L'expérimentation d'IA pour l'interprétation des ECG devrait débuter à l'été 2025

Publié le mercredi 27 novembre 2024

APM news

L'expérimentation d'un outil d'intelligence artificielle (IA) destiné à assister les médecins généralistes dans l'interprétation des électrocardiogrammes (ECG) devrait débuter à "l'été 2025, probablement dans le Val-de-Marne et la Haute-Garonne", a annoncé mardi Laurie Soffiati, responsable du département "télésanté et innovation numérique" de la Cnam, lors d'une table ronde organisée dans le cadre de l'Université de la e-santé de Castres.

Invitée à s'exprimer lors d'une table ronde sur le numérique en santé et la prévention, Laurie Soffiati a partagé mardi après-midi quelques détails sur cette future expérimentation, annoncée en juillet dans le rapport "charges et produits" pour 2025 de la Caisse nationale de l'assurance maladie.

"Cette initiative constitue une première, tant par ses objectifs ambitieux que par son envergure. Elle rassemble plusieurs partenaires majeurs: l'assurance maladie, moteur du projet; le Collège de la médecine générale (CMG) et le collège de cardiologie, garants de l'implication des professionnels de terrain; et la Haute autorité de santé (HAS), responsable de l'évaluation médico-technique." "Cette collaboration inédite témoigne d'une volonté partagée de renforcer la pratique médicale grâce à des outils numériques performants alors que les maladies cardiovasculaires touchent 13,1 millions de patients en France, avec 20 millions de personnes à risque", a-t-elle poursuivi.

Dans ce contexte, l'ECG est un examen incontournable, en prévention secondaire, pour dépister des pathologies cardiovasculaires et en prévention tertiaire, pour le suivi des patients, notamment en décidant de traitements comme les anticoagulants. Cependant, son utilisation reste limitée en médecine générale, avec une moyenne de seulement 28 ECG réalisés par an et par médecin, bien en deçà des besoins réels.

Plusieurs freins à cette pratique ont été identifiés, a pointé la responsable du département "télésanté et innovation numérique" de la Cnam, qui liste: le manque d'équipement ou de temps pour réaliser cet examen, la pression accrue sur les cardiologues, particulièrement dans le secteur libéral, où la demande dépasse les capacités disponibles, et le manque de confiance des généralistes dans leur interprétation des tracés ECG, perçue comme un acte technique complexe.

Face à ces constats, l'expérimentation vise à tester plusieurs solutions technologiques d'IA. Ces outils, disponibles à des degrés de maturité variés, se déclinent en deux grandes catégories: "les applications autonomes, où une photo du tracé ECG est prise et analysée par l'outil, avec des résultats complétés via un questionnaire" et "les dispositifs intégrés, directement connectés à l'appareil ECG pour une analyse en temps réel", a précisé Laurie Soffiati. La HAS évaluera ces solutions sur plusieurs critères, notamment la performance des algorithmes, la qualité des bases de données utilisées, ainsi que la clarté et la pertinence des explications fournies. "Seules les solutions répondant à des exigences strictes seront retenues pour l'expérimentation."

En outre, "deux innovations majeures" la structurent:

  • un protocole de garantie humaine: fourni par Ethik-IA, il garantit un contrôle humain systématique pour valider les analyses produites par l'IA
  • un déploiement progressif et encadré: "l'expérimentation sera lancée dans deux départements pilotes, probablement dans le Val-de-Marne et la Haute-Garonne", a annoncé mardi Laurie Soffiati.

"Les médecins généralistes impliqués bénéficieront d'une formation complète dispensée conjointement par le CMG et des experts partenaires. Cette approche permettra de tester l'intégration des outils dans la pratique quotidienne, tout en assurant une montée en compétence des utilisateurs." La responsable du département "télésanté et innovation numérique" de la Cnam a rappelé que cette expérimentation constitue une opportunité unique pour élaborer des modèles d'évaluation spécifiques aux outils numériques en santé, prenant en compte à la fois leurs performances et leurs usages. Elle permettra aussi de "réfléchir aux modèles économiques de financement des DM numériques, qui restent un défi majeur dans le champ de la prévention numérique".

Les retours d'expérience des professionnels et les résultats cliniques émanant de cette expérimentation devraient, in fine, servir de base pour structurer un cadre durable pour l'IA en santé. "Nous sommes fiers de porter cette expérimentation et impatients d'observer son impact, qui pourrait ouvrir la voie à de nouvelles avancées dans la prévention et le suivi des maladies cardiovasculaires", a conclu Laurie Soffiati.

1 commentaire

Pour ajouter un commentaire, vous devez être connecté. Se connecter

Karine LOPEZ
23 mai 2025
00h08
Très intéressant

Articles les plus lus