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ACC 2023 : l'essai LIVE-HCM : l’activité physique vigoureuse n’entraine pas de surrisque dans la cardiomyopathie hypertrophique
Publié le vendredi 10 mars 2023
Auteur :
Nabil Bouali
Poitiers
Relecteur : Dr Guillaume Bonnet, New York
En direct de l'ACC 2023
D'après la présentation de Rachel Lampert (New Haven, États-Unis) : “ LIVE-HCM : Vigorous exercise in individuals with hypertrophic cardiomyopathy, Primary results of the Prospective, Multinational Lifestyle and Exercise in HCM"
Message clé
L’activité physique de haute intensité y compris en compétition n’était pas associée à un surrisque dans la cardiomyopathie hypertrophique (CMH) dans cette étude internationale conduite dans 5 pays avec une durée de suivi de 3 ans.
Contexte
La cardiomyopathie hypertrophique (CMH) est une maladie souvent génétique du muscle cardiaque la plus fréquente aux États-Unis (1 adulte sur 500). La plupart des personnes atteintes ne présentent aucun symptôme et beaucoup ont une espérance de vie normale. Mais la CMH peut provoquer une mort subite, même à un jeune âge notamment par arythmie ventriculaire.
Dans la CMH, l’activité physique a longtemps été restreinte en raison du risque présumé d’arythmie ventriculaire. À une époque (2005), les recommandations ont été très (et probablement trop) restrictives sur la pratique de l’activité physique chez les patients présentant une CMH. La tendance actuelle est à la levée de ces restrictions. Les dernières recommandations américaines puis européennes (ESC 2020) rendent possible l’activité physique de haute intensité et même en compétition avec un niveau de recommandation assez bas (IIb/C) chez les personnes asymptomatiques en l’absence de facteurs particuliers d’arythmie ventriculaire.
L’objectif de l’étude LIVE-HCM est de combler ce manque de données et d’évaluer de manière prospective la sécurité de l’exercice de haute intensité y compris en compétition dans la CMH.
Design
LIVE-HCM est un essai contrôlé randomisé international (42 centres dans 5 pays, États-Unis, Canada, Australie, Nouvelle-Zélande) avec une période de suivi de plus de 3 ans. Les patients étaient recrutés sur la base du volontariat via les associations de patients et les médecins en charge du suivi s’ils satisfaisaient les conditions d’inclusion (présence d’un phénotype ou d’un variant génétique de CMH sans maladie infiltrative ou syndromique et avec un NYHA < III).
Au total, cette étude a inclus 1 660 patients entre 8 et 60 ans dont 699 patients dans le groupe de haute intensité et 961 dans le groupe d’intensité modérée. 8 % des patients (n= 126) avaient un variant génétique associé à la CMH sans atteinte phénotypique. La population était constituée d’hommes à 60 % et un patient sur 5 avait moins de 25 ans.
L’activité physique de haute intensité était définie d’après les critères du Minnesota Leisure Time Activity Questionnaire par :
- Haute intensité : > 1 activité à > 6 METS pendant > 60 heures / an.
- Intensité modérée : > 1 activité entre 4 et 6 METS pendant > 60 heures / an.
Le recueil des données était permis par un recueil auprès des cardiologues et un interrogatoire des patients biannuels sur les évènements cliniques, les symptômes et le niveau d’activité.
Le critère de jugement principal était un critère composite comprenant :
- Mortalité
- Arrêt cardiaque ressuscité
- Syncope dont l’origine rythmique était confirmée, suspectée ou indéterminée
- Choc approprié par un défibrillateur implantation après relecture par 2 rythmologues
Résultats
- L’activité physique de haute intensité n’entrainait pas de surrisque sur le critère de jugement principal (HR = 1,01 IC90 % [0,68 ;1,48], p = 0,98). On peut noter que le critère de jugement principal n’est jamais survenu dans la population « variant génétique de CMH sans atteinte phénotypique ».
- Une analyse post-hoc excluant les variants génotypiques seuls pour ne garder que les CMH avec une réelle atteinte phénotypique confirme la robustesse de ces données avec une absence de surrisque lié à l’activité physique de haute intensité (HR = 1,06 [0,72-1,55], p= 0,82)
- Dans cette étude, 85 % pratiquaient une activité au moins modérée dont 42 % de haute intensité et 43 % d’intensité modérée alors qu’il y avait seulement 15 % des participants sédentaires (définie ici comme ne répondant pas aux critères d'une activité modérée ou vigoureuse).
Figure 1. Résultats de l’étude LIVE-HCM sous la forme d’un forest plot
Source : présentation de Joo-Yong Hahn (Séoul, Corée du Sud) à l'ACC 2023
Tableau 1. Survenue des évènements
Source : présentation de Joo-Yong Hahn (Séoul, Corée du Sud) à l'ACC 2023
Conclusion
- L’activité physique intensive n’est pas associée à un surrisque dans la CMH phénotypique ou génotypique sur un critère composite de mortalité ou d’arrêt cardiaque ressuscité ou de choc approprié ou de syncope présumée rythmique ou indéterminé.
- La pratique du sport en compétition ne semble elle aussi pas contributrice d’un surrisque et parait sûre en cas de CMH.
En sortie de session
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