0,65-1,02, Figure 2).
Figure 1 : analyse de survie sur le critère de jugement principal
Figure 2 : analyse en sous-groupes
Références
D’après la présentation de Pr Dan Atar (Oslo University Hospital Ullevål, Norway).
Conclusion
L’étude BETAMI-DANBLOCK montre qu’en post-infarctus du myocarde, chez les patients sans insuffisance cardiaque et avec une FEVG ≥ 40%, la prescription de bêtabloquant apporte une réduction modeste mais significative des évènements cardiovasculaires majeurs, principalement via la baisse des ré-hospitalisations pour infarctus du myocarde, sans impact sur la mortalité.
Ces résultats doivent être mis en perspective avec ceux d’essais contemporains au design comparable, dont REBOOT3 (présenté dans la même session et ne montrant pas de bénéfice des béta-bloquants) afin de préciser le profil de patients les plus susceptibles d’en bénéficier.