eBRAVE-AF - Le dépistage de la fibrillation atriale à l'aide de smartphones augmente la détection et l’initiation du traitement anticoagulant !

Auteur :
Laura Delsarte
Membre du Collège des Cardiologues en Formation,
Montpellier

Relecteur :
Charles Fauvel
Membre du Collège des Cardiologues en Formation,
Rouen

Sous la supervision de :
Albert Hagège
Président du Comité Éditorial de Cardio-online,
Paris
En direct de l'ESC Congress 2022
D'après la présentation d'Axel Bauer (Innsbruck, Austria) : "eBRAVE-AF - Smartphone-based AF screening"
Messages clés
- Le dépistage de la fibrillation atriale (FA) à l’aide d’un smartphone chez les plus de 50 ans avec des facteurs de risque thrombo-emboliques augmente significativement la détection de la FA comparativement au dépistage conventionnel.
- Cela a permis une détection plus précoce de la FA et initiation d’une anticoagulation dans cette population à risque.
- Ce dépistage de la FA à l’aide du smartphone personnel, ne nécessitait pas l’achat de matériel supplémentaire.
Introduction
La fibrillation atriale (FA) est le trouble du rythme le plus courant, touchant plus de 40 millions de personnes dans le monde.1 Les personnes atteintes courent un risque cinq fois plus élevé d'accident vasculaire cérébral (AVC) que leurs homologues. Celle-ci est souvent asymptomatique et donc non diagnostiquée à temps, laissant courir un surrisque d’évènement thrombo-emboliques en l’absence de traitement.
Des études antérieures ont montré le potentiel des dispositifs intelligents pour le dépistage à grande échelle de la FA, mais elles n'ont pas fait de comparaison avec le dépistage « conventionnel ». Ces études incluaient principalement des adultes jeunes pour lesquels le dépistage est peu pertinent, et exigeaient que les participants possèdent le matériel.2,3
Il n'a pas été établi si cela était aussi le cas dans une population de plus de 50 ans à haut risque thromboembolique.
Méthodologie et résultats
Méthodologie
L’étude eBRAVE-AF est un essai randomisé, incluant les personnes sans antécédent de FA de 50 à 90 ans avec un score CHA2DS2-VASc ≥1 (chez les hommes) ou ≥2 (chez les femmes) et qui possèdent un smartphone.
Le dépistage par smartphone a été comparé au dépistage habituel pour sa capacité à détecter une FA menant à l’initiation d’une anticoagulation orale. L’application, gratuite, devait être installé sur smartphone et ne nécessitait pas l’achat de matériel supplémentaire.
Les participants ont été randomisés entre une stratégie de dépistage de la FA « numérique » (c-à-d à l’aide d’un smartphone) ou la stratégie « conventionnelle ».
Le dépistage dans le groupe numérique était réalisé deux fois par jour pendant 14 jours, puis 2 fois par semaine pendant 6 mois au total, à l’aide d’une application sur smartphone mesurant les irrégularités de l'onde de pouls avec un capteur photopléthysmographique (PPG). En cas de résultats anormaux les participants recevaient un patch pour la réalisation d’un ECG sur 14 jours.
Le critère de jugement principal était la FA nouvellement diagnostiquée dans les six mois menant à la mise en place d'une anticoagulation orale par un médecin indépendant.
Les critères de jugement secondaires étaient : FA nouvellement diagnostiquée et prescription d’anticoagulant sur toute la durée de l’étude, saignements majeurs, AVC et évènements thrombo-emboliques.
Les participants n’ayant pas atteint le critère de jugement primaire au cours des six premiers mois ont été invités à participer à une deuxième phase d'étude de six mois avec réalisation d’un cross over.
Résultats
- 5551 patients ont été inclues dont 31 % de femmes avec un âge médian de 65 ans. 2860 dans le bras numérique et 2691 dans le bras conventionnel.
- Le critère de jugement principal est survenu chez 38 participants (1,33 %) dans le groupe numérique et 17 (0,63 %) dans le groupe conventionnel, soit un odds ratio (OR) de 2,12 (intervalle de confiance à 95% [IC] 1,19-3,76 ; p=0,010).
- Durant la phase 2, 4 752 (85,6 %) participants ont changé de stratégie. Là encore, le dépistage numérique s'est révélé supérieur au dépistage conventionnel pour la détection de la FA (33 participants sur 2 387 contre 12 sur 2 365 ; OR 2,95 ; IC 95 % 1,52-5,72 ; p=0,001).
- Dans les analyses secondaires, la présence d’une FA détectée par smartphone et les faux positifs dans le bras numérique (PPG anormal mais sans FA documentée par la suite) étaient prédictifs des événements cardiaques et cérébro-vasculaires majeurs (MACCE).
Figure 1. Résultats sur le critère de jugement principal
Source: présentation d'Axel Bauer (Innsbruck, Austria), ESC 2022
Figure 2. Résultats sur les MACCE
Source: présentation d'Axel Bauer (Innsbruck, Austria), ESC 2022
Références bibliographiques
- Hindricks G, Potpara T, Nikolaos Dagres N, et al. 2020 ESC Guidelines for the diagnosis and management of atrial fibrillation developed in collaboration with the European Association of Cardio-Thoracic Surgery (EACTS). Eur Heart J. 2021;42:373–498.
- Perez MV, Mahaffey KW, Hedlin H, et al. Large-scale assessment of a smartwatch to identify atrial fibrillation. N Engl J Med. 2019;381:1909–1917.
- Guo Y, Wang H, Zhang H, et al. Mobile photoplethysmographic technology to detect atrial fibrillation. J Am Coll Cardiol. 2019;74:2365–2375.
Pour en savoir plus, consultez les LBT complètes, en langue anglaise, présentées lors de l'ESC 2022 :
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